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« Façades », par Torganiel

Publié le 16 mars 2014 par Wtfru @romain_wtfru

Vous passez devant tous les jours, sans y prêter attention. Les immeubles les plus banaux, les plus classiques, les plus laids renferment aussi leur part de beauté. Venu du Québec, Iann Troalen aka Torganiel est un photographe autodidacte qui magnifie des façades d’immeubles à travers une série de photos, appelée sobrement Façades. On a eu l’occasion d’en discuter avec lui.

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Entre 2007 et 2013, Iann Troalen a photographié l’architecture dans un style minimaliste et géométrique. Au détour des rues de Montreal et New York, il a récolté des dizaines de clichés dans la représentation la plus pure : de face, sans perspective, pour en revenir à l’essence même de la photo : le sujet. Avec ces clichés hypnotiques, Torganiel tente de « faire ressortir l’âme de ces lieux qui, de façon naturelle, n’ont généralement rien d’esthétique pour personne, ces non-lieux à la beauté difficile qui surgissent de partout, où les gens passent fréquemment, mais sans vraiment s’arrêter ou y prêter attention ». Son credo ? Tirer un trait d’union entre art et arithmétique : « La poésie et les mathématiques sont à peu près les deux univers les plus éloignés que l’on puisse concevoir, mais il existe en mon sens une mystérieuse unité entre les deux. » Photographe et programmateur web, il a lancé une application sur le modèle des cadavres exquis, ce jeu inventé par les surréalistes, qui consiste à générer des phrases aléatoires. Son ambition est de produire une « poésie mathématique des mondes urbains et industriels ». « La poésie est à mon avis la composante maîtresse de l’art en général, graphique ou littéraire. » Le photographe donne vie au béton, joue avec les reflets et les ombres et met en scène une sorte de cubisme architectural : « À force de prendre ma ville en photo, je suis devenu obsédé par le contraste des formes, la variété des couleurs, les reflets ainsi que les ombres comme éléments clés de composition de mes photos. »

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Le travail proposé donne à voir et à réfléchir. Les clichés sont pris de face, comme pour mieux nous rappeler leur immobilité tout en soulevant leur animation à travers la confrontation de couleurs et de formes. Si les immeubles sont des structures inamovibles, ils sont autant d’éléments formant un milieu urbain en perpétuel mouvement. Lorsqu’on lui demande d’expliquer sa démarche, il répond : «Les choses finalement prennent vie, et chez moi s’expriment par des symboles abstraits, une sorte de poétique mathématique, une poésie plus intellectuelle qu’émotionnelle pure », une manière d’unifier raison et émotion. Il poursuit : « La rigueur géométrique, les grandes lignes fortement mises de l’avant, l’exactitude maniaques de la plupart de mes cadrages, le côté 2D (sans champ de profondeur) font comme si on se retrouvait devant une sorte de « mandala » à méditer, un système de figures géométriques représentant une autre réalité invisible. » Sans mysticisme pour autant : il déclare que les créations d’un artiste en elles-mêmes comptent plus que sa vie ou son approche.
Torganiel donne un intérêt à ce qui nous paraît banal, en ranimant un environnement figé. Voyez plutôt.

http://torganiel.com/

http://www.flickr.com/photos/torganiel

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