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Le modèle scandinave

Publié le 06 avril 2014 par Wtfru @romain_wtfru

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En cas de coup dur, il est chose commune de mettre en place tout un tas de mécanismes de défenses naturelles pour franchir les obstacles. Oubliez de suite votre Actimel de Danone du p’tit déj car au cas où vous ne le saviez pas déjà, vous vous prenez la quenelle marketing à chaque gorgée du liquide concentré en  lactobacillus casei. Par défenses naturelles nous entendons l’affirmation de son identité, la défense de son mode de vie et/ou confort à l’échelle de l’individu et la cohésion sociale puis les mesures économiques de crise à l’échelle du pays. La liste est évidemment non exhaustive, comme toutes les merdes qu’on ingurgite en croyant que ça nous fait du bien.

Ainsi, pendant les moments les plus chauds de la Crise avec un grand « C », les penseurs – ceux qui sont censés réfléchir à notre place – se sont posés la Question avec un grand « Q ». Qui est l’exemple ? Rohff s’est alors proposé, nous avons tout de suite renoncé. Nos yeux se sont alors tourné vers le doigt du sage qui nous montrait la Scandinavie comme modèle. Tout le monde s’est alors empressé de faire les louanges de pays où les meufs sont bonnes, où la vie est chère et où il fait trop froid tout le temps, car oui, voilà tout ce qu’on sait de la Scandinavie. Les Danois, (prenons la Scandinavie dans son ensemble large) représentent la population la plus heureuse d’Europe.  Il est vrai qu’ils affichent une cohésion sociale et un niveau de confiance entre compatriotes particulièrement élevés et que leur industrie porcine leur assure des revenus plus que confortables. Toutefois, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) les classe également parmi les pays qui travaillent le moins d’heures par jour. De cette manière, les danois détiennent aussi le record mondial de l’endettement privé : à titre de comparaison, ils sont quatre fois plus endettés que les italiens. Le fond mondial pour la nature tacle sévèrement les danois sur leur empreinte écologique. Pays à forte consommation de charbon, les champs d’éoliennes ne seraient que de la poudre aux yeux pour un pays qui se hisserait au quatrième rang des pays les plus polluants par habitant. Dur, très dur, sans compter l’augmentation du simple au double du nombre de personnes vivant au dessous du seuil de pauvreté au cours des dix dernières années.

La Norvège, aux aurores boréales fantasmantes, est un peu comme un dealer qui ne consommerait jamais sa dope. Avec des ressources de brut à en faire pâlir les Princes de l’or noir, ils ne se contentent que de la vendre tout en se vantant de n’utiliser que des énergies renouvelables. C’est la première économie mondiale dont les fonds souverains dépendent entièrement ou presque des ventes de pétrole. Beaucoup mettent en garde contre l’influence du lobby pétrolier, qui « isole la Norvège et en fait un pays asocial ». Osons-nous remettre sur la table l’affaire Breivik qui, en juillet 2011, a secoué toute l’Europe ? Evidemment, et sans scrupules, sans compter que le parti politique d’extrême droite dont il a été membre de nombreuses années a remporté son ticket d’entrée à la coalition gouvernementale pour la première fois de son histoire deux mois après la tragédie. 

Au proverbe « mieux vaut être seul que mal accompagné », le finlandais comprend « mieux vaut être seul ». Désormais, nous savons mieux d’où vient ce goût pour la solitude, d’autant plus que la Finlande affiche le troisième taux de possession d’armes le plus élevé au monde, juste après les States et le Yemen. D’accord, la chasse et le sport national, mais une arme qu’elle serve à chasser ou non sert toujours à la même chose. Peu surprenant que le taux de meurtre est le plus fort d’Europe occidentale. De plus, depuis la perte du fleuron de son économie, Nokia englouti par Microsoft, le pays dépend fortement de l’exportation de son papier.

La Suède, reine de la décoration d’intérieur minimaliste et peu confortable, n’est pas en reste. L’Institut suédois de recherche et d’opinion publique a demandé à de jeunes suédois de décrire leurs compatriotes. Les huit adjectifs qui revenaient le plus souvent étaient : envieux, rigides, travailleurs, proches de la nature, calmes, honnêtes, malhonnêtes et xénophobes. La Suède a été pendant l’essentiel du XXe siècle un régime de parti unique. Pays « neutre » et néanmoins parmi les principaux exportateurs d’armes au monde, la Suède poursuit son développement économique en appliquant sa recette particulière de modernisme totalitaire, réduisant les libertés, supprimant toute forme de divergence au nom du consensus. Aujourd’hui, le chômage des jeunes y dépasse la moyenne européenne.

Finalement, les multiples réussites des pays nordiques ne tiennent a priori pas du miracle mais plutôt d’un mélange d’humilité, de pragmatisme et de frugalité. Somme toute, un modèle de société qui convient à la majorité, à ceux qui se plient volontiers au consensus, mais relativement rude envers les têtes qui dépassent.


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