Revue de neuropsychologie
2011/4 (Volume 3)
Pages : 92
DOI : 10.3917/rne.034.0205
Éditeur : John Libbey Eurotext
Par Hervé Platel
Extrait
"Cet engouement pour des méthodes « thérapeutiques » fondées sur l’utilisation de supports artistiques s’exprime très officiellement par les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) dans un document datant de 2008. Dans le chapitre concernant la prise en charge des troubles du comportement des patients Alzheimer, la musicothérapie est le premier exemple proposé. De même, dans un document de février 2009 de l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux), musique et danse font partie des premiers exemples de « thérapeutiques non médicamenteuses ». Il y a certainement une ambiguïté fondamentale à utiliser le terme de thérapeutique dans le contexte des maladies neurodégénératives, même si chacun sait que les objectifs affichés sont d’aider à la diminution des troubles du comportement. Cependant, même en le délimitant à ce dernier objectif, que savons-nous des effets spécifiques des pratiques d’ art- thérapie sur la diminution des troubles du comportement ? Comment expliquer, d’un point de vue neuropsychologique, que la perception de la musique, la pratique instrumentale ou le chant, ou encore la réalisation de peintures, par des patients Alzheimer produisent un éveil cognitif incontestable, une satisfaction et un plaisir palpables, et une augmentation de la qualité relationnelle ? De notre point de vue, les liens particuliers et peut-être privilégiés qu’entretiennent les arts et le cerveau ont été dans ces questions trop souvent et trop longtemps négligés."