Je parle de certains événements dans ce blog pour informer, sans oser parfois témoigner de ma déception. Ce fut le cas pour le 'Salon international du livre ancien' (qui comprend aussi le 'Salon international de l'estampe et du dessin') de l'année dernière et de cette année (pour 2014 l'article est ici).
J'y ai ressenti une sorte de vide profond que je me propose d'analyser.
D'abord j'ai pensé, comme l'année dernière, que c'était ma faute : trop pauvre et petit, n'ayant pas les moyens d'acheter dans les nombreuses boutiques de livres anciens parisiennes et ne connaissant donc personne de ce milieu ; trop sur internet ce qui me coupe du marché du livre, de ses vendeurs, collectionneurs et autres …
Et puis aujourd'hui, je me suis dit : « Et si ce n'était pas moi ? »
Reprenons donc :
1 - Dans ce salon il n'y a AUCUN EMPLACEMENT DÉDIÉ À INTERNET ! Pourtant tous les libraires et collectionneurs l'utilisent assidûment. J'y reviendrai.
2 - AUCUN EFFORT VÉRITABLE POUR ACCUEILLIR LES PAUVRES ET PETITS COMME MOI, qui n'ont pas les moyens de s'acheter un livre ou une gravure ne serait-ce qu'à 400 €. Le prestige, d'accord … mais rien ne se fait sans la base. Je l'ai largement montré dans ce blog pour la mode avec ses petits-maîtres.
3 - AUCUN ÉLAN PROFOND ARTISTIQUE ET NOVATEUR, NI D'ACTIVISME INTELLIGENT. Par exemple : RIEN POUR DÉFENDRE LA LANGUE FRANÇAISE. D'accord c'est un salon international ; mais les trois-quarts des livres présentés sont tout de même en français. J'ai même été choqué qu'un libraire suisse présente de magnifiques livres enluminés médiévaux, dont beaucoup en ancien français, sans même faire l'effort de traduire ses notices anglaises en français. Comment continuer à vouloir vendre des livres de notre patrimoine sans défendre le français ?
4 - Et la FRANCOPHONIE dans tout cela ? Aucune représentation des nombreux pays encore francophones hors de l'Europe.
5 – Du reste ce salon n'est PAS VRAIMENT INTERNATIONAL ; car mis à part pour les deux salons (du livre ancien et celui de l'estampe et du dessin) un emplacement pour l'Argentine, deux pour le Japon et quatre pour les États-Unis, tous les autres sont européens sur plus de deux cents exposants.
Pour en revenir à INTERNET rappelons que :
- Il existe depuis plusieurs années des BLOGS ET SITES de libraires, collectionneurs et passionnés de
livres anciens formidables comme Essentiam, BiblioMab, Le Blog du Bibliophile
...
- La plupart des LIBRAIRES sont SUR INTERNET. La liste de ceux dont je connais le site serait trop longue pour que je la mette ici.
- Certaines librairies vendent par l’intermédiaire de PLATES-FORMES ÉLECTRONIQUES comme Galaxidion, LILA, Livre-rare-book, Antiqbook, Addall, eBay ... Quelques-uns ne le font même que par internet comme Gribaudo Vandamme qui a déjà vendu plus de cent mille livres sur eBay.
- Les MAISONS DE VENTES AUX ENCHÈRES DE LIVRES ANCIENS présentent leurs catalogues sur Internet. On peut y avoir accès par les circuits traditionnels (Drouot ...) ou par d'autres sites comme Bibliorare dont la lettre d'information gratuite est très pratique.
- Internet est aussi une MINE D'INFORMATIONS POUR LES PROFESSIONNELS ET AMATEURS DE LIVRES ANCIENS :
- Les CATALOGUES ET BIBLIOGRAPHIES sont très nombreux : Bibliothèque Nationale de France, Érudit, Rarebooks.info (payant) ...
- Les NUMÉRISATIONS permettent de consulter des livres anciens en entier sur : Gallica, Ebooks Libres & Gratuits, Europeana (dont même la version française est en anglais), Google recherche de livres, Bibliothèque numérique mondiale, Project Gutenberg, Internet Archive, e-codices ...
- Les ENCYCLOPÉDIES ET DICTIONNAIRES donnent d'autres informations avec : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, Wikipedia, Wikipedia portail Histoire de l'Art, The ARTFL Project, Wiktionnaire, Dictionnaire Latin-Français, Google traduction, Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle ...
- ETC. Tout cela n'est qu'une partie des ressources qu'offre internet.
Pour un petit collectionneur comme moi, il est beaucoup plus simple, moins cher et plus sûr de m'informer sur internet du prix d'un livre, de sa rareté, de son auteur etc. avant de faire un achat, que de faire confiance à ce que me dit un vendeur directement.
Évidemment internet tue la poule aux œufs d'or des libraires français de livres anciens ; surtout que les Américains et l'anglais dominent le marché. C'est pour cela qu'il est nécessaire que les institutions, professionnels et syndicats, qui ont en charge notre patrimoine, en prennent conscience.