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[Livres] Eureka Street de Robert McLiam Wilson

Par Carole Thiery @carole29t

Je ne suis pas franchement fan de ce genre "littéraire" qu’on appelle la chick lit. Il m’arrive d’en lire un comme ça, quand j’ai vraiment envie de me détendre et uniquement cela, sans avoir à réfléchir. Et encore, il faut tomber dans la qualité, parce que le nombre de merdes dans cette catégorie est assez impressionnante…

Par contre, il est un genre que j’affectionne particulièrement: les livres écrits par des mecs et qui racontent la vie de mecs dans la trentaine, avec leurs histoires d’amour, de cul, leurs peines de coeur, leurs soirées au pub, leur musique, leurs potes etc etc…

Dans cette catégorie, mes deux livres préférés, que je relis très souvent, sont Haute Fidélité de Nick Hornby et Eureka Street de Robert McLiam Wilson. Deux petits chefs d’oeuvre d’humour et de sensibilité qui me donnent l’impression de mieux comprendre les hommes et de les aimer davantage.

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Eureka Street, mon livre préféré toutes catégories, je crois, du moins en littérature "moderne" (en excluant donc Hugo, Zola et "Des souris et des hommes"), est un livre de Robert McLiam Wilson écrit en 1996. Son auteur est un prof d’université  vivant au coeur du quartier catholique de Belfast.

Hormis Eureka Street, il a commis Ripley Bogle (savoureux également), Les Dépossédés et La Douleur de Manfred.

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L’histoire, c’est celle de Jake Jackson, un trentenaire vivant dans le quartier catholique de Belfast, dans les années 90, vers la fin du conflit nord-irlandais. Jake est catholique mais non croyant, il aime se battre, mais voudrait que sa ville qu’il adore, retrouve la paix. Il est romantique et fleur bleue, mais peut se montrer goujat. Nous faisons sa connaissance au moment où sa fiancée, Sarah, une anglaise, vient de le quitter pour rentrer à Londres. Orphelin, Jake aurait pu très mal tourner s’il n’avait été recueilli par Matt et Mamie. L’ex-gros dur, abandonné par sa petite amie est un coeur d’artichaut, qui tombe amoureux toutes les cinq minutes. Et moi, j’en tombe amoureuse à chaque fois que je relis le livre, surtout que pour moi, il a la tête de son auteur qui n’est pas vraiment repoussant…

Nous allons suivre la vie de Jake, entre boulots minables  (par exemple la récupération des objets impayés dans les quartiers pauvres de Belfast, donnant lieu à des scènes tragi-comiques, voire carrément bouleversantes), sorties au pub avec les copains (notamment Chuckie Lorgan, un gros protestant qui vit avec sa maman, mais dont la vie va prendre un tour très surprenant), cuites, dragues pitoyables… un moment fort est la rencontre de Jake avec Roche, un ado livré à lui même et qui traîne toute la journée dans les rues de Belfast, ou encore Aoirghe Jenkins, une militante catholique en total désaccord avec les idées pacifistes de Jake.

Nous suivons tous ces personnages attachants et pitoyables dans leur vie quotidienne, dans une Belfast régulièrement dévastée par les bombes (une description très précise des dégâts faits par une bombe nous est d’ailleurs proposée et elle est… marquante). Tous ces personnages qui, comme tout le monde, ne cherchent finalement qu’une seule chose: l’amour.

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Ce livre me fait, à chaque lecture (et je dois approcher les 10), rire et pleurer. J’adore le style de Robert McLiam Wilson (je le lis en anglais, mais je l’ai lu une fois en français et la traduction rend justice à l’auteur). Un style cash, sans fioritures, vulgaire quand il faut, avec des descriptions réalistes et crues de la situation politique et de son immense absurdité. Malgré cela, Robert McLiam Wilson nous fait aimer Belfast tellement on sent que lui, il adore sa ville. L’alternance de première personne pour Jake et de troisième personne pour les autres nous rapproche de ce personnage et met une certaine distance avec tous les autres, dont les portraits sont dressés tour à tour, pour dessiner le portrait de la ville elle-même.

Eureka Street est un pur chef d’oeuvre que je vous recommande absolument de lire. En fait, je vous l’ordonne.


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