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De la stupidité et du délire des dictateurs qui se prennent pour des super adultes

Par Jjs

Philobios voulut comprendre ce que signifiait l'agitation des hommes. Il se demanda pourquoi ceux ci s'agitaient autant et ne restaient pas tranquillement à leur place? Il se demanda par exemple pourquoi certains dictateurs veulent faire la guerre, pourquoi certains hommes puissants désirent encore plus de puissance.

Il alla à la rencontre de l'un d'eux et l'interrogea mais cet homme ne vivait que dans l'apparence. Il ne montrait rien de lui. Il alla alors interroger des spécialistes des régimes autoritaires mais ceux-ci soutenaient pour la plupart que des circonstances historiques ou l'aliénation naturelle des hommes expliquaient une telle situation. L'un d'eux lui dit que les hommes se plaisaient par une forme de masochisme à la domination par autrui.

Il s'était dit défenseur de la vie et la vie des hommes était faite de ces êtres - dont il faisait peut-être partie- qui se plaise à la servitude volontaire. Mais êst-on plus libre en voulant se libérer de l'emprise d'un tyran si cette libération est impossible ? Lui demanda l'un des spécialistes de la question.

Partout en cheminant, Philobios ne voyait désormais autour de lui que de la résignation. Après avoir voulu toujours lutter, les hommes de son pays s'étaient découragés et semblaient avoir choisi de ne plus se préoccuper de choses publiques.

Philobios se demanda ce que l'on pouvait faire et s'il existait une limite ou un espace entre la résignation et la témérité. Il pensa qu'il existait le courage et l'interrogation. En s'interrogeant les hommes commencent à se libérer de la résignation et de l'aliénation à toute forme de tyrannie.

Ta position n'est-elle pas aisée ? Lui indiqua un passant qui avait appris la nouvelle. Tu te moques de notre soumission et de notre résignation et tu prétends agir en "interrogeant le monde..."

En tous les cas telle est la vie que j’ai choisie de vivre…En m’interrogeant librement sur le monde et sur moi. Quel mal y a-t-il à cela ?

Le mal n’est-il pas ici que l’on me reproche de réflexions qui ne mènent à rien ? Mais pourquoi vouloir toujours aller quelque part ? Lorsque l’on se promène en ce monde privilège assez rare on exprime sa liberté…On cesse de demeurer dans l’agitation du monde pour se faire observateur…

Les enfants vivent ainsi sans se poser de questions. Ne vivent-ils pas plus heureux que les adultes ? Mais cette vie d’enfance peu d’hommes peuvent se l’offrir. En tous les cas, ceux qui sont devenus dictateurs me font penser à ceux qui ne voulaient plus être enfants, voire ceux qui ne voulaient plus, surtout plus se souvenir de leur enfance pour jouer à un autre jeu, le jeu de massacre, le jeu de l’adulte qui pense tout savoir et tout dominer.

L’enfant accorde une importance capitale à ce qui nous paraît insignifiant et si nous faisions un peu plus comme lui, si nous cessions de nous préoccuper de choses qui n’en valent pas la peine pour nous consacrer à ce que les « adultes » considèrent comme accessoire.

Le bonheur de tous se trouve peut-être dans ce que l’enfant qui est en nous désire réellement et entend vivre absolument. Cependant il y a deux drames dans la vie : le premier est que les enfants savent mais qu’ils ne peuvent rien dire, alors que le second est que les adultes ont tout oublié et qu’ils veulent et peuvent tout dire….

Le dictateur agité est un super adulte. C’est quelqu’un qui se prend particulièrement au sérieux. Avec lui, il n’y a donc pas d’autres solutions que de laisser hurler s’il le souhaite et de ne pas tenir compte de ses hurlements. Ils ne sont là que pour fatiguer nos oreilles…Ils ne sont là que pour nous épuiser.

Celui qui l'écoutait lui demanda s'il n'était pas un peu fou pour un adulte que de vouloir vivre comme vivent les enfants ? Philobios répondit alors que ce qui était fou était de vouloir vivre comme les fous...Si l'enfant est sage il vaut mieux que tous les adultes fous de ce monde qui de plus ont le malheur de se prendre pour des adultes...Car si adulte il y a, il ne saurait être agité, énervé, affolé et tout plein de suffisance bouffie.

En disant tout cela, Philobios comprit la raison pour laquelle les enfants avaient été exclus du monde des adultes et de ceux qui se croyaient tels....Les enfants leur font peur. Ils les dérangent. Ils leur rappellent beaucoup trop l'être qui est en eux et qu'ils ne cessent d'étouffer continuellement... 


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