Penthésilée(s), chorégraphie de Catherine Diverrès

Pour envahir le territoire du plateau, Catherine Diverrès y fait courir femmes et hommes , organise leurs combats, leurs rencontres, leurs séductions, leurs abandons. Trouvant chez Kleist et ses commentateurs les mots où s’affrontent, s’approchent Achille et Penthésilée, reine des Amazones. Gardant cette figure mythique pour évoquer la relation homme / femme, où est la limite qui les sépare, elle ouvre son propos. C’est un spectacle en deux parties. Dans la première, je retrouve un univers que je connais, des costumes noirs et blancs (photo Caroline Ablain, vous atteindrez son blog en cliquant sur la photo), une danse précise, violente parfois, qui, à l’issue du spectacle, m’aura semblé un peu schématique. Dans la seconde partie, c’est plus débridé, plus touffu : caricatures de tableaux inspirés de scènes religieuses où les femmes sont éplorées, jeux de séduction s’achevant sur une scène de dévoration, casting où la rivalité dépasse largement les sexes. Derrière moi, les plus jeunes rient de cette scène, je ne tarde pas à en faire autant. Ai-je déjà ri devant un spectacle de Catherine Diverrès ? Quelque chose change. Une perception différente des relations humaines, une conception moins dichotomique, et la possibilité d’en rire. Et puis, après la violence des divisions homme / femme, je ressens une sorte de douceur, même si le point final est cette lance fichée sur le plateau, vibrant de la mort brutale d’Achille et de Penthésilée.

Une scène m’a rappelé un autre spectacle vu récemment, Change or die. Hommes et femmes se déshabillent et remettent leurs vêtements aussitôt, dans un mouvement continu : l’habit, dit un proverbe, ne fait pas le moine. Dans les deux spectacles, le vêtement contribue cependant à l’identité, le retirer, le remettre, mettre celui de l’autre, cela exprime cette recherche de la place qu’on voudrait tenir dans les relations sociales, amoureuses, et pas seulement en la jouant sur un plateau de théâtre.