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Le Misanthrope de Molière / Clément Hervieu-Léger / Comédie-Française

Publié le 14 avril 2014 par Mes Illusions Comiques @audreynatalizi

"En vérité, les gens d'un mérite sublime
Entraînent de chacun et l'amour et l'estime ;
Et le vôtre, sans doute, a des charmes secrets
Qui font entrer mon coeur dans tous vos intérêts."

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Voilà LA pièce que j'attendais avec impatience depuis la présentation de la saison en juin dernier : Le Misanthrope de Molière, mis en scène par Clément Hervieu-Léger à la Comédie-Française

Comme pour ses précédentes mises en scène - La Critique de l'Ecole des femmes et L'Epreuve - Hervieu-Léger a confié le rôle principal à Loïc Corbery, son acteur "fétiche" comme il le dit lui-même.

Son Alceste est un homme portant sur ses épaules tout le malheur du monde. Un misanthrope mélancolique dont les tortures intérieures se lisent sur le visage et qui erre d'un bout à l'autre du plateau, pianotant quelques notes, ne sachant où trouver sa place. Un être rongé d'angoisses, tentant en vain de lutter contre ses démons intérieurs. Exactement le type de rôle dans lequel Corbery excelle. A ses côtés, Eric Ruf campe un Philinthe emplie de bienveillance, ne sachant que faire pour mettre fin aux tourments de son ami. La pièce se joue sur un rythme très lent, nous faisant sentir au mieux la douleur d'Alceste. Célimène (Georgia Scalliet) a aussi sa part de souffrance, sous ses faux airs joyeux, affrontant les larmes aux yeux les reproches de cet homme qu'elle semble tant aimer. Un amour qu'Hervieu-Léger exacerbe : la scène finale est en cela bouleversante. 

Tout n'est pourtant pas sombre et sinistre, bien au contraire ! Les scènes plus légères sont aussi fort réussies : ainsi en est-il de la lecture du sonnet par Oronte (Serge Bagdassarian) venu chercher un avis éclairé. Face à lui, l'embarras d'Alceste, incapable de feindre et faisant mille circonvolutions pour dire la vérité sans être trop vexant. 

Ajoutons aux comédiens précédemment cités, Adeline d'Hermy toute en douceur dans le rôle d'Eliante, Benjamin Lavernhe et Louis Arene, composant un duo Acaste / Clitandre pédants et agaçants à souhait, sans oublier Florence Viala, parfaite Arsinoé. Aucune fausse note dans cette distribution.

La scénographie - signée Eric Ruf - est aussi très belle : de hautes fenêtres, des murs blancs et un grand escalier en bois menant aux appartements privés de Célimène. Les costumes sont contemporains (on a du mal à les dater plus précisément) mais l'opulence saute aux yeux, respectant ainsi la notion de classe sociale de l'oeuvre.

Avec cette mise en scène des plus élégantes, Clément Hervieu-Léger (dont on avait tant aimé L'Epreuve), confirme son talent.  Encore une magnifique soirée dans la maison de Molière. 

Le Misanthrope de Molière, mise en scène Clément Hervieu-Léger. Avec Yves Gasc, Eric Ruf, Florence Viala, Loïc Corbery, Serge Bagdassarian, Gilles David, Georgia Scalliet, Adeline d'Hermy, Louis Arene, Benjamin Lavernhe et les élèves-comédiens de la Comédie-Française Heidi-Eva Clavier, Lola Felouzis, Pauline Tricot, Gabriel Tur, Matĕj Hofmann, Paul Mc Aleer. A la Comédie-Française, salle Richelieu, jusqu'au 17 juillet 2014. Réservations au 0 825 10 1680


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