"Sans Le Fil, je serais tombée. Mais sans Le Fil je ne saurais même pas ce que c'est de tomber."
Marie se retrouve seule dans sa maison de vacances où avec Pierre, son ancien compagnon, ils avaient passé tant d'étés. Il l'a quittée depuis peu, et cette fraîche cinquantenaire cherche soudain un sens à sa vie. Son amie Agnès l'accueille à bras ouverts dans la galerie dont elle s'occupe. Mais Marie ne conçoit pas son quotidien sans réalisation littéraire et théâtrale. D'ailleurs, elle entretient aujourd'hui des rapports difficiles avec Etienne, son fils, qui a pris d'autres chemins. Lorsqu'elle rencontre un groupe de jeunes comédiens, installés eux dans la maison mitoyenne, son coeur s'emballe et elle prend alors conscience que tous ses rêves peuvent peut-être enfin se concrétiser...
J'attendais bien plus de ce roman que ce qu'il m'a donné, alors que suivre Marie dans ses hésitations et ses envies de réalisation artistique aurait pû être plutôt intéressant.
On comprend, par exemple, ce qu'elle attend de son travail d'attachée de presse littéraire, ses exigences dans le métier. On comprend également sa déception face à la carrière avortée de son fils Etienne, comédien talentueux devenu décorateur d'intérieur. On comprend moins sa manière de vouloir régenter son entourage, muée par ses certitudes, et en cela l'égoïsme brut qui semble l'habiter. La volonté de démonstration de l'auteur, son envie de transposer ici sans doute ses propres préoccupations m'a de plus gênée.
Gravitent autour de Marie, pourtant, des personnages attachants, comme Léa sa petite fille, Agnès qui tournoie autour de son amie avec sa tranquille et douce protection, ou bien André, son ancien voisin et ami, à la santé déclinante, avec lequel ils s'échangent des souvenirs communs de lectures proustiennes.
Cependant, l'attrait du roman ne pêche pas tant par son contenu, que j'ai trouvé bien trop léger, que par son style. L'écriture de Philippe Delerm y est juste, assurée, agréable, mais sans relief, dommage. Une lecture qui ne restera certainement pas longtemps gravée dans ma mémoire.
Editions du Seuil - 17€ - Avril 2014
Pour une fois, en supplément, l'avis de Sophie [bienveillante lectrice de ce blog et prêteuse de livres] qui a bien voulu tester ce roman avant moi et qui m'a donné ses impressions par mail...
"Je vais être assez critique et n'espère ne pas être trop "snob"...Je trouve que ce roman se lit vite, que l'on a envie de connaître la suite un peu comme un feuilleton de M6, un après-midi de désœuvrement. Un feuilleton qui contiendrait du placement de produits d'ailleurs (figolu, dunhill, Ipod)... Peut-être est-ce un détail, mais cela m'a gênée : cela date le livre et on aurait compris avec le nom générique ! Le personnage d'André m'a touchée... Son attente souriante de la mort paraît assez juste (même si les références à la Recherche et Proust sont un peu appuyées et amènent une caution intellectualiste un peu lourde). Le personnage d'une femme qui doute à 50 ans, laissée par son mari, était intéressant mais je n'ai pas du tout aimé la fin. [...] On est dans le cliché total ! Bref, la simplicité de l'écriture et du propos repose l'esprit, certainement trop malheureusement. Sur les choix de vie (imposés, réels..), Train de nuit pour Lisbonne de Mercier est cent fois plus puissant. Il apporte un questionnement qui est "écrasé" ici."
D'autres lectures... Certes pas le roman du siècle mais agréable pour George [clic ici] - Reste une sensation un peu brumeuse à Keisha [clic ici] - Sylire a le sentiment d'être passée à côté de ce livre [clic ici] - Val aurait aimé un peu plus de consistance [clic ici]