The Infamous Mobb Deep @@@@
Sagittarius HH / Il y a 1 semaine 1 avril 2014Quoi de mieux que d’apposer un titre éponyme sur un album qui représente plus de vingt ans de carrière ? On parle du huitième opus du duo de Queensbridge devenu légendaire qui était à deux doigts d’une rupture.
Huit ans d’attente. Après Blood Money qui fut très boudé à l’époque à cause de cette alliance très mal perçue avec le G Unit, Prodigy s’est vu incarcéré pendant trois ans et demi et un retour avec Havoc, qui a subsisté en tant que producteur, ne faisait pas tout à fait parti de ses priorités, P préférant se consacrer à sa carrière solo en sortant pas moins de trois projets (dont HNIC 3 et Albert Einstein LP avec Alchemist). Entre deux sort un EP des Mobb Deep (Black Cocaine) pour susciter de l’attente et de l’espoir auprès des fans de tout bord, attirer l’attention des majors aussi mais quelques mois plus tard Havoc pète les plombs sur Twitter et descend son comparse. Divorcer presque vingt ans après Juvenile Hell aurait été un coup de tonnerre terrible…
1er Avril, le double-album Infamous Mobb Deep est dispo. Sans blague. Le vieux couple est toujours dans le coup.
Le premier morceau s’agit du single "Taking You Off Here" qui a rallumé la mèche d’une flamme qui s’était doucement éteinte avec Infamy et qui a eu du mal à se raviver jusqu’à aujourd’hui. Fini les compromis mainstreams et connexions litigieuses, tout ça c’est derrière. Les Mobb Deep se sont réunis pour le meilleur et c’est tout ce qui importe. Evidemment le frisson des premiers albums paraît artificiel quand ils arrivent jouer les gros bras mais ils ne déconnent pas quand ils appuient leur statut d’intouchables sur "Timeless", "Check the Credit" et "Lifetime", commençant par cette phrase de Prodigy "sometimes I ask myself ‘how the fuck are we still doin this shit?’". Et puis evidemment "Legendary" (produit par Havoc, The Maven Boys et Boi-1da) clôt le débat, et l’idée d’inviter deux autres légendes sudistes que sont Bun B et Juicy J, tous deux membres de groupes tout aussi légendaires, une collab’ qui témoigne de l’estime mutuelle entre le South et la East. Pour l’Ouest, le choix de Snoop Dogg ("Get Down") n’a rien de déroutant. "All a Dream" fédère autour d’un sample de voix de Notorious BIG les Mobb Deep avec un autre crew new-yorkais, The Lox, un autre groupe emblématique de la Grande Pomme (et qui travaille actuellement sur un 3e LP). Si le choix de l’instru co-signé par Om’Mas Keith (Sa-Ra) est passablement étrange, les cinq rappeurs réalisent la chance qu’ils ont d’avoir pu jouir d’une certaine longévité en étant encore actif à l’heure qu’il est, chose que d’autres légendes vivantes n’ont pas forcément connu.
Havoc n’est pas l’unique producteur de l’album, puisqu’il partage presque la moitié du temps de parole avec P. Alchemist se présente ici comme un habitué, et lâche la prod géniale de "Waterboard" (un sample soul/jazz mêlé à des clapotis) et "Get It Forever" avec Nas, comme quoi la rivalité entre les rappeurs de Queensbridge semble être un lointain souvenir. Ce morceau permet encore plus à l’album et aux Mobb Deep de prendre plus de hauteur. Illmind fait un excellent taf, en s’appropriant à sa manière le son typiquement sombre des Mobb Deep sur le terrible "Murdera" et "Check The Credits" avec cette petite mélodie répétitive et anxiogène. Il arrive que notre duo tombe dans de petits travers, comme "Low" plus ‘r&bisé’ qu’aseptisé. Le remix de "Henny" est un cas d’opportunisme assez flagrant. L’original est un morceau du chanteur Mack Wilds (présent sur son album New York A Love Story) qui samplait "Burn" des Mobb Deep, un bien qu’ils ont récupéré en ajoutant Busta Rhymes et French Montana. On a vu mieux comme recyclage.
Reste qu’au final, les Mobb Deep sont très loin de passer pour d’anciennes gloires et ils le démontrent avec brio, profitant au passage pour faire taire les critiques qui pleuvaient sur leurs trois précédents albums. Sachant qu’en plus le 2e CD est un véritable cadeau : des (re)mixes inédits des quelques standards cultes figurant notamment sur leur classique Infamous. On ne boudera pas notre plaisir!