Dans le monde de la pègre, c’est l’ébullition. Fernand Blanche, dit Le Mexicain depuis qu’il s’est retiré en Amérique du Sud, sent sa fin venir et convoque Lino Daim afin qu’il prenne soin de son fils, Innocent Blanche, pour le moment dans un pensionnat suisse, afin que le moment venu il prenne la suite de son cher papa. Mais Lino Daim, ancien catcheur reconverti dans le trafic de nougat de contrebande, trouve l’entreprise bien risqué, surtout que les bras droits du patron de la mafia ne voient pas d’un très bon oeil l’arrivée de l’héritier. Par ailleurs, le commissaire Guillaume Suitaume est appelé sur le lieu d’un crime particulièrement violent. Dans le milieu des cabarets homosexuels, trop de morts s’accumulent et la signature “Le sAMOURai des gueux” laisse penser à une contrepèterie évocatrice. La course à la succession mafieuse aurait-elle fait des victimes parmi les gays de la capitale?
Je suis une fan des enquêtes du commissaire Suitaume, qui m’a beaucoup embarqué dans ses précédentes aventures. Là, j’avoue que je reste un peu sur ma faim. Côté calembours et jeux de mots graveleux, on sera servi et le sujet se prête à toutes les extravagances des plus fines aux plus grasses. Mais une fois n’est pas coutume, elles m’ont semblées un peu longues, comme si on tentait d’en sortir un maximum, d’épuiser les possibilités de jeux de mots avant de passer à la suite. Suite de l’intrigue sur laquelle l’exercice semble prendre le pas un peu trop souvent à mon goût.
Pourtant celle-ci a du potentiel. Faire du fils d’un parrain de la mafia un fervent adepte du mariage gay, il fallait oser et le contraste est détonnant. La référence au classique du cinéma français est poussée jusqu’à reprendre quelques répliques célèbres dans le texte et notamment “Chez moi, quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent!” qui donne aux accents ultra-machistes des mafieux un air incongru tout à fait savoureux. A noter que l’on doit bien plus apprécier le pastiche en ayant vu Les Tontons Flingueurs, ce qui n’est pas mon cas (honte sur moi).
Ce que je regrette, en revanche, c’est que justement la grosse majorité du roman s’applique à donner la parole aux mafieux, et bien peu à Suitaume. L’enquête est d’ailleurs largement reléguée au second plan, elle semble accessoire par rapport aux luttes internes du clan mafieux. C’est un peu dommage.
La note de Mélu:
Un crû un peu moins bon que les autres.
Un mot sur l'auteur: Gordon Zola est un auteur spécialisé dans le roman humoristique. Il mène notamment la série des enquêtes du Commissaire Suitaume et celle des aventures de Saint-Tin. D’autres de ses œuvres sur Ma Bouquinerie: