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Il Viccolo di Madama Lucrezia (1846) de Prosper Mérimée

Par Colimasson




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Mérimée ne se faisait guère d’illusions sur ses qualités d’écrivain. Sa correspondance mérite peut-être plus d’intérêt que ses nouvelles en cela qu’elle laisse apercevoir la lucidité d’un homme réfléchissant aux raisons qui le poussent à écrire, alors que cette activité semble être une besogne plus qu’une nécessité, un devoir plus qu’un plaisir –une activité presque vile par rapport à ses plus prestigieuses occupations politiques. Il viccolo di Madama Lucrezia est encore une fois dédié à une des connaissances de Prosper Mérimée. Ecrivant, pour se plaindre de son manque d’inspiration, il nous révèle les origines de ce petit conte fantastique :


« Je voudrais bien établir que je suis toujours un faiseur de contes, et si j’en avais un prêt je le donnerais aussitôt. Le mal, c’est que je n’en ai pas, mais conseillez-moi. Il y a quelques années que j’en ai fait un pour Mme Odier, où il y avait deux chats et qui est inédit. Je ne m’en souviens plus du tout. Il faudrait que vous les lussiez et vissiez si cela peut passer en lettres moulées. »


Après ce dernier effort, Prosper Mérimée n’écrira plus. Pourtant, Il viccolo n’est pas la nouvelle la plus dispensable de l’écrivain. Peut-être parce qu’elle nous rappelle la Vénus d’Ille et ses effigies sculpturales aussi belles que cruelles, la lecture nous accueille en nous laissant présager le déroulement d’une histoire dans laquelle torture et amour sont les deux modalités des aventures de jeunes protagonistes. Le rôle de la statue se dissipe bientôt dans un arrière-plan au profit d’une créature constituée cette fois de chair et de sang –plus insaisissable et mystérieuse qu’une effigie de pierre ayant traversé les siècles :


« Une jeune dame romaine, probablement d’une grande beauté, m’avait aperçu dans mes courses par la ville, et s’était éprise de mes faibles attraits. Si elle ne m’avait déclaré sa flamme que par le don d’une fleur mystérieuse, c’est qu’une honnête pudeur l’avait retenue, ou bien qu’elle avait été dérangée par la présence de quelque duègne, peut-être par un maudit tuteur comme le Bartolo de Rosine. Je résolus d’établir un siège en règle devant la maison habitée par cette infante. »


Prosper Mérimée n’invente cependant rien de plus et si l’on connaît un peu son goût pour la cruauté d’une Vénus d’Ille et pour les histoires d’amours déchirantes d’une Arsène Guillot, on aura à peu près tout compris à ce Viccolo di Madama Lucrezia. Anecdotique et à peine divertissant.


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