Au milieu des années 90, la République du Congo est ravagée
par à une guerre civile entre sudistes et nordistes. A Gamboma, une petite
ville du nord, les partisans du président Lissouba règnent en maître. Benjamin
est l’un deux. Ce trentenaire, qui a commis de nombreuses exactions, se fait appeler
"Sous-off" par la population et sème la terreur partout où il passe. Il fascine aussi. Beaucoup. Notamment Nicolas, le narrateur, un gamin de 14 ans bien sous tous rapports. Bon élève, bon camarade et bon fils d'une mère qu'il admire, Nicolas déambule avec Benjamin dans les rues de Gamboa et apprend à ce dernier les codes et les usages d'une ville jadis paisible en proie à la violence et à l'arbitraire.
Une chronique douce amère, sans doute très autobiographique, dont la légèreté peut paraître
surprenante eu égard au sujet. Le quotidien d’une population en proie à la
guerre civile n’a à la base rien de réjouissant. Mais le traitement à hauteur d’ado
apporte une certaine fraîcheur et la multiplication des personnages secondaires
dynamise l’ensemble. Personnellement je
retrouve dans ce texte le coté savoureux et un peu nonchalant propre à nombre de
romans africains ou à la littérature caribéenne. La filiation avec Alain Mabanckou,
Raphaël Confiant ou Dany Laferrière est également perceptible dans l’inventivité
linguistique dont font preuve les Gabomais.
Malgré quelques passages dérangeants et des scènes
difficiles, surtout celles concernant le traitement réservé aux femmes, je ne peux m’empêcher
de trouver ce premier roman plein de vitalité. Maintenant je comprends aussi qu’il
puisse être déroutant pour plus d’un lecteur. Question d’habitude sans doute. Mais
si vous voulez découvrir un jeune auteur congolais prometteur et une littérature quelque peu singulière, c'est le livre idéal.
Un ouvrage ramené du salon du livre avec Noukette. C'est donc en toute logique que je partage avec elle cette nouvelle lecture commune.
Un yankee à Gamboma de Marius Nguié. Alma, 2014. 84 pages.
12 euros.