Will Ferrell est l'un des types les plus drôles du monde. Il suffit de le regarder dans les yeux pour qu'arrive une envie irrépressible de se marrer. Will Ferrell n'a pas tout à fait une tête de con, mais disons qu'il n'a pas besoin de se forcer beaucoup. Et c'est pour ça qu'on l'aime.
On l'aime aussi parce qu'il sait s'écrire des rôles parfaits. Rappelez-vous Ron Burgundy, le présentateur-tocard. Et Ricky Bobby, le pilote de NASCAR tocard. Ou même, en retournant un peu en arrière, l'un des deux frangins d'Une nuit au Roxbury (oui, un tocard). Non-sens, absurde, grossièretés, stupidité massive, délires à foison, et un goût prononcé pour le ridicule. Mais pas le genre de ridicule qui gêne. Celui qui fait rire aux éclats, se taper sur les cuisses, faire pipi dans sa culotte. C'est ça, Will Ferrell : un auteur-acteur du tonnerre.
Sauf que voilà (bah oui, évidemment, il fallait bien un "sauf que voilà") : the Will ne joue pas que dans les films qu'il écrit. Ça peut donner l'hilarante prestation qu'il livre dans Serial noceurs ("Momma! Meat loaf!" à hurler en tapant des pieds). Ou alors, des films poliment rigolos mais pas franchement irrésistibles, comme Les rois du patin ou ce Semi-pro qui avait pourtant tout pour devenir un nouveau monument. Basket-ball et ambiance old school : pour sûr, ce film sentait bon le grand n'importe quoi. Par moments, on touche ce rêve du doigt, lorsque le joueur-entraîneur-président-promoteur des Flint Tropics, Jackie Moon (quel joli nom), pense moins à jouer au ballon qu'à attirer les spectateurs dans les salles. D'où une succession de petites scènes délicieusement incongrues, dont un combat avec un ours et autres joyeusetés.
Malheureusement, le film souffre des mêmes défauts que Les rois du patin. Il finit par se concentrer de façon un peu trop sérieuse (façon de parler) aux enjeux sportifs, et Dieu sait qu'on se fiche bien de voir les héros gagner ou non. Et il semble tellement écrit pour Ferrell qu'il néglige copieusement les seconds rôles. Même si peu habitués au genre, Woody Harrelson et André Benjamin auraient sans doute pu être hilarants, ou au moins servir idéalement la soupe à leur partenaire. Ils n'ont malheureusement que peu de choses à défendre, et ne semblent présents que pour combler les trous du scénario (alors qu'on s'en fout) et de l'équipe des Tropics. Dans Les rois du patin, on n'était pas mécontent d'échapper un peu au pas très drôle Jon Heder ; ici, on est un peu triste de passer à côté de ces deux acteurs de qualité.
Reste qu'un Ferrell un peu moyen donne toujours l'occasion de rire plus souvent qu'à son tour ; ce Semi-pro est tout de même un film souvent drôle et attachant, qui fait sympathiquement patienter en vue de l'explosif Step brothers, signant le retour de Will Ferrell l'auteur. On en salive d'avance.
6/10