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Wrong Cops - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Quel est le sens de ce non-sens...?

Prenez un mélomane qui deale, une blonde qui s'improvise maître-chanteur, une ex-star du porno gay, un borgne DJ et un obsédé sexuel... Et qu'obtenez-vous ? La nouvelle émission de télé-réalité mettant en scène des chtis à Los Angeles? Non, non... Les flics d'un commissariat (What else?)... Si, en plus, l'un d'eux se balade avec un mort pas mort dans son coffre.... Eh bien oui, vous vous trouvez dans le dernier film de Dupieux (réalisateur, scénariste, DJ), Wrong Cops, sorte de Police Académie complètement allumé!
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Le(s) plus

Ce qui saute aux yeux dans ce film, c'est tout d'abord l'audace et la fraicheur d'un réalisateur qui n' a pas peur d'assumer ses choix, aussi barrés soient-ils et qui a le mérite de sortir des clichés et autres conformismes du cinéma, autant français qu'américain.
Des choix décalés qui se ressentent dans un premier temps dans le montage du film. A l'origine, il avait d'abord écrit un chapitre auquel il a ensuite ajouté 6 épisodes, ce qui donne un rendu atypique, sorte de mini-séquences qui se suivent, comme plusieurs épisodes d'une même série qu'on visionnerait dans la foulée. Le résultat est original.

Les acteurs tirent également leur épingle du jeu. Mark Burham (Duke) est totalement délirant dans son rôle de flic pourri, mélomane, trempant dans toutes sortes de combines plus tordues les unes que les autres, de l'herbe dissimulée dans des cadavres de rats au transport de mort pas mort. Eric Judor excelle à jouer les borgnes difforme, tentant de percer dans la musique électro en tant que DJ, torturant nos oreilles avec une telle conviction de son talent qu'on finirait presque par y croire ! Quant à Marilyn Manson, c'est jubilatoire de le découvrir dans un rôle de composition, un pauvre adolescent limite autiste, qui se fait martyriser par des flics tordus à souhait.

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La photographie est esthétique et lumineuse, les décors et l'ambiance n'étant pas sans rappeler les films policiers américains des années 90, notamment Police Académy. Quant à la musique, elle est tout droit sortie de l'univers de M.Oizo, qui n'est autre que le réalisateur, et trouve une place très importante dans ce monde décalé.

Le(s) moins

Le risque de ce film est ce qui fait son originalité, à savoir son humour.
On accroche ou pas du tout, mais la demi-mesure n'est pas de rigueur. Pour ma part, je ne suis pas du tout entrée dans ce non-sens pourtant totalement assumé et revendiqué.

Le montage du film en plusieurs séquences pourra aussi déplaire.

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Conclusion

Si vous aimez le style Dupieux, alors vous devriez passer un très bon moment en compagnie des ces flics déjantés, plus tarés les uns que les autres. En revanche, pour les autres, tout se joue vraiment sur l'adhésion (ou pas) de l'humour original et particulier du réalisateur... Vous laisserez-vous corrompre par la flicaille barrée de L.A ?

Ma note: 5/10


Wrong Cops

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Synopsis : "Los Angeles 2014. Duke, un flic pourri et mélomane, deale de l’herbe et terrorise les passants. Ses collègues au commissariat: un obsédé sexuel, une flic maître chanteur, un chercheur de trésor au passé douteux, un borgne difforme se rêvant star de techno… Leur système fait de petites combines et de jeux d’influence se dérègle lorsque la dernière victime de Duke, un voisin laissé pour mort dans son coffre, se réveille."
Réalisé par: Quentin Dupieux / Avec: Mark Burnham, Eric Judor, Marilyn Manson / Genre: Comédie / Nationalité: Français / Distributeur: UFO Distribution
Durée: 1h25min / Date de sortie: 19 mars 2014
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !


    Wrong Cops n'est pas né long-métrage. Quentin Dupieux en a d'abord écrit et réalisé un chapitre qu'il voyait comme un court-métrage indépendant, avec Marilyn Manson et Mark Burnham. Puis il a ajouté six épisodes qu'il a tenté de monter ensemble pour en faire un long-métrage. La formule n'étant pas adéquate, il a réinventé l'ordre des séquences pour parvenir au montage final. C'est la première fois qu'il agit de cette manière sur une de ses réalisations, restant d'habitude très fidèle à la trame d'origine.

    Alors que le film n'est encore composé que de trois chapitres, le réalisateur et l'équipe le montent à la manière d'une série et le projette au festival Sundance. Chaque épisode est agrémenté d'un court générique pour donner l'impression qu'il s'agit d'un véritable serial. Selon Dupieux, "ça marchait du feu de dieu. Dès que le générique redémarrait, la salle était hystérique".

    Wrong cops est en réalité le troisième film de Quentin Dupieux sur ce thème du "wrong". Le premier date de 2012. C'est Jack Plotnick, Dolph Springer dans le récit, qui tient d'abord la vedette dans Wrong, avant de laisser la place à Mark Burnham, qui passe d'un petit rôle de flic à celui de l'officier Duke, protagoniste principal dans le court-métrage "Wrong cops : chapitre 1", puis dans Wrong cops. Plotnick conserve aussi son personnage dans chacun des deux volets suivants. De même, on y retrouve Eric Judor, Steve Little et Arden Myrin, présents dans les trois volets.

    Le film que regardent Rose et Kylie dans le salon est Rubber, le troisième film de Quentin Dupieux.

    Wrong Cops est cité dans la série "Chelsea Lately", dans l'épisode cent-quatre-vingt de la saison sept et dans l'épisode deux de la saison huit.

    Marilyn Manson, grand cinéphile, après avoir joué dans Lost Highway, de son ami David Lynch, incarne David Dolores Frank dans Wrong Cops. Fan du premier film de Dupieux, Rubber, il avait appelé le cinéaste pour travailler avec lui d'une manière ou d'une autre. Comme toujours au cinéma, on a un peu de mal à le reconnaître sans son style vestimentaire habituel. Il est aussi constamment crédité de son nom de scène et non de son véritable nom Brian Hugh Warner.

    Mr Oizo, le compositeur de Wrong Cops, n'est autre que Quentin Dupieux caché sous son pseudonyme de réalisateur audio. C'est en 1997 qu'il invente ce surnom alors qu'il lui devient nécessaire d'ajouter de la musique à ses vidéos.

    Après avoir écrit et tourné dans la foulée Wrong Cops, Quentin Dupieux quitte le film pour réaliser Réalité, avec Alain Chabat, Jonathan Lambert et Elodie Bouchez. Ce n'est qu'après avoir bouclé ce dernier film qu'il monte Wrong Cops, en août 2013. Il est également scénariste et monteur sur tous ses long-métrages.

    Pour l'écriture de ses scénarios, Quentin Dupieux dit se laisser aller à son imagination, "à la manière de l'écriture automatique des surréalistes". Ceci explique en partie la part d'étrangeté que l'on retrouve dans ses films, bien que Wrong Cops soit plus conventionnel de ce point de vue. Projet le plus tortueux auquel il ait dû faire face selon le réalisateur, c'est aussi le plus limpide de sa filmographie.

    Alors que beaucoup d'acteurs de Wrong Cops ont déjà joué pour le réalisateur, parfois dès Rubber, comme Plotnick, d'autres travaillent pour la première fois avec Dupieux, comme Eric Wareheim, le flic obsédé par les seins dans le film, et qui joue de nouveau pour lui dans Realité (tourné après Wrong Cops mais sorti avant).

    Compositeur depuis une quinzaine d'années, Quentin Dupieux a voulu insérer dans Wrong Cops bien plus de musique qu'il ne l'avait fait auparavant. Ce sont tous des morceaux de son cru, qu'il choisit dans son catalogue personnel. Le film insiste aussi plus fortement sur la musique même, l'obsession du personnage que joue Eric Judor étant de devenir musicien. L'idée du film serait même plus ou moins partie de la traduction des morceaux en images, à la manière d'un clip.

    Dans la construction du personnage central, Duke (Mark Burnham), le cinéaste voulait qu'il soit l'équivalent de son style musical, selon ses propres dires "un truc un peu rugueux qui vous gueule dessus, qui peut être attendrissant, mais qui prend trop de place dans une pièce."

    Dans le court-métrage original (SPOILER !!), l'histoire se terminait avec le vieil homme agonisant dans le coffre d'une voiture, et qui demandait à ses ravisseurs quelle était la musique écoutée par ces derniers quand ils roulaient. Ces éléments, le vieil homme moribond et la musique, ont servi de fil rouge pour tout Wrong Cops. Quentin Dupieux dit avoir compris qu'il avait un sujet lorsqu'il a tourné cette ultime scène du court-métrage.

    (SPOILER !!) Le film se termine sur l'apparition d'une biche, après un massacre particulièrement prenant. Cette apparition est un hommage à l'autruche de La Voie lactée de Buñuel mais aussi une définition du cinéma selon le réalisateur. On retrouve par ailleurs "beaucoup de bestioles" dans ses films : une dinde dans Rubber, des lapins, un chien dans Wrong...

    L'accoutrement des comédiens, outre leur uniforme de flic, n'était pas prévu à l'avance dans le scénario, et encore moins dans le script. La moustache grise d'Eric Judor fut trouvée par celui-ci sur le plateau. Il s'en attifa pour faire rire Dupieux qui décida de la garder pour le personnage. Arden Myrin a débarqué au premier jour de tournage avec une coupe de cheveux et des ongles vernis collant exactement à la vulgarité et à l'horreur de son personnage. Le cinéaste a laissé faire ses acteurs, et a joué de leurs initiatives pour leurs rôles.

Et vous qu'avez-vous pensé du film Wrong Cops ?

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