Je renaîtrai de vos cendres de Elisabeth Brami 3,5/5 (29-03-2014)
Je renaîtrai de vos cendres (243 pages) est publié le 18 janvier 2012 aux Editions Flammarion, dans la collection Emotions.
L’histoire (éditeur) :
Shosha est en terminale. Voici son journal et plus encore. Shosha se sent comme un volcan prêt à cracher à tout moment ses laves brûlantes. Depuis qu'elle est née, c'est plus fort qu'elle, tout l’écœure et l'enrage. Que comprendre de ce feu intérieur qui l'embrase et l'épuise ? Comment faire le choix de la vie, et surtout en cette année où l'Histoire la rattrape ?
Mon avis :
Shosha, 17 ans, est un ado en colère. Pire même, c’est un véritable volcan à deux doigts d’entrer en éruption. Elle réfléchit, pense, ressasse, et alimente son torrent de colère, de tristesse et de mal être qu’elle choisit de déverser dans un journal.
Quand elle ouvre son journal, elle entre en Terminale. En quittant Paris pour la banlieue, pour la maison familiale où tonton Yanek, dépressif, a mis fin à ses jours, elle espère un peu de répit. Mais cet espoir s’envole aussitôt. Pas d’amis (faut dire qu’elle n’y met pas du sien), la prof de philo toujours sur son dos et les parents qui s’y mettent aussi. Quand en plus au programme scolaire on impose un investissement tout particulier pour la seconde guerre mondiale et la Shoah, c’en est trop pour Shosha. Exclue de tout, elle l’est même de l’Histoire. Le sujet ne la touche pas plus que ça et en vient même à l’agacer à force de matraquage médiatique et de rabâchage morbide. Avec l’aide d’un professeur de Lettres, qui l’oriente vers la littérature, elle tente de trouver des réponses à sa présence sur terre, sur ses origines et plus largement sur l’histoire de sa famille.
Je renaîtrai de vos cendres est un roman jeunesse qui fait partie de la collection Emotions. L’émotion mis en avant par ce roman est la colère, et pour se faire l’auteure a choisi d’utiliser le thème du mal-être, un sentiment et un état d’esprit que beaucoup d’adolescents connaissent. La situation de Shosha est tout de même particulière et poussée à l’extrême. Sa révolte est née dès sa venue au monde et n’a cessé d’être alimentée par des vérités trop ouvertement exprimées du côté de sa mère, tandis que d’autres faits sont gardés secrets, pour l’épargner et ne pas la blesser.
J’ai trouvé que le thème était très bien exprimé. L’auteur a parfaitement su se mettre dans la peau d’une jeune fille de 17 ans qui n’arrive pas à trouver sa place et à exprimer sa haine et sa rancœur. Par contre, la narration devient vite redondante. Le sentiment de culpabilité se transforme en paranoïa et en devient répétitive, pesante, longue et énervante. Shosha se complait dans sa détresse et on se demande si elle ne va pas finir comme tonton Yanek. Il en devient peut être un peu difficile de se retrouver dans ce récit et dans ce personnage, un peu trop démesuré selon moi.
Sa rencontre avec la « prof de l’être » change la donne, en ouvrant le récit sur le thème des secrets de famille. Même si on comprend vite où l’auteure nous emmène, j’’ai pris plus de plaisir avec cette seconde partie que j’ai trouvée plus positive et plus intéressante. C’est vrai que le lecteur adulte aura très vite saisi toutes les ficelles de l’intrigue (les trouvant aussi un peu grosses), mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un texte jeunesse destinée à des 13-16 ans, qui je pense auront plaisir à découvrir le cheminement de Shosha.
Construit sous forme de journal intime, le texte mélange narration à la première personne, citations d’auteurs, de politiques, de philosophes et d’acteurs, ainsi que des poèmes, qui n’apportent rien de plus à l’histoire, mais qui insistent joliment sur l’état d’esprit de Shosha à chaque nouveau chapitre.
En bref : Je renaîtrai de vos cendres colle parfaitement au thème de la collection. C’est un roman très (trop) subjectif qui possède de belles qualités.
Lecture partagée avec Natiora (avis à venir)