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[Hello TMRC] "L’Homme Bionique est un aperçu de ce que la science est capable de faire aujourd’hui"

Publié le 16 avril 2014 par Pnordey @latelier

Rich Walker revient sur le projet Homme Bionique, corps entier composé de prothèses, et sur les évolutions dans l’industrie robotique.

Entretien avec Rich Walker, CEO de Shadow Robot, spécialisé dans la technologie robotique, dans le cadre de sa présentation au Hello Tomorrow Challenge, dont L’Atelier est partenaire, et du projet Homme Bionique.

L’Atelier : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’Homme Bionique ?

Rich Walker : Pour replacer le projet dans le contexte, il y a quelques années, une chaîne de télévision spécialisée dans les documentaires nous a sollicité car elle souhaitait avoir un aperçu de ce qui se faisait dans la médecine, et plus précisément dans la technologie des prothèses. Elle nous a demandé : "si on vous donne une multitude de prothèses, seriez-vous capable de créer un être humain entier ?" Le projet nous a beaucoup intéressé et nous avons donc passé un an à le développer. Nous avons bénéficié de financements de la part de chaînes anglaises et américaines, ainsi que de fonds médicaux (ndlr : le projet a coûté un million de dollars).

Nous avions donc cette idée folle de créer un corps humain composé seulement de prothèses avec le soutien des professionnels du métier. Nous avons fait de la prospection dans le monde entier pour connaître toutes les prothèses existantes et analyser comment elles pourraient fusionner. Nous avons donc emprunté ces différentes prothèses et dans une période très courte de 5 à 6 semaines, nous les avons assemblées pour créer l’Homme Bionique. Et à la fin, nous-mêmes étions surpris de voir le nombre de prothèses qui existe aujourd’hui. En plus de l’assemblage, nous avons aussi créé des systèmes technologiques pour faire battre le cœur et faire circuler du sang fictif, bouger la main ou faire parler le robot.

Au final, la création de l’Homme Bionique était pour nous un support de communication scientifique. Il faut voir ce projet comme une photographie à un instant-T de la recherche scientifique aujourd’hui. Nous, Anglais, avons volé le mot "bricolage" aux Français et c’est exactement ce qu’est l’Homme Bionique, c’est un assemblage de plusieurs parties.

Durant les trente dernières années, quels changements majeurs dans l’industrie de la robotique avez-vous remarqué ?

En premier, je dirai que le téléphone mobile a eu un réel impact. L’électronique adressée aux consommateurs s’est dotée d’une haute technologie et ça a eu une conséquence sur les coûts. Les robots que nous créions il y a vingt ans étaient composés de haute technologie très coûteuse mais aujourd’hui, les smartphones les moins chers du marché sont composés de la même technologie que nos robots de l’époque. Donc le prix de ces technologies a progressivement baissé.

L’autre changement est plus récent, il est apparu durant les cinq dernières années. La communauté robotique et scientifique a adopté le système de ROS (Robot Operating System). Concrètement, c’est une plateforme opensource sur laquelle n’importe qui peut télécharger un logiciel pour construire des robots, le modifier ou l’améliorer. Cela a donc eu un impact sur le temps de création d’un logiciel robotique en évitant de passer des années à développer un logiciel permettant au robot de faire un mouvement basique.

Enfin, comme autre changement majeur, j’ai noté la voiture qui se conduit toute seule. Il y a encore quelques années, c’était encore considéré comme de la fiction, mais c’est maintenant devenu quelque chose de banal et plus seulement réservé au domaine de la robotique. C’est intéressant d’observer ce genre de transition technologique.

Selon vous, quelle sera la suite logique de l’industrie robotique ?

La grande frontière que nous, spécialistes de la robotique, n’avons pas encore franchie c’est créer des robots utiles aux individus dans leur vie quotidienne. Une nouvelle génération de robots industriels qui remplissent des tâches d’assistanat pour l’humain arrive mais leurs fonctions restent limitées. Nous allons voir apparaître des robots utiles dans plusieurs endroits de la vie quotidienne et nous nous habituerons à leur présence.

Que pensez-vous du marché européen de la robotique ?

Chaque année, nous menons un sondage dans la communauté de l’industrie robotique : quelles sont les prédictions dans d’autres marchés, les tendances futures, les ventes, etc. Et une grosse tendance à noter sur le marché est le scepticisme éthique par rapport à la robotique. Prenons la traite automatisée des vaches. C’est l’une des grandes success stories de la robotique en Europe. Beaucoup d’agriculteurs veulent aujourd’hui s’équiper de cette technologie car cela leur notamment évite de se lever à l’aube. Il y a quelques années, personnes n’aurait parié sur le fait de voir des robots dans les fermes. L’équipement robotique a donc un bel avenir sur ce continent.


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