Évoquer les collections du musée de Boulogne-sur-mer, c'est penser immédiatement aux masques rapportés par Alphonse Pinart de l'archipel Kodiak en Alaska à la fin du XIXème !
Bien sûr, il s'agit là d'une vision réductrice puisque le musée conserve également une très importante collection d'objets océaniens dont nous parlerons dans une prochaine note.
À l'origine, le noyau des collections ethnographiques est constitué par le cabinet de curiosité du chevalier Leroy de Barde, Peintre du Roi sous Louis XVIII.
Le musée ouvrira ses portes au public le 4 novembre 1825.
Le cabinet de Leroy de Barde comportait essentiellement des spécimens d'histoire naturelle mais comptait cependant 288 "curios" venant des "sauvages".
Cette collection fut probablement constituée entre 1797 et 1820 en Angleterre.
(Source R. Boulay, article Les collections océaniennes du musée de Boulogne-sur-mer ).
Ce noyau d'objets extra-européens s'enrichira par la suite des dons de ressortissants anglais dans la première moitié du XIXème siècle puis, grâce à l'intervention de l'Amiral de Rosamel (devenu ministre de la Marine et des colonies en 1836) auprès des grandes expéditions telle celle de l'Astrolabe qu'il avait commanditée.
Enfin, c'est Ernest Théodore Hamy, fondateur du Musée d’Ethnographie du Trocadéro, qui se penchera sur le berceau du musée de Boulogne-sur-mer, en l'enrichissant directement ou indirectement par le biais de rencontres importantes telles celles de Maurice Mandron et Alphonse Pinart.
Ce derniert nait à Marquise (nom prédestiné !)... dans le Pas de calais en 1852. Il s'embarque à 19 ans pour "l'Amérique Russe" afin de comprendre le peuplement du Nouveau Monde par une étude linguistique. C'est ainsi qu'il va s'installer 6 mois à Kodiak et à Afognat, villages d'une presqu'île aléoutienne.
Il peut ainsi étudier la culture Sugpiat dans laquelle il est immergé. Il s'agit d'une société de chasseurs de mammifères marins. Les masques étaient utilisés lors des fêtes d'hiver, cérémonies au cours desquelles ils dansaient ; rites probablement à la fois propitiatoires car il s'agissait d'obtenir de prochaines chasses fructueuses et à la fois funéraires.
Ces masques impressionnants par leur forme brute et leur éclatant polychromie n'ont pas les yeux percés : ils ne devaient pas être portés, mais accrochés sur des sortes de portiques. Certains, plus petits devaient peut être danser dans les mains ?
Alphonse Pinart s'est peu intéressé aux masques, c'est pourquoi nous manquons d'informations à leur sujet. Il a surtout essayé de prouver que les langues d'Alaska étaient voisines de certaines langues asiatiques mais il semble que ses notes soient lacunaires. Il rentrera en France en 1875 avec plus de 200 objets collectés mais ne retournera jamais en Alaska ; ses prochaines missions le conduiront en Océanie.
à suivre... et quelques éléments complémentaires dans une note de janvier 2009.
Photos de l'auteure au musée de Boulogne-sur-mer, mars 2014.