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Critique Ciné : Avis de Mistral, sous les oliviers

Par Delromainzika @cabreakingnews

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Avis de Mistral // De Rose Bosch. Avec Jean Reno, Anna Galiena et Chloé Jouannet.


Après s’être égaré au milieu de la très mauvaise série Jo, Jean Reno est de retour au cinéma dans un film surprise, mêlant modernité au passé avec un certain sens du rythme, de la joie et de la bonne humeur. Le film est un peu bordélique mais Rose Bosch est parvenue à délivrer un objet adorable qui nous donnerait presque envie d’aller passer un week-end loin de la grisaille de nos grandes villes pour aller batifoler dans les arènes et draguer le pizzaiolo du coin. On ne passe pas à côté des clichés du Sud (l’apéro au pastis, la pétanque, les cigales, etc.) mais ce n’est jamais mal exploité dans le sens où c’est souvent pour apporter au film un ressort soit comique soit dramatique. Balayant ainsi tout un tas de thématiques (les problèmes relationnels familiaux, les premiers amours, le conflit générationnel, l’amitié, etc.), Avis de Mistral est un recueil rafraichissant de fantaisie. Sans jamais se laisser avoir par la vieille France qui picole, le film utilise ses personnages adolescents pour donner un coup de jeune au film, notamment au travers des dialogues plutôt inspirés et drôles. Tout n’est pas nécessairement réussi dans cette comédie dramatique mais il y a suffisamment de choses pour se laisser séduire.
Léa, Adrien, et leur petit frère Théo, sourd de naissance, partent en vacances en Provence chez leur grand-père, Paul « Oliveron », qu'ils n'ont jamais rencontré à cause d'une brouille familiale. Ce ne sont pas les vacances dont ils rêvaient, surtout que leur père a annoncé la veille qu'il quittait la maison. En moins de 24 heures, c'est le clash des générations, entre les ados et un grand-père qu’ils croient psychorigide. A tort. Car le passé turbulent de Paul va ressurgir et les Seventies vont débarquer au fin fond des Alpilles. Pendant cet été tourmenté, les deux générations vont être transformées l'une par l'autre.
A commencer par Jean Reno. Je crois que je n’avais pas vu l’acteur aussi bon dans un rôle depuis un bout de temps. Il faut dire que ces dernières années il n’a pas eu beaucoup de chances avec des rôles de seconde zone. Avis de Mistral est un moyen pour lui de nous donner envie de le retrouver. Généralement, avec un tel pitch, il y avait de quoi s’attendre à un téléfilm du lundi soir qui aurait eu droit à sa sortie cinéma mais il n’en est rien. Dans des décors pétillants et sentant bon les vacances. La première partie du film se concentre sur le conflit générationnel entre les grand parents qui ont vécu dans les années Woodstock et leurs petits enfants qui s’apparente aux bobos d’aujourd’hui, préférant la vie parisienne aux champs de pâquerettes. La confrontation est assez bien fichue, notamment car les dialogues de Rose Bosch sont inspirés. Cette dernière, déjà à l’origine de La Rafle revient ici à quelque chose de beaucoup plus joyeux et ce n’est pas plus mal. Avis de Mistral ne s’éloigne pas des clichés du sud de la France et pourtant, ce n’est pour une fois pas si dérangeant.
Il n’y a pourtant rien d’original dans la mise en scène (c’est même l’un des aspects les plus décevants) mais le casting est bon. A commencer par Hugo Dessioux (Fonzy), plutôt talentueux, au jeune Lukas Pelissier, touchant comme tout sans parler du caméo de Michel Drucker (bien qu’inutile tout de même). J’ai aussi trouvé intéressant le fait que Avis de Mistral soit bourré de chansons actuelles tout en conservant l’aspect plus rustique (la reprise de « Forever Young » par tout le monde par exemple avec Hugues Aufray à la guitare). Il y a des déceptions aussi, comme Tom Leeb (Sous le Soleil) toujours aussi mauvais mais ce n’est qu’un détail. Je n’ai pas à me sentir coupable d’avoir pris du plaisir devant ce petit film sans prétention aucune. Il y a derrière des clichés oui mais pas de morale pompeuse et ennuyeuse. C’est joyeux avec quelques bons sentiments bien sentis. Que demander de mieux en somme. Et puis quel plaisir de voir Jean Reno dans un bon rôle, lui habituellement cantonné à des trucs nanaresques (son dernier rôle français en date c’est tout de même dans la bouse monstrueuse Les Seigneurs).
Note : 7/10. En bref, sans respirer trop le pastis et les cigales, Avis de Mistral se forge le caractère à base de conflits générationnels ciselés et de bonne humeur constante.


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