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Claude Viallat : la peinture, quelle histoire ?

Publié le 16 mars 2014 par Pantalaskas @chapeau_noir

«Toute la peinture contemporaine est dans Lascaux et dans la préhistoire. Je pense qu’on n’a rien inventé. Tout était là. Depuis, on a fait que parfaire des techniques

Viallat 2013

Viallat 2013

En découvrant les toiles récentes de Claude Viallat à la galerie Daniel Templon à Paris, il ne faut pas perdre de vue cette affirmation du peintre. Car si  le développement de la forme Viallat depuis plusieurs dizaines d'années pourrait donner le sentiment du déjà vu, il faut revenir aux sources.

La marque Viallat

Ce « haricot », pour reprendre une désignation quelque peu  dévalorisante employée parfois, est devenu la marque Viallat. Cette forme, résultat d’un «accident technique » en atelier, fruit du hasard selon le témoignage du peintre, ne  résume pas son œuvre. Claude Viallat sait raconter mieux que personne avec une simplicité confondante sa relation  à l'art des origines. Ses travaux, à l'époque où Ben les présentait dans sa maison-galerie au début des années soixante dix, sont méconnus au regard de cette forme Viallat toujours active aujourd'hui.
Lors de la première utilisation de cette forme venue d'une éponge altérée par la peinture, l'artiste pensait l'utiliser quelques semaines.  Elle lui sert encore aujourd'hui avec une  nouvelle stratégie: "Recouverts d’étonnants graffiti, de textes publicitaires superposés, de points ou d’ornements, ils offrent une vertigineuse mise en abîme du principe de répétition cher à l’artiste. Ce systématisme, associé aux couleurs artificielles, à la texture brillante et à l’aspect commercial de certains supports – foulard, nappe de Noël – font un
écho inattendu aux créations du Nouveau Réalisme ou du Pop Art."

Viallat 2013 (Détail)

Sans titre n°276, 2013
Acrylique sur tissu imprimé

Lorsque le groupe Supports-Surfaces revendiquait comme projet " L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même. " cette préoccupation hantait déjà le jeune Viallat. Son oeuvre n'a eu de cesse de soumettre cette question à tous possibles sans autre considération iconographiques. D'autres, comme Louis Cane, Jean-Pierre Pincemin par exemple ont abandonné cette abstraction exigeante pour explorer l'histoire de l'art. Claude Viallat ,  aujourd'hui, interroge ici non pas l'histoire de l'art mais des supports chargés d'une histoire initiale. Sur ce point de départ, l'artiste applique sa méthode pour réaliser ce métissage entre une imagerie le plus souvent industrielle et l'inlassable questionnement du peintre.

Une autre histoire

Avec cette nouvelle démarche, Claude Viallat  nous met sous les yeux une autre histoire. Il ne s'agit plus de l'histoire de l'art brillamment interrogée par ses complices de Supports-Surfaces, mais d'une sorte de sous-histoire, iconographie domestique, banale, quotidienne, désuète parfois, qui n'occupe pas les livres d'Histoire. Avec les supports utilisés par Claude Viallat on est plus près du "Musée d'art modeste" tel qu'on peut le découvrir à Sète que des grands musées nationaux. Qu'importe puisque Viallat nous dit que "Toute la peinture contemporaine est dans Lascaux et dans la préhistoire."
Tapiès également  nous assurait que la peinture peut être tout : "Elle peut être ce que nous sommes, ce qui est aujourd’hui, maintenant, ce qui sera toujours. Je vous invite à jouer, à regarder attentivement… je vous invite à penser. "
Claude Viallat, avec ses dernières toiles, n'a pas perdu de vue ce qui anime ses réflexions depuis l'origine, revisite la notion d’œuvre d'art à travers ce clin d’œil et nous invite à prendre en considération cette autre histoire.

Photos: Galerie Daniel Templon et de l'auteur

Claude Viallat
1 er mars – 5 avril 2014
Galerie Daniel Templon
30 rue Beaubourg
75003 Paris.


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