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Interview de Petit Fantôme : « J'avais peur de regretter »

Publié le 15 avril 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Il y à peine moins d’un an, le premier mai à minuit, sortait Stave, une mixtape en ligne disponible en téléchargement gratuit. Derrière le projet, on peut compter les instigateurs sur les doigts de deux mains; mais le principal, c’est Pierre Loustaunau, échappé de l’aventure Frànçois & The Atlas Mountains sous l’alias Petit Fantôme. On l’a rencontré à Rennes pour faire le bilan sur cette année folle.

WZKc8h2 INTERVIEW PETIT FANTÔME│« JAVAIS PEUR DE REGRETTER »

Across The Days : Stave, c’est vraiment « sta-ive », ta vie en verlan ?

Petit Fantôme : Ouais, on l’a conjugué même : je smave, tu staves, il slave, nous slavons, vous slavez, ils slavent.

ATD : C’est ta vie mais ça touche aussi beaucoup de gens…

Petit Fantôme : Ouais c’est un peu le but, quand j’ai écrit les textes, c’était un contexte très personnel, auquel j’ai voulu trouver une tournure qui serait universelle, pour que tout le monde s’y reconnaisse, « Photographie moi », par exemple. Ca parle de moi mais dans le rendu tout le monde peut s’y retrouver.

ATD : Ça fait un an tout pile que t’as fini de composer Stave, maintenant, quand tu le réécoutes, que tu le joues en live, est-ce qu’il y a des trucs que t’aurais voulu faire différemment ?

Petit Fantôme : Non, je le trouve bien comme ça, je regrette rien. Je suis très content de comment on a développé la version live. Même pour les textes : j’avais peur de regretter de dire certaines choses, mais non, ils me vont encore. Peut-être que dans deux ans ça sera plus le cas, mais pour l’instant ça me correspond toujours, et je peux les dire encore et encore sans m’en lasser.

ATD : C’est un projet très personnel, mais tu as tenu à t’entourer de musiciens pour le live…

Petit Fantôme : J’aime pas trop les mecs seuls sur scène, à moins qu’ils soient très doués. En concert j’avais vraiment envie d’une formule au plus près de la mixtape, des morceaux tels qu’ils sont, j’avais envie de les développer comme ils le méritent. J’ai fait ce que j’avais envie d’entendre en live, d’avoir un truc très fort, puissant, très rock. Il y avait aussi cette envie d’être entouré de mes copains… Ça m’aurait moins intéressé de faire tout seul, avec des boucles, avec mon ordo : c’aurait été trop froid. Je voulais vraiment un truc qui vive, qui vibre. J’ai pas envie de faire 800 kilomètres pour faire mon truc sur scène recroquevillé, tout seul.

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ATD : Tu parles encore de mixtape toi-même, mais maintenant qu’elle est pressée sur vinyle, elle est vraiment considérée comme un album alors qu’au début tu tenais vraiment à ce terme…

Petit Fantôme : Oui maintenant je suis plus détaché du mot mixtape… Si c’est un  « album », ça a tellement été dit comme ça, ça me va !

ATD : La distinction était vraiment importante pour toi ?

Petit Fantôme : Au début, il y avait un truc où je voulais pas que ce soit considéré comme mon premier album. C’était surtout ça. Ca me gêne d’avoir des chansons aussi personnelles comme premier album. Mais maintenant, ça a dépassé tout ça, je m’y intéresse plus, maintenant que c’est sorti, je vais pas batailler sur un terme comme ça. Oui voilà : c’est sorti en vinyle, c’est un album, ça fera partie de mes disques, quoi.

ATD : L’album qui est en gestation, tu le considèreras comme ton premier album ?

Petit Fantôme : Ouais ! Je l’écrirai comme un premier album. Ca sera un album hi-fi, il sera vraiment produit. Je veux reproduire l’investissement que j’ai mis dans Stave, mais avec un producteur. Le même investissement personnel, mais dans un studio : je veux que ça sonne mieux, plus gros. Mes envies seront plus réalisables parce que le producteur saura les faire, etc. Et ça sera pensé comme ça.

« Le fil conducteur de Stave, c’est le courage »

ATD : Tu ne joues que Stave en live, tu n’as jamais eu envie de jouer des morceaux de Yallah, ou d’autres ?

Petit Fantôme : Le but c’est vraiment de jouer Stave, dans l’ordre, comme la mixtape quoi. J’adore voir des groupes qui jouent que l’album, et qui se cassent, sans rappel. Comme les Cure à l’époque où ils faisaient ça. Ca m’intéresserait pas de jouer les autres morceaux, c’est cohérent comme ça. C’est le Stave Tour !

ATD : Les paroles de Stave sont parfois un peu abstraites, si ça devait parler que d’un seul truc, ça serait quoi le fil rouge ?

Petit Fantôme : Ca parlerait de courage. C’est le fil conducteur de Stave : essayer d’être un garçon courageux dans ses relations intimes, dans sa vie, dans ses ambitions, dans ses relations familiales. Parfois t’es pas courageux dans ta vie, et t’échappes à des choses qui auraient pu se passer mieux, parfois t’as le courage de faire l’effort, et tu vis des trucs que tu regrettes pas. Moi, j’ai regretté.

ATD : Toi et Crystal Fighters vous êtes un peu les seuls à revendiquer une identité basque tout en ayant réussi à marcher au delà des frontières…

Petit Fantôme : Je suis pas trop basque, hein. Mon grand-père est basque, mon père, mais c’est plus de la poésie, un hommage, une référence, qu’une revendication. Peio, c’est à double tranchant : j’ai utilisé une mélodie qui est très importante là-bas, qui est dans les cahiers d’école. C’était vraiment dire l’amour que j’avais pour le Pays Basque de manière poétique et très référencée pour les basques. Il n’y a que des basques qui ont vraiment capté le truc. Après j’aime pas le côté régionaliste et tout ça, c’est pas mon truc. Je suis pas là-dedans même si je respecte les identités.

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ATD : Quand tu chantes sur Teahupoo, pourquoi tu parles de cette vague-là précisément ?

Petit Fantôme : C’est une vague qui me fascine, que j’adore… Je peux passer des heures sur YouTube à regarder que ça ! C’est un hommage à Malik Joyeux, qui était un surfeur de Tahiti, qui a beaucoup surfé Teahupoo avec son frère. Lui est mort mais à Hawaï.

ATD : Pourquoi ce ne sont pas des images de Teahupoo dans le clip, du coup ?

Petit Fantôme : C’est des images de Crystal Voyager, un des premiers films de surf. C’était un des premiers mecs à filmer les vagues, il a fait un des tout premiers slow-motion de vagues, et à la fin de sa vidéo, il y a une énorme partie super belle dont on a repris quelques images. C’est surtout un film qui a été repris par les Pink Floyd pour finir leurs concerts, ils jouaient Echoes avec ce film en fond, et c’est devenu un clip pour les Pink Floyd. Donc il y a cette référence là aussi forcément… C’est très dur d’avoir de belles images de Teahupoo qu’on peut prendre légalement, tout est très actuel, c’est début 2000 jusqu’à maintenant, où elle est très surfée en jet-ski etc, où c’est filmé en HD… C’est dur d’avoir de vieilles images libres de droit de Teahupoo. J’ai juste évoqué le thème à Jamie Harley, la poésie, le thème, l’ambiance, et lui a il a pioché, il a trouvé son truc et c’est ce qui marche. C’est pas Teahupoo mais ça marche.

Après, je ne sais pas faire de surf… Je tombe. Je tombe bien, mais je tombe. Je m’entoure les jambes avec le leash et je me noie dans trente centimètres d’eau. (rires)

ATD : Ça serait quoi l’album le plus opposé à ta musique que tu écoutes (et que tu aimes) ?

Petit Fantôme : (il regarde dans son iPhone) Je dirais Jon Hopkins. J’adore son album, et c’est pas du tout la musique que je sais faire…

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