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Psychiatrie à domicile : premier bilan

Publié le 04 avril 2014 par Lana

TOURNAI - Les équipes mobiles en santé mentale du réseau Hainaut occidental ont expliqué où elles en étaient deux ans après leur installation.

«Quand vous allez à domicile, vous constatez que la personne à laquelle vous avez affaire n’est pas seulement quelqu’un qui a un problème psychiatrique: vous constatez la globalité des besoins d’une personne…»

Tel est le point de vue exposé la semaine dernière par Jean-Luc Hoebanx, qui fut le premier coordinateur du projet 107 en Hainaut occidental, aujourd’hui jeune retraité (son successeur est en cours de recrutement).

Du témoignage des équipes mobiles, il ressort qu’il y a effectivement une grosse différence avec le travail en institution psychiatrique, «à l’intérieur de murs cadrants», où l’on a tendance à ne voir la personne que comme un malade à soigner. Quand on va à domicile, «dans des lieux insolites, parfois inquiétants», on est davantage confronté à l’humain. C’est plus riche, plus dense, mais c’est aussi plus compliqué. «On voit et on sent beaucoup de choses, qui parfois nous dépassent» dit par exemple une infirmière.

«Un cas qui nous paraissait simple au départ ne l’est plus à l’arrivée» dit une autre, exemple à l’appui. Elle décrit la situation d’un septuagénaire, marié, père de deux enfants, qui souffre d’Alzheimer et d’alcoolisme. En plus, il est malvoyant, de sorte qu’il sort peu et s’ennuie. Son cas a été signalé par la clinique La Dorcas, où il était hospitalisé, et par son médecin traitant. Son épouse craint le retour à domicile de son mari, lequel a tendance à minimiser sa situation. On se rend compte que l’épouse a autant besoin d’aide que son mari: elle aussi est alcoolique, elle est inquiète pour ses quatre petits-enfants qu’elle pense en danger, elle veut aider les membres de sa famille, mais elle est vite fatiguée et a des douleurs dans tout le corps…

Comme les équipes mobiles travaillent avec toute un réseau, elles peuvent s’appuyer sur celui-ci pour aider le couple en difficulté: Alcooliques Anonymes, SOS Enfants, kinésithérapeutes, lieux de rencontre etc.

«Je suis sortie de la psychiatrie pour entrer dans le monde de la santé mentale, conclut l’infirmière. Pour cela, il faut entrer en relation avec un usager, et cela ne va pas de soi, car il n’y a pas de modèle préétabli. Cela demande de la délicatesse, de l’humilité, de la pudeur, de l’humour, une capacité à se laisser surprendre et à garder une juste distance thérapeutique: trop de proximité tue la parole, pas assez l’éloigne. La relation humaine n’est pas accessoire au traitement. Elle est le traitement lui-même.»

François DESCY

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20140402_00457621


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