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Les surexpositions de Guillaume Constantin

Publié le 13 mars 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

"La Constante des variables"

Parmi les nombreux motifs qui peuvent présider à la naissance d'une exposition, on dénombre quelques démarches récurrentes : présenter la rétrospective d'un artiste, donner une carte blanche à tel autre pour inviter ses amis sur un thème, offrir le lieu pour la réalisation d'installations etc...  Ce qui nous est proposé au Centre Régional d'Art Contemporain Languedoc-Roussillon à Sète dans "La Constante des variables" de Guillaume Constantin relève encore d'un autre exercice : l'artiste  est allé puiser dans les réserves du Conservatoire d'Anatomie de l'Université de Montpellier et au musée Paul Valéry de Sète des objets ensuite mis en scène dans une exposition  en forme de  cabinet de curiosités dans lequel les références mortuaires sont nombreuses.

Constantin Guillaume
"Se déploient ainsi des œuvres ambigües qui ricochent les unes sur les autres en
devenant tour à tour un jeu sur le médium, le support, un hommage, un détournement,
une réappropriation."

" Qu'est-ce qu'une exposition ? "

Guillaume Constantin nous met à l'épreuve pour produire un travail de réflexion sur ce la nature de cette activité : exposer. D'autres artistes se sont confrontés à cette même question. Actuellement, à la Maison européenne de la photographie à Paris, il ne faut manquer sous aucun prétexte l'exposition de Joan Fontcuberta : salle typique d'un Muséum d'histoire naturelle  présentant la découverte des fossiles d’hydropithèques  en 1947 par le père Jean Fontana. Tout y est : photographies des fossiles, reconstitution du logement de l'abbé Fontana,  reproductions en relief des hydropithèques  protégées sous des vitrines ainsi que les outils de travail de l'abbé.... Sauf que tout cela n'est qu'une mystification sortie de l'imagination de Joan Fontcuberta.

Pattern recognition #7, 2014 Guillaume Constantin

Pattern recognition #7, 2014 Guillaume Constantin

Si on se laisse entraîner confortablement dans la fiction de Joan Fontcuberta, il faut, dans le travail de Guillaume Constantin, faire preuve de davantage d'application et de concentration :
" Il conçoit régulièrement des «displays» ou réalise des interventions sur des dispositifs d'exposition préexistants, notamment muséaux, interrogeant le rapport à l'œuvre ou à l'objet, sa collection et ses modes de monstration comme de circulation, son histoire, au sein de différents contextes pouvant mettre en tension conservation et disparition, visibilité et absence. Des allers et retours anachroniques s'instaurent alors, interrogeant la valeur de l'oeuvre et ses critères de monstration comme de circulation".
Le mérite de cette mise en situation est de nous  impliquer, comme visiteurs, dans ce questionnement sur ce qu'est une exposition et ce que nous en attendons. Dans son livre "L'Art, une histoire d'expositions", Jérôme Glicenstein analyse toutes les facettes de cette manifestation : l'exposition comme fiction, comme  langage et comme dispositif, comme évènement et comme jeu de société ou comme site de l'Art. Un autre artiste, Bertrand Lavier, s' était également essayé au Centre Pompidou en 2012 à cet exercice de simulacre : Entre vrai et faux, original et copie, mensonge et vérité, réalité et fiction, l'exposition de Bertrand Lavier nous obligeait à reconsidérer ce qu'est au juste une exposition, ce qu'elle contribue à valoriser, ce qu'elle sacralise éventuellement.

Surexposition

L'objectif de Guillaume Constantin est peut-être moins de nous montrer que de nous interroger. Avec son musée imaginaire, Guillaume Constantin remet en scène des objets peut-être oubliés dans les réserves obscures du Conservatoire d'Anatomie de l'Université de Montpellier et du musée Paul Valéry. Sortis de l'ombre, reconsidérés et réappropriés une autre histoire commence dans cette mise en lumière puissante qui tend vers la surexposition.

Photos: C.R.A.C Languedoc-Roussillon

Guillaume Constantin
La Constante des variables
28 fév.-11 mai 2014

Commissaire: Noëlle Tissier
Sète. Crac Languedoc-Roussillon
Voyage à l'invitation du C.R.A.C Languedoc-Roussillon


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