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Dix idées reçues sur l’Iran qu’on a voulu vérifier

Publié le 09 avril 2014 par Caraporters @Caraporters

Citadelle de Shiraz

1. L’Iran est un pays plein de barbus

Oubliez les terroristes et les intégristes. Les attentats commis en Iran sont rarissimes (le dernier remonte à 2009 vers la frontière pakistanaise). Quant aux fanatiques religieux, on en trouve quelques-uns à Qom, une ville conservatrice au sud de Téhéran, mais pas dans le reste du pays. Et puis, même question « look », à de rares exceptions, les Iraniens ne portent pas la barbe. Ils connaissent nos a priori sur la question et s’en amusent lorsque vous conversez avec eux : « Vous savez, les talibans, ce n’est pas chez nous…».

2. La religion est présente partout

Toutes les femmes doivent porter le voile, c’est la loi islamique. Mais il y en a très peu avec le niqab (le voile intégral). On voit aussi des versets du coran affichés sur les écoles. Mais on ne trouve pas de mosquée à chaque coin de rue. Et à l’heure de la prière, pas grand-monde ne s’y rend : priorité au travail et au business. Dans les conversations, idem : on vous parlera de votre pays d’origine, de votre métier, de votre famille… Jamais de religion.

3. On est contrôlé à chaque coin de rue

Les policiers aux carrefours sont là avant tout pour la circulation (le trafic dans les villes est infernal). Ailleurs, ils sont surtout chargés de contrôler la vitesse sur les routes (il y a actuellement une grande campagne de sensibilisation contre l’insécurité routière). Sur les deux semaines de séjour que nous avons passées en Iran, on ne nous a jamais demandé nos papiers. Quant aux militaires, on en a croisé quelques-uns en faction devant des bâtiments administratifs (préfectures, tribunaux), jamais dans la rue.

Dix idées reçues sur l’Iran qu’on a voulu vérifier
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4. Il ne faut pas parler politique ou nucléaire

La première fois qu’un Iranien aborde le sujet, on se dit qu’il nous tend un piège. Et puis on comprend vite que non : la politique n’est pas un sujet tabou et les Iraniens ne se privent pas de critiquer le régime (surtout les jeunes). Sur le nucléaire, en revanche, la position est unanime : « Pourquoi n’aurions-nous pas droit de produire de l’électricité avec du nucléaire ?» demandent-ils. Et ils n’attendent qu’une chose : que les discussions engagées pour lever les sanctions économiques aboutissent. Car le pays est exsangue, entre un chômage élevé, une inflation galopante et une monnaie fortement dévaluée. D’ailleurs, le coût de la vie n’est pas cher par rapport à la France : on peut prendre un repas au restaurant pour 4 euros, et une nuit dans un hôtel 4 étoiles pour 25 euros.

5. Les femmes sont opprimées

Certes, elles ont l’obligation de porter le voile. Mais elles peuvent faire preuve de beaucoup d’imagination pour se soumettre à cette règle (un simple fichu enroulé négligemment fait l’affaire). Et elles peuvent travailler, conduire, sortir seules, se balader main dans la main avec leur conjoint… Rien à voir avec les pays du Golfe. D’ailleurs, les Iraniens sont en général très galants, toujours prêts à laisser leur place ou à tenir la porte aux femmes.

6. Les Iraniens n’aiment pas les occidentaux et les Juifs

Les touristes occidentaux sont un vrai sujet de curiosité. Normal, les Iraniens n’en voient pas beaucoup. C’est pourquoi ils viennent très souvent vous aborder pour discuter. Ça se fait en anglais (la plupart le parle) et la conversation démarre toujours par « where are you from ? » (d’où venez-vous ?), suivi d’un « welcome » (bienvenue). A chaque fois, nous avons a été surpris par leur gentillesse : ils sont toujours prêts à vous donner un renseignement ou un coup de main. Pour eux, les problèmes entre l’Iran et l’Occident viennent des gouvernements, pas des peuples. Que vous soyez Français, Anglais ou Américains, vous serez bien accueillis. Les Iraniens n’ont rien non plus contre les Juifs mais sont très critiques envers la politique d’Israël. A noter que les Juifs peuvent pratiquer leur religion en Iran (on en compte environ 25 000), tout comme les chrétiens d’ailleurs (250 000).

Dix idées reçues sur l’Iran qu’on a voulu vérifier
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Dix idées reçues sur l’Iran qu’on a voulu vérifier
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7. Le climat est chaud et sec

Oui dans le sud et l’est du pays, où le désert prédomine. Là, les températures dépassent largement les 40° l’été. Mais au nord et à l’ouest, les montagnes culminent à plus de 3000 mètres ; et le Mont Damavand, aux portes de Téhéran, fait 5671m. La neige et le froid sont bien présents en hiver (on a enregistré -17° en février 2014), et d’ailleurs les stations de ski sont nombreuses. Au bord de la mer Caspienne, le climat est plus doux mais humide.

8. Il n’y a pas grand-chose à visiter

Si, si… Déjà culturellement, l’empire perse a laissé de fabuleux sites archéologiques, au premier rang desquels figure Persépolis, cette citée fondée au 6ème siècle avant JC. Il y a de nombreux monuments islamiques, notamment à Ispahan, où on trouve les fameuses mosquées aux mosaïques bleues. Shiraz, considérée comme la capitale de la culture et des arts, abrite de très beaux jardins.

Sinon, les amoureux de la nature trouveront leur bonheur dans le grand désert de Dasht-e Kavin (800 km sur 320) ou les monts Zagros (cinq sommets à plus de 4000 m). Et pour la plage, direction les 1700 km de littoral du Golfe persique. Outre les musulmans des pays alentours, de plus en plus de Chinois, d’Indiens et de Russes font du tourisme en Iran. Les occidentaux sont encore marginaux.

9. C’est un pays en voie de développement

C’est un pays déjà bien développé : aéroports et autoroutes sont quasiment aux standards européens. Les hôpitaux aussi. D’ailleurs, un tourisme « médical » se développe car la mode, pour les femmes de la région, c’est de se faire refaire le nez… Sinon, c’est sûr que les réseaux électriques ne sont pas de première jeunesse et que le tout-à-l’égout n’existe pas partout. Mais on compte des hôtels de luxe et des centres commerciaux ultra-modernes, et le wifi passe (presque) partout.

10. Mais au moins, on doit bien manger

Bof, bof… A la différence des pays du Moyen-Orient, pas de houmous, de mezzés ou de feuilles de vignes. Le plat principal, en Iran, c’est kebab/riz, poulet/riz ou brochettes d’agneau/riz. Beaucoup de riz, donc, et c’est un peu lassant. On se rattrape sur les pâtisseries et sur les glaces. Quant à l’alcool, officiellement, c’est interdit ; officieusement, on en trouve au marché noir. Aux alentours de Shiraz, dans le sud, on trouve même encore des petits producteurs de vin dans des villages reculés (on en produisait beaucoup dans la région avant la révolution islamique).

Et sinon ?

Le décalage horaire est de deux heures… et demie (!), les Iraniens sont fans de la 405 Peugeot (on en croise partout), un tapis perse coûte en moyenne un mois de salaire (400 dollars), et si la monnaie officielle est le rial (1 euro = 40 000 rials), les Iraniens parlent encore en toman, l’ancienne monnaie (1 euro = 4000 tomans).

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Date du reportage : février 2014

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