La Cour de Babel, film de Julie Bertuccelli

C’est, dans un Collège du 10e arrondissement de Paris, une classe d’accueil. C’est-à-dire une classe qui accueille des jeunes non francophones pour qu’ils puissent intégrer leur niveau sans que la difficulté linguistique y fasse obstacle. Nous allons les suivre, avec leur professeur, pendant une année scolaire, aborder leurs conditions de vie : la tristesse, au début, d’avoir quitté leur pays d’origine (les raisons de leur venue en France sont nombreuses), ce qui les motive aujourd’hui (« avoir un futur », « devenir une femme libre »…), les questions qui les agitent, les poussent au débat (les religions, le regard des autres…), leur place dans leur famille (plusieurs d’entre eux sont souvent seuls le soir, parce que leurs parents travaillent, ils sont parfois séparés d’un de leurs parents…). La force de ce film, que rythme le passage des saisons dans l’arbre de la cour, est de nous faire entrer dans ce groupe où se côtoient de nombreuses nationalités et de nous montrer que la cohabitation est possible, sans doute aidée par le travail pédagogique qui y est mené, par l’écoute de l’autre, la capacité à mettre en place des dialogues. Et l’une des premières images, consistant à faire dire et écrire par chacune et chacun « Bonjour » dans sa langue d’origine est significative de ce travail. Pour certains des élèves, cette classe d’accueil est vécue comme une seconde naissance. La réalisatrice semble s’être mise à côté de la prof et nous rend sensible son écoute et son accompagnement. Nul doute que l’expérience vécue par ces jeunes les marquera tout au long de leur existence.