Dans Décharge n°161 de mars 2014, j’ai retenu trois poèmes qui pourront vous donner un aperçu du climat poétique de cette revue.
Marilyse Leroux
Ta voix est cet espace
où tremble la fleur de rien
Elle pourra mourir
entre deux souffles
comme on pousse une porte
machinalement
Rien n’aura changé
L’air qui passe
est plus léger
que les mots
Denis Hamel
blues
La chair et le rêve marchent sur un même chemin
ce sont de vieux amis
en-dessous de la chair il y a le squelette
en-dessous du rêve il y a
une rivière de sang
dehors l’horrible soleil éclate de rire
quelques gouttes de parfum tombent dans la poussière
les femmes nues dans les magazines
appartiennent à une cité idéale
oh, moisissure du moi
je voudrais me coucher et ne plus jamais écrire
je voudrais
ne plus jamais être amoureux
Véronique Janzyk
5.
Garder les yeux
Ouverts
Le plus longtemps possible
Ouverts
Ne pas compter
Compter
Conduit à cligner
A accompagner
Les chiffres
De mouvements de paupières
Ne pas respirer non plus
Respirer conduit à cligner
Ne rien regarder
Parce que
regarder appelle respirer
C’est l’exercice
En apnée
De ne rien voir
De ne pas respirer
Et d’abolir le temps