Magazine Cinéma

[Critique] Les Grandes Ondes (à l'ouest)

Publié le 23 février 2014 par Pauline R. @Carnetscritique
[Critique] Les Grandes Ondes (à l'ouest)

Réalisé par Lionel Baier.

Sorti le 12 février 2014.  

    Avril 1974, en Suisse romande. L'équipe de l'émission "Les Grandes Ondes" est sommée de suspendre ses reportages polémiques mais pertinents, qui dérangent la direction des programmes, pour se consacrer au rayonnement de la Suisse dans le monde. On envoie donc une équipe au Portugal, constituée de Cauvin, un journaliste baroudeur, Julie, une jeune journaliste féministe engagée et de Bob, preneur de son historique de la Société Suisse de Radiodiffusion, pour faire un reportage sur l'aide financière faite par les Helvètes à l'Etat portugais.
      Le film dégage une joie et une poésie constante et distille des scènes profondément drôles, comme celle du concours de sandwich ou encore quand Valérie Donzelli (Julie), vexée, quitte l'équipe et se retrouve à courir derrière un char d'assaut pour monter dedans. L'équipe est explosive : les dialogues entre Bob, Julie et Cauvin sont acérés, Cauvin perd la mémoire et on le soupçonne d'inventer nombres de ses frasques, et lorsque Pelé, jeune portugais qui parle français avec des expressions marseillaises, se joint à la bande, il n'y a plus de limites aux situations absurdes. Le contraste entre les personnages est fort, le féminisme de Julie aussi, et le réalisateur joue sur les clichés de la Suisse (les horloges, la rigueur…). La troupe se mêle à la révolution portugaise, fait des rencontres, se retrouve même à poil…le reportage initial n'est plus qu'un lointain souvenir ! Le quatuor d'acteurs est génial et fonctionne parfaitement. Michel Vuillermoz est très ironique et, comme toujours, extrêmement juste ; le naturel de Valérie Donzelli est décidément une source intarissable d'humour ; Patrick Lapp est excellent en ingénieur du son maniaque et rigide ; et enfin le jeune Francisco Belard donne une innocence poétique au personnage de Pelé et complète la mosaïque. Le film est également une ode à la liberté d'être ce que l'on veut, à la nécessité d'accepter l'autre tel qu'il est. L'histoire se déroule dans une période très propice à développer ses thèmes. Une époque où tout était à (re)faire.
          Il y a dans Les Grandes Ondes une grande créativité visuelle, qui participe à l'humour ambiant. Un plan filmé caméra à l'envers sur une armée de combis Volswagen rangés dans un parking, un micro qui apparaît en ombre chinoise dans un plan filmé au fond d'une bouche d'égouts ou encore un scène de comédie musicale, comme un remake improbable de West Side Story, entre des féministes et des policiers, en plein Lisbonne révolutionnaire…ça pétille, c'est créatif et surprenant.
       On suit le reportage de ces Suisses avec bonheur, on se réjouit de la durée du film (1h24), qui ne laisse aucune place aux dialogues et aux scènes superflus. Le rythme est tenu, l'humour léger et rafraîchissant, soutenu par une bande son composée presque entièrement d'œuvres de Georges Gershwin (Porgy and Bess, Un Américain à Paris, Conerto en Fa…), ce qui ne gâte rien !

                                                              Pauline R.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pauline R. 233 partages Voir son blog

Magazines