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February's Dead Flowers

Publié le 10 mars 2014 par Petistspavs

Elles étaient belles ces fleurs, non ? les dernières de la saison, dont les noms m'échappent comme ce passé qui s'échappe peu à peu comme le parfum d'un baiser enfui à tire d'elle.

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C'était une journée à tailler la zone, à se casser dehors et à rire bêtement au printemps qui se découvre de plusieurs fils. A partager une terrasse de bistrot, tu prends quoi ? à regarder les gens passer sans leur trouver cet air sinistre qui les habille d'hiver, et encore. C'est une jolie saison l'hiver, le froid n'y peut rien s'il fait du froid, le Monsieur dans sa boutique souffle sur ses doigts et imagine le thé rouge qui lui brûlera les lèvres, plus tard.

Elles étaient belles ces fleurs et ne demandaient rien à personne, ni même à quelqu'un, simplement elles ne respiraient plus depuis des temps certains, bouquet des dernères amours devenu bouquet des derniers jours, posant pour la postérité sur le marbre noir de cette table, avec les livres lus, les courriers non ouverts, le matériel photographique, les cartes non postales, oubliées là, comme la sensation vaine d'une caresse ancienne, comme un sourire éteint dont il ne reste que la bouche en cœur, mais le coeur est sans vie, aucun souffle ne se rappelle.

C'était un jour à se perdre dans le Marais dans la foulée d'une inconnue, ses bottes agiles à marquer la distance, ou ses jambes, ses cuisses, toute sa musculature tendue dans le geste du refus. Je ne serai pas à toi, vilain garçon, tu t'es léché les babines trop vite, tous les pots de confitures se sont brisés à mes pieds et mon regard est de glace et ma main peut serrer ta gorge, tu peux en rire, mais mes genoux n'enlaceront pas tes hanches, tu ne seras plus le fils de personne quand je te refoulerai au matin de l'Eglise Saint-Paul.

Elles me plaisaient ces fleurs, assemblées en un beau bouquet et j'aimais leurs couleurs passées, j'étais habitué à leur présence fanée, à leur goût de février, comme si février était l'arbre des fèvres, comme si février était fécond. Mais je les ai jetées, non, déposées, couchées, étendues avec toute la nostalgie possible dans la gorge, dans le cœur, dans le tremblement léger des mains, avec tendresse, douceur, avec toute la délicatesse d'une dernière mise en couche, d'une mise en terre.

Et demain, la Drôle de voiture emportera ces souvenirs vers un destin inconnu de nous, hommes, femmes un peu perdus. Comme des pierres qui roulent.


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