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"L’intranquille" de Gérard Garouste

Par Angelalitterature

L’intranquille – Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou, de Gérard Garouste avec Judith Perrignon, au Livre de Poche, 156 pages, 6€10.

Gérard Garouste est un peintre qui me fascine. Il est l’un des peintres contemporains que j’apprécie le plus. Il raconte des histoires, à sa manière, dans un univers qui lui est propre. On y entre, ou pas. Cet ami de Jean-Michel Ribes est l’un des peintres français les plus reconnus.

Il y a quelques semaines, une émission sur France 5 était consacrée aux bipolaires : "Dans la peau d’un bipolaire" (elle sera rediffusée le 17 avril à 1h00). J’ai découvert que Gérard Garouste était atteint de cette maladie. Je ne m’étais jamais vraiment intéressée à la vie de ce peintre, plutôt animée. En tapant son nom sur internet, l’un des premiers éléments est la publication de ce livre : L’intranquille – Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou. Cette couverture, cette peinture, que j’avais vu des dizaines de fois en librairie, sans m’y intéresser, c’était lui.

Dans ce livre, L’intranquille, il nous raconte sa vie, ses problèmes familiaux, et filiaux surtout. Mais il nous parle aussi de sa femme, qui le soutiendra toujours, et le début de sa bipolarité à l’âge adulte. Une bipolarité qui se déclenche au moment où sa femme est enceinte de leur premier enfant. Ce livre n’est pas une analyse, mais on se pose inévitablement cette question : les problèmes avec le père n’auraient-ils pas une influence sur lui, sur sa propre filiation ?

Selon les époques, les mots me concernant ont changé : on m’a dit maniaco-dépressif ou bipolaire. Un siècle plus tôt, on aurait juste dit fou. Je veux bien.

Mais au-delà de ces questions sur la bipolarité, sur cette maladie qui l’a mené jusqu’à Sainte-Anne, il nous parle de la peinture, de l’art, et nous livre son analyse de l’art contemporain, et sa propre vision de l’art. Il évoque Ben Vautier, Picasso, Duchamp, remonte jusqu’à Vélasquez, Goya, Rubens, ou Greco.

L’avant-garde au musée n’est plus une avant-garde ! La provocation n’est plus une provocation si elle est à la mode ! La France entretient pourtant cette idée comme une vieille mariée, parce qu’elle se flatte et se repent en même temps d’avoir abrité et méprisé les impressionnistes, une bande d’Indiens géniaux qui fréquentaient le même quartier, les mêmes cafés et s’échangeaient leurs toiles faute de les vendre. Comme toujours elle campe sur son histoire, et, d’une révolution pleine de sens, cent ans plus tôt, elle a fait un dogme. Tout ça se termine en un circuit où les coteries et la spéculation vont bon train, où l’empire du luxe, avec la connivence de l’État, achète et revend des millions d’euros des œuvres qui ne dérangent personne.

Gérard Garouste nous ouvre une partie de son intimité dans ce livre. On aurait aimé, peut-être, qu’il nous en dise plus. Mais à nous, désormais, d’aller lire dans ses toiles, ce qu’il n’a pas voulu nous écrire.


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