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Les Amants parallèles de Vincent Delerm : une lune de miel qui s'érode ?

Publié le 13 mars 2014 par Filou49 @blog_bazart

amants

Après un billet terriblement rock n'roll en fin de semaine dernière, je viens reparler de musique mais ce coup ci, je reviens à mes premiers amours, la variété française, en vous parlant du dernier album d'un de mes artistes préférés, j'ai nommé Vincent Delerm, et de ses Amants parallèles, sortis en novembre dernier.

J'ai mis pas mal de temps à chroniquer Ces amants parrallèles, alors même que je suis un fan absolu de l'artiste comme je l'avais redit il y a moins d'un an et que j'avais même précommandé ce disque pour être sur de l'écouter dès le jour de sa sortie, chose que je ne fais jamais.

Et si j'ai mis autant de temps à en parler ce n'est pas seulement pour ne pas faire dans la même année deux articles autour du même artiste, mais aussi car j'avais un peu de mal à écrire dessus.

Comme je l'avais dit dans mes précédents billets, j'ai toujours eu le sentiment en écoutant un disque de Delerm ou en regardant un de ses spectacles, que Delerm était un de mes doubles inversés, et que cela me faisait pleinement plaisir de me reconnaitre en lui.

En effet  j'ai pu trouver en Delerm junior une résonnance très importante sur pas mal de points de vues, une impression que tout ce qu'il pouvait chanter ou mettre en scène aurait trés bien pu venir de ma plume ou de mon esprit, si jamais j'avais eu le dizième de son talent créatif.

Et lors de mes premières écoutes de son nouvel opus , j'avoue avoir ressenti une vraie déception, notamment parce que j'ai eu l'impression qu'on s'était un peu éloigné lui et moi et que pour une fois je me sentais plus tant en osmose que cela avec lui.

delerm

Et pourtant, dieu sait que je l'ai attendu cet album, lorsque j'ai eu vent de ce projet : un album entier sur le couple, de sa rencontre à sa fin, un peu à la manière d'un film de Truffaut,  lui qui sait mieux que quiconque haper ces petits rien des relations humaines, et qui a une écriture si cinématographique, je m'en léchais terriblement les babines d'avance et j'étais persuadé que j'allais soupir d'aisance devant cette justesse de l'observations, entre humour et nostalgie du temps qui passe, un peu comme il avait si bien su le faire dans sa pièce de théâtre "Le fait d'habiter Bagnolet", une pièce extraordinaire pleine d'humour et de mélancolie sur un couple qui a duré pendant 7 années.

Or, en écoutant "Les amants parrallèles", et après l'avoir écouté deux trois fois de suite, j'ai été obligé de me rendre à l'évidence que ce disque ne ressemblait pas vraiment à l'image que je m'étais projeté du disque en amont.  D'une part, le disque est beaucoup trop court : 31 minutes de disque, on a peine le temps de le mettre qu'il faut l'enlever de la chaine, surtout quand on sait que la moyenne de chaque morceau ne dépasse jamais deux minutes...

Et cette durée est d'ailleurs la conséquence directe du second défaut du disque, à savoir son côté trop minimaliste.  On sait certes que Delerm n'aime rien de moins que de décrire des petits rien, des choses les plus anodines possibles et non pas des évenements clés qu'il laisse à d'autres, mais là, le problème est qu'il atteint les limites du minimaliste. Les 10 morceaux (dont quelques morceaux parlés) ne comportent aucun fait particulièrement  marquant, aucun message, et si cela pourrait etre un atout, cela se retourne contre lui.

Car, à force de raconter pas grand chose, il est tout près de ne rien raconter du tout, et la plupart des morceaux se laissent écouter mais ne portent pas en eux l'humour et l'émotion inhérent aux morceaux de Delerm, témoin ce premier single, ces amants parrallèles, pas bien mordants et surtout beaucoup trop courts pour marquer.

Vincent Delerm "Les Amants parallèles" [Clip Officiel]

L'immense qualité de Delerm, c'était d'arriver à planter un décor et une situation en deux trois phrases, et tout le monde ou presque pouvait alors s'y reconnaitre dedans. 

Sauf que là, son aptitude habituelle à être le plus évocateur possible, à faire apparaitre dans l'esprit de l'auditeur des images fortes est ici bien moins prégnant que d'habitude. Et par exemple, le fait de ne plus faire du tout du "name dropping" (ce qu'on lui a souvent reproché) est finalement une fausse bonne idée, les noms propres ayant ce pouvoir d'évocation chez tout un chacun, et ici, les situations et les personnes dont il nous parle semblent tellement anodines qu'on n'est plus vraiment dans l'universalité habituelle.

Et niveau mélodie, les chers pianos arrangés dont on a beaucoup parlé est également une contrainte dont Delerm se sort moyennement bien: on entend des bruits de grincement, de claquement, car les pianos, ainsi programmés produisent des sons de basses, de percussions ou de cordes,  proudisant des sons "parasites" - souffles, respirations, pédales qui grincent.

Et il faut reconnaitre, qu'au début du moins l'oreille a un peu de mal à s'habituer à ces sons disparates, et on aimerait avoir quelques cordes en plus toujours pour rajouter un peu de lyrisme à cet excès de minimalisme.  

Après, tout le monde ne ressent pas les choses comme moi car Vincent Delerm a dit, dans la promo de ce disque, dans les itws que certains inconnus sont allés lui dire dans la rue que ce disque "donnait envie de tomber amoureux", donc visiblement pour eux cette trop grande retenue et ce manque de passion n'était pas pour eux rédhibitoire.

Et ensuite, je reconnais qu'après avoir écouté cet album au fil des mois, j'ai commencé à être charmé par certains morceaux, notamment le film, Hacienda ou la fois ou tu as, des morceaux, qui provoquent une émotion et qui peuvent faire penser effectivement à une ambiance de long métrage  et maintenant, je me surprends à fredonner certains de ces morceaux.

Et puis je sais que lorsque j'irais voir Delerm sur scène (car la lune de miel n'est pas totalement finie, heureusement il me faudra plus d'amour déçu pour  rompre une love story :o), j'en repartirais enchanté car le type est tellement doué sur scène qu'il saura jouer sur les atouts et valoriser son disque...mais en attendant, j'avoue ne pas trop comprendre ceux (et dans la presse intello ils furent nombreux) qui prétendent que "Les amants parrallèles" est le meilleur album de Delerm.

Et moi qui préferais il y a quelques années largement Delerm à son éternelle comparse Jeanne Cherhal, à l'univers proche, il se pourrait bien que la roue vient de tourner en ce début 2014( cela signifie t-il que je vous parlerai bientôt, et en bien, du nouvel album de Cherhal qui est sorti lundi dernier?, allez savoir :o)


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