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Le Deutsches Theater nouveau est arrivé. Première de West Side Story.

Publié le 22 mars 2014 par Luc-Henri Roger @munichandco
Après plus de cinq années de fermeture pour une restauration complète, le Deutsches Theater a rouvert ses portes dans ses bâtiments de la la Schwanthalerstrasse. Après la soirée d'inauguration en janvier avait suivi la saison des bals, -avec des soirées fameuses, le Deutsches Theater est un haut lieu du Fasching, le carnaval munichois-, et, depuis ce jeudi,  la salle de spectacles a entamé sa saison 2014 avec le légendaire West Side Story.
Das Deutsche Theater
Après avoir franchi le prestigieux porche, on accède à la belle cour du théâtre, avec ses bars et ses restaurants, et son atmosphère décontractée et festive. Le tapis rouge a été déroulé pour les 1500 spectateurs curieux de découvrir les fastes de la salle de spectacles entièrement rénovée. On est accueilli aux flambeaux. L'éclairage a été revu selon un concept original et moderne: de grands filins de lumière blanche découpés dans les parois revêtues des chaudes couleurs d'un beaujolais nouveau structurent et dynamisent les murs et les plafonds dans lesquels ils dessinent de grands losanges incurvés. On s'installe dans de confortables fauteuils , le rideau rouge est éclairé, le spectacle peut commencer.
Le Deutsches Theater nouveau est arrivé. Première de West Side Story.
Et quel spectacle! Les organisateurs ont choisi à dessein West Side Story, un des plus grands classiques du music hall. Le fleuron de Broadway créé en 1957 avait connu en ces lieux sa première européenne il y a plus de cinquante ans, en 1961 très exactement. Le metteur en scène et chorégraphe Joey McKneely a reproduit à l'identique la mise en scène et les chorégraphies originales pour deux heures quarante d'un spectacle qui garde le public constamment en haleine. D'abord parce que l'histoire est universelle: ce Roméo et Juliette des temps modernes qui oppose deux bandes rivales n'a pas pris une ride, la haine raciale et les luttes pour la domination d'un territoire restent hélas d'actualité, l'amour heureusement aussi. Ensuite parce que la musique de Léonard Bernstein est toujours aussi rythmée et envoûtante, le temps ne lui a pas fait affront, au contraire, il a gommé ce qui avait pu choquer les oreilles de la fin des années cinquante. De la fosse, Donald Chan, un spécialiste de Bernstein, - il a dirigé West Side Story plus de 3000 fois-, fait s'élever la dynamique de cette musique aux rythmes si suggestifs avec la complicité d'un orchestre à la précision parfaitement coordonnée. La qualité de l'acoustique de la salle aux beaux volumes courbés atteint elle aussi une perfection rare, et les techniques de sonorisation sont à la pointe des derniers progrès, avec une individualisation parfaite de la source des voix. Les artistes américains polyvalents de Sundance déploient leurs talents étourdissants de danseurs, chanteurs et comédiens, on reste pantois devant un tel professionnalisme et face à la beauté sportive de leurs corps athlétiques. Ils relèvent avec brio le défi des scènes d'ensemble aux chorégraphies méticuleuses, extrêmement exigeantes. Le résultat en est prodigieux! 
Le Deutsches Theater nouveau est arrivé. Première de West Side Story.Lors de la première, Liam Tobin a incarné un Tony à la solidité bonhomme qui veut gravir quelques échelons de l'échelle sociale pour sortir des tourbières enlisantes de la pauvreté et de la petite délinquance des bandes de quartier. L'utilisation des décors de l'East Side new yorkais avec les façades parcourues d'échelles d'incendie soulignent métaphoriquement les possibilités de cette ascension à laquelle Maria aurait elle aussi voulu participer, si les morts violentes n'étaient venues prélever leurs tributs définitifs. L'excellente Rachel Zacoff a donné à Maria toute la légèreté enthousiaste et les tonalités justes de son magnifique soprano, une voix entraînée et formée à la discipline de l'opéra. Penelope Armstead-Williams donne toute sa puissance tragique au personnage fier d'Anita, qui ajoute les affres d'un viol collectif à la désespérance ultime d'avoir perdu l'homme qu'elle aime. John Wojda donne un lieutenant de police tout aussi convaincant que l'officier Krupke de Mel Shrawder.
Ce spectacle minutieusement préparé, parfaitement rôdé, exécuté par des artistes aussi compétents qu'enthousiastes, a reçu des applaudissements nourris tout au long de ce soir de première qui s'est terminé sous les crépitements d'une standing ovation plus que méritée.
A voir au Deutsches Theater jusqu'au 27 avril 2014.  Tickets via le site du Deutsches Theater.
Photos © Nilz Böhme
Voir aussi le post précédent sur le sujetWest Side Story, le classique de Broadway au Deutsches Theater de Munich


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