Magazine Journal intime

Un peu de lecture : j'ai testé la BD "le chien qui louche" et le livre d'Ilane "le mur des Hascoët"

Par Sophiedestests

Aucun lien entre les 2 ouvrages, si ce n'est le site Priceminister. Je vous laisse découvrir, et surtout apprécier...

Zoom sur « Le Chien qui Louche »
de Etienne Davodeau
(Futuropolis – Louvre éditions)

Dans le cadre de l'événement «la BD fait son festival 2014» organisé par Priceminister en marge du festival D’Angoulême, j’ai choisi de recevoir en cadeau « Le Chien qui Louche » de Etienne Davodeau (Futuropolis – Louvre éditions). J’ai lu bien sûr, et voici ce que j'en ai pensé...


Fabien, surveillant au musée du Louvre, rencontre pour la première fois la famille campagnarde de son amie Mathilde. Accueil sympa et décontracté du « gars qui se tape ma sœur » (« l’inverse est vrai aussi, hein… ») par les 2 frères, Maxime et Joseph. Poignée de main chaleureuse à « Fabrice » (« Fabien ») de la part de Louis, le père. Et la proposition qui tue qui ne tarde pas à arriver, « puisqu’on a maintenant un spécialiste dans la famille » : évaluer le tableau de Gustave, le grand-père du grand-père grabataire des frangins, « l’artiste de la famille… un gène qui n’a pas survécu ». Le piège, surtout quand Fabien découvre la tronche du sujet, un Chien qui Louche, et qu’il ne peut, diplomatiquement parlant, donner son avis brut sur la croute qui lui est présentée. « La composition est un peu trop frontale. Le sujet est anecdotique. Mais il y a une sorte d’habilité dans la technique… ». Belle pirouette, dit comme cela ça ménage les susceptibilités potentielles. Sauf que Louis en conclut immédiatement qu’« il mérite mieux que ce grenier poussiéreux, hein ? », et que, sans attendre la réponse, Joseph s’empresse de dire au grand-père que « notre ami Fabien pense que le Chien qui Louche pourrait très bien être accroché au Louvre, à Paris ! ». Et pas question de décevoir le papy !...

Personnages attachants de par leur naturel et leur personnalité sympa, et une pointe d’humour disséminée tout au long d’une histoire au sujet tout simple mais original. Tout ce qu’il faut pour passer un bon moment. « Je me demande si j’ai pas fait une connerie… », oui, comment Fabien va-t-il se sortir de cette galère ? Mission impossible, et pourtant « Le Chien qui Louche sera accroché de façon définitive dans une des salles les plus fréquentées du Louvre, juste à côté d’une des toiles les plus célèbres du monde ». Si Si ! « Sans déconner ? » - «Sans déconner ». Et au final, plus grâce à une idée de génie de Mathilde qu’avec l’aide de la très discrète (et non officielle) République du Louvre très vite intéressée par le challenge. « Ces gens, qui voudraient faire entrer une toile au Louvres, sont en train d’inventer quelque chose qui est l’inverse d’un cambriolage. Voilà un concept qui devrait nous intéresser, non ? ». J’adore l’idée !

Au passage, plusieurs clins d’œil sur l’attitude des visiteurs du musée (ça sent le vécu !). Et quelques pages documentaires en fin d’ouvrage, un dossier réalisé avec la complicité d’Anne Vincent, chef du service des Acquisitions au musée du Louvre, Acquisition des œuvres : qui décide et comment ?

Ma note ? 16/20

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Zoom sur « Le mur des Hascoët »
de Ilane de Koppel
(Editions Velours)
... parce que Ilane et son bouquin le valent bien !

Ilane, je l’ai rencontrée via le tchat mis en place par Howtank pour le site Priceminister (je vous avais parlé de ce tchat au milieu d'un article : ). Vous savez, le gars ou la demoiselle qui répond aux questions des visiteurs du site dans la petite fenêtre, et bien c’est elle, c’est moi, et une bonne bande en prime. En parallèle des réponses que nous apportons, nous pipelettons sur un « salon à nous » invisible de nos interlocuteurs. Il y a Geoffrey,  spécialiste des « graines de plantes merveilleuses », Sullivan, fan des capsules Nespresso et des caleçons Freegun portés avec élégance, Noune, qui a une attirance à peine dissimulée pour les Suricates, papy Dorix, et tous les autres qui vont me faire la tête parce que je ne les ai pas cité. Et donc Ilane, qui a écrit un bouquin et en a déjà publié les 2 premiers tomes.

Forcément j’allais le lire, ce livre écrit par une personne que j’apprends à connaitre et que j’apprécie un peu plus chaque jour. Et en parler ici est vite devenu une évidence. Car non seulement j’ai aimé, mais en plus Ilane m’a raconté toute la genèse de son récit dans des échanges de mails passionnants (de larges extraits de nos conversations sont notés en italique dans ce qui suit). Et aussi parce que je milite pour que l’intégralité de l’histoire soit enfin publiée !

Le mur des Hascouët

Mise en bouche

« La famille Néel est ancrée dans les terres du Mesnil, petit village normand près de Saint-Lô, et au début du siècle dernier, Constant Néel règne en patriarche sur sa famille. Lorsqu'il découvre que son demi-frère Tancrède hérite des trois maisons qui ont fait la richesse des Néel, sa colère est à son comble. Manipulateur, il va œuvrer pour récupérer l'héritage, entraînant dans sa vengeance ses petits-enfants, Georges et Nathalie. Refusant que son frère puisse avoir à son tour un héritier, il va, avec un machiavélisme pervers, briser le destin de Frédéric. Douze ans de coups, de drames et de frayeurs, vont forger le caractère de l'enfant. Quel sera son regard sur la famille ? Sera-t-il assez fort pour sauver l'héritage de son père ? » . Le tome 1 remonte jusqu’à presque 60 ans avant la naissance de Fréderic, le tome 2 décrit son enfance. Le tome 3 parlera de son adolescence, et les tomes 4 et 5 de sa vie d’adulte.

 

La genèse de l’histoire, aussi passionnante que l’histoire elle-même.

Ilane de Koppel est Normande et la petite dernière d’une fratrie de 5 enfants. Elle se retrouve en tête à tête avec ses parents lorsque les grands partent vivre leur vie. Le personnage imaginaire de Frédéric l’accompagne alors pendant toute son adolescence. « C’était un petit garçon qui avait des soucis mineurs de compréhension avec ses parents, mais ça me permettait de déverser sur lui et sur eux la rancœur d’ados que j’avais. Donc ainsi j’évitais les conflits avec mes propres parents qui étaient, somme toute, adorables !  (Mais que ne voit-on pas avec le recul !) Puis je suis partie en pension. Mes copines avaient des parents qui hurlaient à chaque mauvaise note, alors que les miens me disaient « bon tu aurais pu faire un effort mais tu feras mieux la prochaine fois ». J’ai donc durci les choses pour Fred car ainsi il vivait des situations que je ne connaissais pas, mais que je pouvais analyser puisque je les voyais de l’extérieur. Fred a donc vécu ma crise d’ado sans que je ne fasse de vagues. Tout mon mal de vivre de gosse c’est lui qui l’a vécu, et moi je ressortais de mes délires imaginatifs sereine et docile ! »

Ilane  ne vit pas vraiment bien sa période école catho, surtout en classe de 5ème. « Je suis tombée sur une bonne sœur imbuvable qui m’a dit texto que j’étais trop bête pour passer mon certificat d’étude car elle avait lu dans mon dossier scolaire que j’étais dyslexique ! Or, à l’époque, une dyslexie était assimilée à une trisomie ! Autant te dire que je n’avais pas la meilleure place en classe. Sauf que cette année-là je l’ai prise aux mots et, au lieu de travailler pour passer mon certif, j’ai lu. Tout ce qui me passait devant les yeux ! Les classiques (Molière, Rabelais, Racine, Corneille…), les romans (à l’époque : Guy des Cars, Troyat, Bernanos, Hugo, Balzac etc.…), j’aurais lu le PQ s’il avait été écrit ! J’arrivais chaque matin en classe avec 3 ou 4 livres dans mon cartable et quand la prof me disait de prendre mon livre de cours je lui répondais que je ne pouvais pas parce que trop con pour comprendre ! C’est ainsi qu’un jour elle m’a dit que je n’avais pas besoin de lire puisque de toute façon jamais je ne pourrai  écrire un livre ! Étant rebelle dans l’âme et cancre de 1er ordre, je ne me suis pas privée sur les chahuts. Mais je lisais et j’ai corrigé toute seule une très grande partie de ma dyslexie. ». Et du côté de chez Fred : « Pendant ce temps Fred continuait à vivre dans ma tête, je lui ai ajouté des frères, des sœurs, puis des oncles, des tantes, des grands-parents etc. Jusqu’au jour où je me suis demandée où il pouvait vivre, comment était sa maison, son village. Nous avions déménagé entre temps et j’avais perdu toute mes amies, donc Fred s’est retrouvé avec des copains et des copines ! Il a toujours été là pour combler mes vides. »

Ilane grandit, et Frédéric aussi en même temps qu’elle. Elle devient adulte. « J’avais réglé mes conflits d’ado, j’avais une vie de femme et surtout on me sollicitait souvent pour rédiger telle ou telle lettre, histoire, rédaction car soit disant j’avais une facilité d’écriture. Je me suis arrêtée de travailler quand j’ai eu tout d’abord mon fils puis ma fille. Quand Rénald était bébé et son père au travail, j’ai repris mes écris sur Fred et je les ai remis au gout du jour. Mais j’avais tellement de personnages que j’ai été obligée d’en éliminer et pour cela il me fallait inscrire leur décès dans l’histoire. J’ai donc pris un plaisir immense à faire des recherches sur l’histoire. Et surtout les discussions avec mon arrière-grand-mère (qui était décédée depuis) me sont revenues en mémoire. » Flash-back, pour bien comprendre l’influence de cette aïeule : « Nous vivions avec mon arrière-grand-mère que mes parents avaient prise à la maison ne pouvant se résoudre à la mettre en maison de retraite. J’ai commencé à 15 ans à m’intéresser à la généalogie, et, comme j’avais la chance d’avoir près de moi une vieille dame adorable (son surnom lorsqu’elle travaillait était « mignonne ») qui était née en 1879, je ne me suis pas privée pour parler avec elle. J’ai donc appris des tas de choses sur la vie d’autrefois, sur les liens familiaux, sur les vieilles gens comme l’on dit ! Elle avait eu une vie difficile, de petite fille d’abord, pas d’amour et abandon des parents, de femme, veuve à 34 ans après 10 de mariage et deux enfants ados, de mère. C’était une femme admirable d’une douceur extraordinaire, d’un sens de l’humour et d’un caractère fort qui lui a permis de mener sa vie jusqu'à plus de 96 ans !»

Après le décès du père de ses enfants, Ilane devient assistante maternelle. Pendant les siestes des enfants qu’elle garde, Ilane reprend l’histoire de Fred. « J’ai installé le village, les maisons. Ma vie de femme m’avait ramenée dans ma « patrie ». Et quand adulte tu redécouvres la région de ton enfance c’est presque une deuxième naissance. Et j’ai eu envie de partager l’histoire de ma commune. Tout naturellement les personnages ont pris des gestes, des réactions, des attitudes de gens de mon entourage puisqu’ils étaient normand aussi. Et je trouvais drôle de raconter la guéguerre Normandie/Bretagne avec le Mont st Michel ! ». Et pour Fredéric lui-même : « D’enfant incompris il est devenu enfant maltraité. Pour devenir nounou il y a des formations, et je me suis intéressée de plus près au manque d'amour subi par mon arrière-grand-mère, ça a donné la vie d’enfant de Fred. De là toute une flopée de questions est arrivée. Pourquoi la maltraitance ? Pourquoi personne ne dit rien ? Pourquoi ses frères n’ont rien vu ? Il a donc fallut inventer une raison, je voulais bien faire un roman mais je voulais que ça soit possible… ». Stop Ilane ! N’en dit pas plus !...

 

Quand la fiction rejoint la réalité…

« Quelque part oui Fred c’est moi mais ce n’est pas ma vie, c’est la sienne. Constant est un amalgame de gens bêtes et méchants, xénophobes, tyranniques et cupides que j’ai pu rencontrer dans ma vie, ou avoir connaissance dans mes recherches sur la maltraitance. Clémence est un peu mon arrière-grand-mère mais pas tout à fait non plus. Nathalie a un peu le caractère de ma mère mais plus dans les tomes à suivre que dans les 2 premiers. Les frères de Fred ont tous un trait de caractère ou une attitude de mes frères et de ma sœur, c’est un mélange d’un peu de tout. Comme Tancrède est un peu mon père mais pas tout à fait non plus ! »

De plus, des anecdotes réelles jalonnent le livre. Ilane en tient quelques-unes particulièrement à cœur :
« Quand Basile écrit sur son carnet : Je me suis fait un ami du nom d’Alfred Charbonneau, il est mort dans mes bras hier, il avait une femme et deux enfants à Paris. Que vont-ils devenir ? Il s’agit de mon arrière-grand-père, et la femme en question c’est mon arrière-grand-mère (Mignonne). C’était juste un petit clin d’œil à mes arrière-grands-parents, une sorte d’hommage. »

« On apprit presque simultanément l’histoire incroyable d’Arnaud de Belleville. Parti combattre dans les Dardanelles. Il avait eu si faim un soir, car les soldats étaient très mal nourris, qu’il vola une orange à l’étalage d’un marchand. Pris sur le fait, il fut envoyé en prison. Le lendemain son bateau « le Goliath » prit la mer avec tout le régiment sauf lui qui croupissait dans des geôles immondes. Déjà très inquiet par son incartade, il le fut plus encore lorsqu’il dut rejoindre la France avec un autre régiment. A son arrivée, il apprit qu’il était le seul survivant. En effet, « le Goliath » avait été coulé au large des Dardanelles par un sous-marin allemand. Il ne sut pas trop pourquoi il fut libéré, mais ne se vanta pas de sa mésaventure qui, en effet, ne dépassa jamais les limites du village.  C’est la véritable histoire de mon grand-père (le père de maman) qui par honte d’avoir un jour « volé » n’a jamais osé raconter son histoire. Le nom du bateau n’est certainement pas le bon car maman n’a jamais pu se rappeler exactement le nom que son père lui avait donné. »

« Ils regardaient passer une famille venue sans doute de Saint-Lô, poussant une charrette de primeur sur laquelle étaient assises une vieille dame et plusieurs petites filles. Une femme enceinte suivait péniblement et trois hommes, jeunes, les accompagnaient. L’une des fillettes tenait à la main un pot à lait qui semblait vide….  Il s’agit de ma grand-mère (paternelle cette fois) ainsi que mes oncles, mon père et mes cousines. Et quand plus loin j’écris :  - Où allez-vous ? demanda Victoria. - A Lingreville, répondit le plus jeune des hommes. Il était vêtu d’un simple short et d’une chemise qui avait été blanche. Il s’agit de Papa. L’histoire du pot à lait est réelle aussi. Ma cousine de 6 ans a attrapé le pot à lait en se sauvant des ruines de la maison. »

 

La famille, les amies et… jean d’Ormesson !

«Au départ, je n’ai pas écrit ce livre pour le publier, mais juste pour transmettre à mes enfants le fonctionnement de leur mère. Car Frédéric a toujours était là pour régler mes conflits extérieur. Quand mes enfants étaient plus jeunes, j’avais l’habitude de leurs lire un livre le soir (pas un truc pour enfants mais un roman, un vrai livre quoi !) Un soir je leur ai lu l’histoire de Fred. Ils ont adoré et m’ont dit de publier. Mais je n’ai pas osé.

Puis une amie, et une autre, m’ont donné le même conseil. Enfin, j’ai retrouvé une amie d’enfance qui a insisté plus que les autres et qui m’a surtout poussée à écrire à Jean d’Ormesson que j’admire. Ce que j’ai fait, Pour réponse il m’a directement téléphoné ! Ça a été un véritable miracle pour moi ! J’ai donc envoyé mon livre à un éditeur et bing du 1er coup ça a fonctionné ! Par contre, pour le moment il est édité à compte d’auteur donc il a fallu des sous (beaucoup) et un proche m’a avancé la somme.

Papa a eu le temps de lire mon livre en entier, il était enthousiaste et surtout nous avons eu ainsi de grandes discussions autour de nos écrits respectifs. Jamais ni papa ni moi nous ne nous sommes pris pour des écrivains ! Nous nous sommes toujours donné l’appellation de « raconteurs d’histoires».

Alors si les enfants et le père d’Ilane, les amies d’Ilane, et Jean D’Ormesson y ont cru, ainsi que maintenant beaucoup d’autres personnes comme moi après avoir lu les 2 premiers tomes (regroupés sous un seul livre, mais l’éditeur a oublié de noter tome 2 aussi en couverture !), faisons marcher le bouche à oreille pour qu’Ilane rencontre le succès qu’elle mérite. Et surtout qu’un éditeur accepte de publier la suite et fin de ce récit ! Et aussi le livre de son papa (Pour celui-ci, Ilane devrait avoir des nouvelles de l'éditeur la semaine prochaine !).


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