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Meg Wolitzer : La position

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La position  de Meg Wolitzer   3/5 (12-03-2014)

La position  (398 pages) est paru le 13 mars 2014 aux Editions Sonatine.

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L’histoire (éditeur) :

1975. Au plus fort de la révolution sexuelle, Paul et Roz Mellow publient un guide du plaisir amoureux, décrivant la plupart des positions connues, illustré de dessins représentant le couple d’écrivains en action. Lorsque leurs quatre enfants, âgés de 6 à 15 ans, découvrent par hasard le livre, le choc est de taille. 2005. À l’occasion d’un projet de réédition du livre, la famille se réunit. Paul et Roz sont aujourd’hui divorcés. Quant aux enfants, qui ont grandi dans un contexte social radicalement différent de celui de leurs parents, ils sont tous, à des degrés divers, marqués par la vie libérée de ces derniers. (…)Tous se cherchent eux-mêmes dans une société de plus en plus cloisonnée.

Mon avis :

En commençant La Position, je m’attendais à passer un moment avant tout basé sur l’humour. Ça n’a pas été vraiment le cas. Non pas que j’ai passé un mauvais moment (loin de là), c’est juste que je n’ai pas spécialement ri, souri tout au mieux, car pour être franche j’y ai trouvé beaucoup plus de tristesse et de mal être dans ces pages que l’humour escompté…

Quand en 1975 à 13 ans Michael tombe sur un livre spécial rangé sur une étagère de la chambre de ses parents hors de question qu’il garde son contenu pour lui, incapable d’assumer seul ce qu’il y découvre. Alors il profite d’une des sorties du couple pour réunir ses frères et sœurs de 15, 8 et 6 ans et visionner plus attentivement ce guide du plaisir amoureux richement illustré par des dessins explicites représentant leurs parents.

28 ans plus tard, on retrouve Michael, prié par sa mère en Floride de retrouver son ex-mari afin de le convaincre d’accepter la réédition du livre. Plus largement, nous retrouvons Claudia 34 ans, qui revient sur les lieux de son enfance pour y tourner un film de fin d’étude, Dashiell 36 ans, en couple avec Tom et malade, et (avec parcimonie) Holly 43 ans qui a rompu les liens avec la famille Mellow.

« Aucun n’était capable de détacher son regard du livre : assis au premier rang, ils assistaient à un spectacle rare – la scène primale – et le lourd rideau cramoisi leur avait dévoilé les mystère de l’amour, privilège et liberté d’ordinaire refusés aux enfants. 

Je peux essayer ça avec Adan Selig ? se demanda Holly (…)

Qu’est ce que je les déteste, songea Michael (…)

Si j’attrape le livre et je l’amène à la décharge de Wontauket, est ce que ça va le faire disparaiîre ? S’interrogea Dashiell (…)

Je veux finir ma vie seule, avec mes trolls, se dit Claudia (…)

Voilà ce qu’ils font dans leur lit, conclurent les enfants, désormais initiés. » (page 37)

La position utilise un point de départ cocasse, bien dans son époque, celle des années 70 et de la libération sexuelle, mais sonne plus comme l’échec des responsabilités parentales. Les quatre enfants sont devenus des adultes qui ont mal grandis, portant chacun l’héritage familiale, ce poids des erreurs, du mariage et d’une éducation ratés. Bref, ces quatre Mellow ressortent de l’enfance inadaptés, boiteux et mal dans leur peau.

Ça été une  lecture en dents de scie. Je me suis parfois lassée et à d’autre moments j’ai été totalement absorbée par le récit de cette famille. Meg Wolitzer explore avec tendresse et doigté les méandres de cette famille. Ses personnages sont parfaitement dessinés et leur évolution est décrite avec ironie mais aussi gravité. Elle aborde beaucoup de thèmes (le sexe, les relations familiales, l’amour, la reconnaissance, la maladie, le pardon…) et observes intelligemment  la génération d’après sixties dans une intrigue un peu longue (voguant entre le passé et le présent) mais joliment écrite et dont chaque personnage a réussi à me toucher. Plus je prenais la mesure de leur mal être et plus j’avais besoin d’en savoir plus pour savoir s’ils allaient enfin finir par s’en sortir et réussir à se libérer du fardeau familiale et de leurs problèmes personnels, comme si leur destin m’importait.

« Les quatre enfants semblaient identiques à ceux que les parents avaient laissés au début de l’après-midi. Ce que Roz et Paul ne pouvaient pas savoir, c’est qu’entre temps les enfants avaient subi, par la faute du livre, une métamorphose aussi fulgurante que frénétique. A l’heure de leur retour, les quatre rejetons étaient méconnaissables, même si la transformation se manifestait beaucoup plus tard et, là encore, de façon très subtile. » Page 144

En conclusion : ne vous attendez pas à trouver une bande de joyeux loufoques, libres et libérés, ni pour autant des êtres malades et traumatisés. Il s’agit juste de personnages marqués par certains choix parentaux, et donc un livre plus grave qu’il n’y paraissait au départ. Meg Wolitzer  propose un premier roman ambitieux et réussi, malgré des moments un peu plus mous et longs.  Cette saga familiale  ne vous laissera pas indifférent.


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