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Hans Richter (au Martin-Gropius-Bau)

Publié le 01 avril 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Samedi, 29 mars 2014, vers 16h00. Exposition Hans-Richter au Martin-Gropius-Bau à Berlin. Lorsque j'arrive au deuxième étage et entre dans l'espace d'exposition, je vois des chapeaux melons virevolter sur le mûr en face de moi, comme s'ils étaient portés par des fantômes : ''Vormittagsspuck'' (film de 1928).

 

"Vormittagsspuk" de Hans Richter (1928)

A ma gauche, deux salles en enfilade. Dans la première se trouvent les tableaux de la période plus expressionniste de Hans Richter, des extraits du cahier n°3 de Dada, contenant ''Salive américaine'' de Francis Picabia, ''A plusieurs voix (fragment de Tohu)'' de Raymond Radiguet ou encore ''La joie des 7 couleurs'' de Pierre Albert-Birot. Contre un mûr sont projetés ''Emak Bakia-Cinépoème'' (1926) de Man Ray, ainsi qu' ''Entr'acte '' (1924) de René Clair et Francis Picabia. A une pluie de clous en négatif, succède un homme situé juste au cul d'un char funèbre. Il mange le pain en forme de couronne mortuaire accroché au véhicule devant lui, avant que le cortège funéraire dont il fait partie, ne s'ébranle en sautillant et en allongeant de grands pas en avant, tels des chevaux impétueux et peu gracieux.

 

"Emak-Bakia" de Man Ray (1926)

La deuxième salle renferme essentiellement des portraits dessinés. Certains sont de Hans Richter comme ceux qu'il a fait de ''Raoul Haussmann'' (1915) et de ''Johannes Baader (1915), mais on y trouve aussi des portraits réalisés par Ludwig Meidner (Porträt von Alfred Wolfenstein – 1921) ou encore par Oskar Kokoschka (Porträt von Walter Hasenclever – 1918).

Hans-Richter_Portrait-de-Johannes-Baader-1915

"Portrait de Johannes Baader" par Hans Richter (1915)

Dans les autres salles situées à la droite de la première aux chapeaux fantomatiques, sont exposés des travaux plus formels de Hans Richter, tels que ''Fuge'' (1920) ou ''Rhytmus 23'' (1923). Ces œuvres ressemblent à une sorte de story-board linéaire pour animation de formes géométriques simples. D’œuvres spontanées, très empreintes de gestes, d'images, de mots forts on passe à quelque chose de très minimal, structuré, constructiviste. Aux travaux de l'artiste central de cette exposition, s'ajoutent des extraits de films de Sergej Eisenstein (''Oktober, 10 Tage die die Welt erschütterten''), de Man Ray (''L'étoile de mer'' – 1928), de Walter Ruttmann (''Lichtspiel'' – Opus I-IV – 1921-1925), mais aussi un autoportrait d'El Lissitzky (''Selbstporträt : Konstructeur'' – 1924) ou encore ''Not wanting to say anything about Marcel'' (1969) de John Cage, qui m'a donné l'impression de voir des mots flotter, sombrer dans un aquarium.

 

"L'étoile de mer" de Man Ray (1928)

Bref, une exposition riche autours des travaux de Hans Richter, eux-mêmes entourés d’œuvres d'autres artistes comparses ou tout simplement contemporains de ce berlinois de naissance (1888) et décédé en 1976 à Locarno en Suisse. Histoire d'asseoir le tout dans une chronologie, dans des contextes. Une belle exposition qui m'a donné envie d'écouter à nouveau ''Road movie en béquilles'' de Nonstop et ses textes qui ont beaucoup à remercier à l'écriture dadaïste. Die Hans Richter Ausstellung est programmée jusqu'au 30 juin 2014. Et à ne pas manquer non plus au même endroit : ''Evidence'' d'Ai Wei Wei (du 03.04. au 07.07.2014), ainsi que la rétrospective autour de David Bowie (du 20.05 au 10.08.2014).

Cyril


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