Après « The Wrestler » et « Black Swan », Darren Aronofsky nous livre « Noé », adaptation du comic-book « Noé, pour la cruauté des hommes » dont le réalisateur est le co-auteur. C’est Russell Crowe qui incarne le personnage biblique, tandis que Ray Winstone, Emma Watson et Logan Lerman complètent le casting. Jennifer Connelly retrouve le cinéaste après « Requiem for a dream » en 2001. « Noé » sortait dans nos salles françaises le 9 avril 2014.
Synopsis : Noé est un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde … n’est que le commencement.
« Noé », le nouveau long-métrage de Darren Aronofsky avait tout pour être un grand film. Malheureusement, le long-métrage ne trouvera jamais sa place entre film d’auteur et gros blockbuster. Pourtant, le scénario possède des enjeux assez forts et intéressants. On se retrouve avec le personnage de Noé et celui de Tubal-Caïn en parfaite opposition, démontrant deux extrêmes de l’homme : celui qui laisse sa vie être guidée par Dieu et celui qui décide de la prendre en main. Les personnages ne sont ni « gentils » ni « méchants », mais plutôt dans un entre-deux difficile à cerner … Même si le scénario prend place dans un temps reculé, on pourrait presque croire qu’il se déroule dans un monde post-apocalyptique de nos temps . Ainsi, « Noé » s’offre une lecture très moderne. Cependant, le long-métrage souffre de ces deux et dix-huit minutes à cause d’un rythme mal travaillé où les séquences exceptionnelles sont espacées par de longs dialogues pas toujours utiles.
Dans le rôle de Noé, on retrouve Russell Crowe. L’acteur n’arrive jamais à convaincre réellement, malgré quelques fulgurances. Le spectateur aura la désagréable impression de voir une vilaine caricature de son rôle dans « Gladiator » par moment … comme c’est le cas avec Russell Crowe depuis trop longtemps maintenant. À ses côtés, Jennifer Connelly peine à convaincre avec un personnage manquant clairement de consistance. La bonne surprise est du côté des jeunes acteurs avec Emma Watson et Logan Lerman qui, même avec des fausses notes, se révèlent les plus intéressants. Dans le rôle de Tubal-Caïn, Ray Winstone braille et fait la grimace à chacune de ses apparitions, rendant son personnage encore moins crédible qu’il ne l’est déjà … Au final, le casting de « Noé » est excellent que trop rarement durant le long-métrage, malgré des personnages plus ou moins soignés, qui auraient pu donner vie à de belles interprétations …
S’il y a bien une qualité indéniable que possède « Noé », c’est son esthétique. L’image du long-métrage est magnifique de bout en bout, encore plus particulièrement dans les passages très bibliques avec l’histoire d’Adam et Eve et ces plans montés de façon très rapide. Comme l’ensemble de « Noé », la réalisation de Darren Aronofsky alterne séquences intelligentes et brouillonnes. Les scènes d’actions sont filmées de manière que le spectateur ne distinguera jamais les différents coups, avec en prime un cadre systématiquement tremblant. Puis le temps de quelques secondes, le réalisateur fixe sa caméra afin d’offrir des images très fortes et picturales, comme celle de ses hommes s’agrippant à une roche pour se sauver de la noyade. Dans un dernier effort vain, Darren Aronofsky essaie de capter une atmosphère divine, mais ne fait que donner l’impression d’avoir perdu le contrôle de sa caméra dans les méandres des grosses productions hollywoodiennes.
« Noé » est un long-métrage qui allie des qualités fortes à des défauts abominables. Le scénario intelligent se retrouve annihilé par la réalisation brouillonne de Darren Aronofsky. Reste le sentiment horrible d’avoir aperçu les bases solides d’un très bon film, que « Noé » ne sera jamais.
Noé. De Darren Aronofsky. Avec Russell Crowe, Jennifer Connelly, Emma Wason, Logan Lerman, Ray Winstone, Douglas Booth, Anthony Hopkins, …
Sortie le 9 avril 2014.