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CINEMA: "Au bout du conte"/"Under the Rainbow" (2013)

Par Bullesdeculture @bullesdeculture

Quatre ans après, voici le 7ème long métrage écrit par le duo Bacri/Jaoui et le 4ème long métrage réalisé par Agnès Jaoui. Au bout du conte (2013). Après le goût (Le Goût des autres, 2000), l'image (Comme une image, 2004) et la pluie (Parlez-moi de la pluie, 2008) , le duo s'attaque au conte avec une galerie de personnages confrontés à leurs croyances respectives (l'amour, la foi, etc.). Mais en a-t-on pour son conte ?
Four years later, here is the seventh feature film written by the team Bacri/Jaoui and the fourth feature film directed by Agnès Jaoui: Under the Rainbow (2013). After the taste (The Taste of Others, 2000), the look (Look at Me, 2004) and the rain (Let's Talk About the Rain, 2008) the duo are interested in tales with a cast of characters facing their respective beliefs (love, faith, etc.). But what have we got under this rainbow?

Avec ce film, ce qui intéresse Jaoui et Bacri est ce qui se passe quand le conte est fini, après le fameux après "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Il s'agit donc pour eux de réactualiser les codes du conte et d'en jouer. Force est de constater que même après, rien n'a changé : une princesse cherche toujours son prince charmant. La princesse, c'est la jeune et riche héritière Laura (Agathe Bonitzer). Comme prince charmant, elle a deux options : être la Belle aux bois dormants du jeune mais fauché compositeur Sandro (Arthur Dupont) ou être le Petit chaperon rouge dans les bras du plus riche et plus expérimenté Maxime Wolf (Benjamin Biolay). Bien sûr, il y a aussi une belle-mère, Fanfan (Béatrice Rosen) aux visages refaits, et une fée marraine avec la tante de Laura, Marianne (Agnès Jaoui). Enfin, pour ancrer l'univers du conte dans la réalité, il y a des jeux d'inversion : inversion de personnage avec le père de Sandro, Pierre (Jean-Pierre Bacri), l'anti-Gepetto qui n'aime ni les contes ni les enfants ; inversion de situation avec la scène du "bal" où ce n'est plus la princesse mais le prince qui part à minuit en perdant une de ses chaussures.
Si le scénario utilisent parfois des ficelles un peu trop faciles (comme par exemple, les noms de personnages très explicites que sont Wolf et Marianne), il recèle de très bonnes scènes comiques dû au talent certain du duo à créer des situations cyniques et drôles à partir des travers de nos contemporains. Il faut aussi reconnaître à Jaoui son à-propos dans ses choix de casting. On pense bien évidemment à l'excellente Anne Alvaro dans Le Goût des autres mais aussi au surprenant Benjamin Biolay dans Au bout du conte. Dans le rôle du méchant loup, celui-ci est d'une évidence et d'une présence remarquables. On notera également la présence de Clément Roussier, déjà vu dans la série télévisée Ainsi soient-ils. Il joue ici un ami de Sandro et sa façon de positionner son corps à l'image et de poser sa voix ont un petit quelque chose des jeunes oisifs des films de la Nouvelle Vague.
Mais mis à part ces qualités, force est de constater que depuis son premier coup d'éclat (4 César pour Le Goût des autres), Agnès Jaoui n'a jamais su proposer un regard cinématographique. Et même si pour la première fois, elle ose quelques effets de style à l'image et au montage, elle ne parvient pas à interroger le conte en dehors de l'écrit. Elle filme des personnages dans des décors mais elle n'arrive pas à nous emporter au milieu de corps et d'espaces.
En fin de compte, si le nouveau film d'Agnès Jaoui nous a séduit dans le fond, il nous a laissé sur notre fin dans la forme. Et vous, en aurez-vous pour votre conte ?


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