L'avant-dernière chance, Caroline Vermalle

Lire un ouvrage de Caroline Vermalle, c'est plonger dans un univers peu abordé, celui des personnes âgées. Caroline Vermalle nous montre toute la douceur de vivre de ces personnes mais aussi la révolte qu'elles peuvent avoir de ne pas laisser le "reste de vie" s'échapper. C'est la sensation que j'avais eue en lisant "l'île des beaux lendemains" et que j'ai retrouvée dans "L'avant-dernière chance".

Georges et Charles sont retraités et voisins. Après 20 années à boire des tisanes ensemble après la sieste ou parler de la météo, des nouvelles et des petits enfants, ils mettent en place un projet fou, faire le tour de France...en voiture bien-sûr. Tels deux ados, ils sortent les cartes, montent leur itinéraire, choisissent des hôtels et vont avoir le courage de sortir de leur routine pour "découvrir le monde". Mais cette périlleuse entreprise, Georges ne peut en parler à sa fille, qui c'est sûr, s'inquiète de trop pour sa santé et le ferait enfermer. Il attend alors que sa fille parte deux mois pour un trek...mais c'est sans compter sur le fait que sa petite-fille, Adèle, va découvrir ce projet. Adèle, du haut de ses 22 ans, découvre alors son papy d'un autre oeil et va commencer à échanger des textos avec lui et s'en rapprocher...ce grand-père va découvrir l'amour, l'envie d'échanger avec sa petite fille, va se rémémorer quelques moments passés avec elle quand elle était petite, va faire de drôles de rencontres et un grain de sable va faire s'emballer le projet et nos coeurs...Je ne peux en dire plus sous peine de spoiler et ce serait vraiment trop dommage mais à partir de ce grain de sable, les sentiments se dévoilent, les relations aussi et pour ma part les émotions se sont bousculées.

Aborder la vieillesse n'est pas un thème simple et Caroline Vermalle perçoit et décrit avec finesse les émotions, les révoltes, la nostalgie et l'envie de vivre encore de ces personnes. Il y a une qualité littéraire, une bienveillance aussi chez cette auteure pour ces personnes. Le point de vue de la fille m'a également touché car comment faire face à des parents qui vieillissent? Faut-il trop les couver? les laisser respirer? s'affoler à chaque passage à l'hôpital en se disant que c'est la fin?

J'ai refermé le livre en ayant une folle envie d'appeler mes grands-parents car la jeunesse se croit invincible, débordée et elle passe avec indifférence devant ces grands-parents qui nous ont gardés un jour, une semaine, des vacances entières et quand on se réveille pour leur dire "merci" ou "je me souviens de ce doux moment" ou "j'appréciais quand tu me faisais des oeufs à la coque", il est trop tard et ces personnes, qui ont veillé sur nous, sont parties. Voilà ce que m'a inspiré le livre de Caroline Vermalle, alors un grand merci si des appels sont passés grâce à vous après la lecture de ce livre et merci ma stephie pour la découverte de ce roman.