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Préparez Vos Mouchoirs

Publié le 12 avril 2014 par Olivier Walmacq

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Genre: comédie dramatique

Année: 1978
Durée: 1h45

L'histoire: Raoul est inquiet. Sa femme, Solange, ne sourit plus et semble avoir perdu goût à la vie. Il décide alors d'offrir Solange à Stéphane, un inconnu rencontré dans un restaurant. A deux, peut être arriveront-ils à la sortir de sa morosité. A moins qu'un troisième larron ne s'en charge à leur place...

La critique d'Inthemoodforgore:

Quatre ans après le cultissime Les Valseuses, Bertrand Blier réunit à nouveau Deweare et Depardieu, les enfants terribles du cinéma français des années soixante dix. Certes, Miou Miou manque à l'appel mais le public ne perd pas au change puisqu'elle sera remplacée par la très belle Carole Laure. A cette époque, l'actrice canadienne cherchait à relancer sa carrière qui avait subi un sérieux trou d'air après les scandaleux Sweet Movie et L'Ange et la Femme
Avec Préparez vos mouchoirs, Blier retrouve un thème qui lui est cher, à savoir celui du trio à côté de ses pompes. Même si le ton est moins provocateur que dans Les Valseuses ou même que dans Calmos, le réalisateur se montre toujours autant inoconoclaste pour notre plus grand plaisir.

Ménage à trois (à quatre même), mystères de la sexualité féminine, amours interdites entre adultes et enfants...Son propos a dû faire hérisser les cheveux sur bien des têtes dans la France giscardienne. Cependant, on ne retrouve plus l'insolence de ses premières oeuvres, cette provocation qui avait déstabilisé voire même outré les spectateurs.
Blier a mis de l'eau dans son vin; Depardieu et Deweare ont troqué leurs blousons noirs contre un costard impeccable, bref, quatre ans après, les protagonistes se sont bien assagis. Preuve en est, Préparez vos mouchoirs est classé tous publics.

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Côté distribution, aux trois acteurs déjà cités précédemment, viennent s'ajouter Michel Serrault, Jean Rougerie, Sylvie Joly et le jeune Riton. Attention spoilers: Raoul et Solange, un couple de jeunes trentenaires, déjeune un dimanche dans une brasserie. Raoul s'inquiète pour sa femme. Depuis des mois, celle ci ne sourit, n'a plus d'appétit et fait de fréquents malaises inexpliqués. Pour essayer de me remédier à ces problèmes, Raoul décide alors "d'offrir" Solange à un inconnu.
Son choix se porte sur Stéphane, un quidam qui mangeait tranquillement dans son coin. Tout d'abord perturbé par la proposition saugrenue de Raoul, celui ci consent tout de même à emmener Solange dans une chambre d'hôtel. Le trio devient rapidement inséparable mais, malgré les efforts conjugués des deux hommes, Solange demeure désespérément mutique et mélancolique.
Une nuit alors que les trois amis écoutaient du Mozart, un voisin de palier leur suggère de partir à la campagne pour se changer les idées. C'est ainsi qu'ils se retrouvent embauchés comme moniteurs d'une colonie de vacances. Là, ils font la connaissance de Christian Beloeil, un gamin surdoué et tête de turc des autres enfants. Par pitié et instinct maternel, Solange recueille l'adolescent et le réconforte. Mais, très vite, leur relation va prendre une tournure pour le moins inattendue...

Blier revisite à sa manière le thème éternel du triangle amoureux. Ici, le mari et l'amant ne sont pas rivaux mais copains comme cochons, ne se préoccupant que du bien être de la femme qu'ils partagent. A ces trois personnages, le réalisateur en rajoute un quatrième, un gosse dont la présence vient pimenter un peu plus une situation déjà peu banale.
Du côté des acteurs, rien à dire. Depardieu et Deweare, bien que bridés par la faute d'une réalisation assez plate, restent au top de leur interprétation. Carole Laure, dans un rôle qui aurait pu basculer dans le nauséabond, joue en subtil équilibre de délicatesse et fragilité. Les scènes "d'amour" avec l'adolescent se limitent à de pudiques baisers frôlés et ne s'avèrent en rien choquantes. 
Quant à Serrault, il apporte sa touche de fantaisie et son talent habituel dans les quelques (rares) moments de comédie pure.

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Mon vrai coup de coeur sera pour le jeune Riton qui compose son personnage avec une rare sensibilité car son rôle n'avait rien d'évident. Le film est ponctué ça et là de ces dialogues absurdes dont Blier a le secret et qui donne à ses oeuvres un ton reconnaissable entre mille. Dialogues surréalistes qui exploseront en feu d'artifice lors de Buffet Froid, le véritable chef d'oeuvre du réalisateur. 
Préparez vos mouchoirs reçut l'Oscar du meilleur film étranger, ce qui, concernant une oeuvre française, est suffisamment rare pour être souligné. Cependant, on peut quand même dire que l'on a connu Blier beaucoup plus incisif, plus percutant. Voilà un film certes très sympathique, mais qui manque singulièrement de tonus. Le grain de folie qui faisait la particularité des premiers films du réalisateur semble s'être évaporé. De ce fait, nous avons l'impression qu'il filme avec le frein à main et ne s'autorise plus certaines audaces dont il était coutumier.
Il semble s'en remettre presque exclusivement au talent (remarquable il est vrai) de ses comédiens. Au final, une légère déception ressort de l'ensemble. Mais attention toutefois à ne pas tout rejeter en bloc car le film reste quand même agréable à suivre et quelques scènes valent leur pesant de cacahuètes. Bref, un Blier correct mais sans cette pointe d'insolence qui aurait pu booster une réalisation quelque peu timorée. Dommage. 

Note: 12,5/20


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