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“La réforme sur le crowdfunding permettra de financer d’autres typologies d’entreprises”

Publié le 14 mars 2014 par Pnordey @latelier

Le réforme du crowdfunding en France devrait permettre de sécuriser les potentiels investisseurs internautes, et devrait donc être à l'origine d'un boom de financements.

Interview de Thomas Derosne, fondateur et président de MyNewStartup, et Thierry Merquiol, président de Wiseed, à l’occasion d’un entretien croisé réalisé dans le cadre de l’émission L’Atelier Numérique.

L’Atelier : Fleur Pellerin a annoncé que le seuil de financement pour les startups via crowdfunding pourrait désormais atteindre 1 million d’euros, et que celles-ci seraient plus encadrées, plus réglementées. Ne l’étaient-elles pas déjà ?

Thierry Merquiol : En France, il existe effectivement un cadre légal très contraignant. Du coup, la plupart des plateformes ont essayé de sortir de ce cadre-là et de se trouver dans des zones d’exemption ou minimalistes. Le projet de loi qui va être mis en ordonnance et appliqué au 1er juillet permettra de lever ce flou et les barrières, de faire émerger des statuts permettant un véritable démarrage du crowdfunding en France.

Thomas Derosne : Au delà du seuil, c’est en effet l’accès à un véritable statut réglementaire  qui nous intéresse. Cela va nous permettre d’être identifier comme des conseillers en financement participatif. Ce seuil ouvre surtout la voie à d’autres réformes, comme celle du prêt de particuliers rémunéré par les entreprises. Les particuliers pourront désormais prêter à des entreprises, jusqu’à 1000 euros par projet. Ce type d’activité ne pouvait jusqu’à présent pas être réglementée car cela revient à mettre en jeu des capitaux propres importants et qu’une telle accréditation est difficile à obtenir.

Si l’on s’appuie sur les différentes barrières actuelles dont vous venez de nous parler, qu’est-ce qui attirait jusqu’à présent les gens qui ont envie d’investir ?

Thierry Merquiol : Dans le cas de Wiseed, le goulot d’étranglement provient plus du nombre d’investisseurs que du nombre de projets qu’on pourrait proposer. Ce qui ressort des différentes conversations que nous avons eu avec ces investisseurs, c’est que ceux-ci veulent choisir et être maître à nouveau de leur choix. Il y a une réelle volonté de ne pas confier leur investissement à des sociétés de gestion ou des intermédiaires, d’effectuer une prise de risque. La deuxième raison est une véritable envie de participer à une aventure entrepreneuriale sur un produit ou un service à fort impact sociétal. Pour cela, il faut que ce genre de projets crée de la richesse et offre un certain niveau de rentabilité.

Thomas Derosne : Nous avons le même constat de notre côté. On constate que les particuliers commencent à un peu à changer de mentalité et veulent donner du sens à leur épargne en investissant dans l’économie réelle, en intégrant aussi une communauté autour de l’entreprise. Donc plus qu’une aventure entrepreneuriale, je pense que c’est une aventure humaine qu’ils recherchent. Au delà de l’apport de fonds, les investisseurs peuvent échanger avec les entrepreneurs, peuvent apporter leur expérience, leur réseau. Et je dirais que c’est presque primordial dans le crowdfunding.

Vous laissez supposer donc que l’investisseur particulier doit avoir des connaissances et des compétences dans le domaine, que cela ne s’adresse pas à n’importe qui…

Thierry Merquiol : Non, je pense que c’est vraiment démocratisé. Du côté de Wiseed, on peut devenir actionnaire à partir de seulement 100 euros. Mais c’est vrai que l’investisseur internaute est souvent séduit soit par un domaine qu’il connait soit par une certaine proximité. Cette notion de proximité est, selon moi, importante car si l’investisseur est spécialiste du domaine, il va ouvrir son carnet d’adresses et s’apparenter à un business angels. Ils seront des actionnaires dans le sens acteur du terme et deviendront plus facilement ambassadeur du produit et de la marque car ils veulent que le projet aboutisse et se développe.

Wiseed, pour sa part, envisage de passer de 10/15 projets financés par an à 1 par semaine d’ici 2015. Est-ce la mise en place de ce nouveau cadre réglementaire qui va sensibiliser plus de monde ou est-ce le terreau d’investisseurs actuel qui a envie et qui va investir sur plus de projets à la fois ?

Thomas Derosne : Je pense que cette réforme va rassurer dans un premier temps les personnes qui attendaient de voir ce que cela allait donner avant de se lancer. Donc je pense qu’elle va potentiellement attirer de nouveaux internautes investisseurs sur nos plateformes et, au delà de ça, le fait d’augmenter le panier juqu’à 1 million d’euros va nous permettre de financer d’autres typologies d’entreprises. Cela permettra, par exemple de se tourner vers des entreprises innovantes industrielles qui ont des besoins importants dès le départ. Mais cela s’adressera aussi aux entreprises en seconde levée de fonds, à celles qui ont vraiment besoin d’aller chercher des fonds ailleurs.

Du coup, cette augmentation du seuil de financement ne va-t-elle pas mettre trop en concurrence d’un côté le financement participatif et de l’autre les business angels et autres fonds d’investissements ?

Thomas Derosne : Je ne crois pas : pour moi, les deux sont complémentaires car nous travaillons au final dans le même sens. On intervient en co-financement. Ceux-ci sont déjà complémentaires des banques avec les investissements en capital risque et les besoins en fonds de roulement. Le crowdfunding va amener une couche supplémentaire, va permettre un de travailler ensemble afin de favoriser la croissance et la création de valeur dans les entreprises.

Thierry Merquiol : J’ajouterais que les business angels sont 4 000 en France et financent 40 millions d’euros sur deux fonds startups par an en moyenne. Ce que est insuffisant ! Donc nous venons vraiment en complément, on crée une nouvelle race d’investisseurs qui sont de petits business angels qui deviendront, on l’espèren de gros business angels plus tard.


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