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Denison Witmer : déjà 20 ans de carrière et 10 albums à son actif
Publié le 21 avril 2014 par Camillegreen @camillegreen03
Autoportrait le 14.03.14 à La Maroquinerie
En
mars dernier, pour son concert parisien, William Fitzsimmons n’est pas venu les
mains vides. Son ami américain, Denison Witmer était du voyage pour
assurer sa première partie. Ce chanteur pop folk que certains comparent au
grand Cat Stevens a été une révélation : des mélodies entraînantes, un
show rythmé par ses habiles accords de guitare et son humour. Retour sur ses 20
ans de carrière.
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la
musique ?
Grâce
à mon plus grand frère, Douglas, qui a une fibre d’artistique. Mes deux autres
frères et moi, on voulait lui ressembler. Et pour mes 16 ans, Douglas a suggéré
à mes parents de m’acheter une guitare. J’avais l’habitude d’écrire des poèmes
et quand j’ai eu cette guitare, les poèmes sont devenus des paroles. Mon frère
m’a appris quelques accords et je me suis beaucoup exercé. Enfant, je n’ai
jamais suivi de cours de musique, le seul lien que j’avais avec le chant,
c’était à la chorale de l’église.
En 1995, alors que tu étais encore au lycée, tu as sorti une K7
intitulée « My luck, My love », quel est ton regard sur ces chansons
presque 20 ans après ?
C’est
terrible ! Ce qui est marrant, c’est que beaucoup d’amis du lycée aiment
toujours cet album.
Quand
tu n’as pas de public, c’est très facile d’être créatif parce que tu ne penses
à rien d’autre qu’à ce que tu écris. Au long de ma carrière, je suis passé par
plusieurs phases, au début on vit quelque chose de très pure et égoïste puis on
réalise qu’une maison de disques investit de l’argent sur soi, que des gens
achètent tes albums. Et puis soudain, tu n’es plus sûr de rien ! Il faut
alors se débarrasser de la
pression et de nouveau penser qu’à la phase d’écriture pour pouvoir de nouveau
créer.
C’est
nécessaire d’être égoïste pour être créatif puis ensuite altruiste quand la
phase de création est terminée. Tu fais quelque chose pour toi, puis tu
l’offres aux autres. C’est l’équilibre que j’ai trouvé en tant qu’artiste. Et
aujourd’hui, après 10 albums, je suis encore plus excité qu’au début de ma
carrière.
Depuis tes débuts, l’industrie de la
musique a énormément changé, comment as-tu vécu ces différents tournants ?
Les
labels ont compris que les gens aiment désormais acheter des vinyles ou
télécharger de la musique en ligne. Donc maintenant la stratégie est d’exposer
les artistes au maximum pour donner envie aux gens d’acheter de la musique
« physique ». C’est un tournant bizarre dans l’industrie. La grande
partie de l’argent que je gagne c’est en faisant des musiques de films, pour la
télévision et grâce aux concerts.
L’opinion
des gens sur la valeur de la musique a changé. Ils n’ont plus l’impression
qu’ils doivent payer pour écouter de la musique. Et pourtant pendant les
concerts, ils boivent parfois 4 ou 5 verres, ce qui revient au même prix
qu’acheter un album que j’ai passé 5 mois à créer.
Mais de tout façon, je ne me suis pas lancé dans la musique parce que je
voulais gagner de l’argent. J’ai commencé pour le plaisir puis une maison de
disque m’a demandé de faire un album et c’est devenu un business. Evidemment,
je veux pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. Quand tu vas voir un
psychiatre pour ta santé mentale, tu ne t’attends pas à ce qu’il t’offre la
consultation, avec la musique c’est pareil.
Que raconte ton dernier album éponyme ?
Cet
album est en quelque sorte une vision sentimentale de mes 15 dernières années
passées à faire de la musique, quand tu te consacres à quelque chose depuis un
moment, même s’il y a des périodes où tu n’es plus certain de vouloir continuer
à faire ça. Mais tu as le sentiment que tu devrais continuer. On peut retrouver
cette sensation au travail, dans une relation amoureuse, la peur de changer est
plus effrayante que la misère dans laquelle tu as trouvé un certain confort.
J’espère qu’en écoutant l’album les gens n’auront pas l’impression que je suis
en train de me plaindre. Ce n’est pas le cas, j’évoque juste le fait d’essayer de faire quelque chose mais
si on n’est pas sûr de soi, s’encourager à tester des choses nouvelles.
Dans
ma chanson Keep Moving Bother, Keep Moving Sister, j’ai écrit ces paroles :
« I consider my name, the one
I’m given and the one I became, and the difference between hangs inside the
stars my love ». J’ai voulu souligner que nous sommes nés pour une raison
et que nous passons notre vie à essayer d’élucider cela. Il faut accepter cette
part de mystère, il y a des choses qu’on ne comprend pas. C’est comme lorsqu’on
rêve.
©Denison Witmer
Les réseaux sociaux sont-ils un passage
obligé même pour un artiste qui affiche 20 ans de carrière ?
Je
ne pense pas que Twitter et Facebook soient faits pour tout le monde. J’aime
bien passer du temps dessus mais je n’aime pas trop l’idée qu’être musicien
signifie aussi être publicitaire. On ne peut pas tout faire.
Sur scène, tu arrives à créer un lien
particulier avec ton public en parlant beaucoup avec lui entre tes
chansons, ce soir à Paris, la barrière de la langue t’effraie-t-elle ?
Je
suis très bavard et parfois j’aimerai pouvoir avoir une réelle conversation
avec le public, qu’il me réponde. Je n’ai pas toujours été comme ça, avant,
cela m’effrayait de parler sur scène. Et ce soir à Paris, cela va peut-être être un
peu particulier parce que je sais qu’en France, une majorité des gens ne parle
pas anglais couramment. J’ai donc un peu peur de ne pas être compris ou de trop
parler ! Mais au final, il faut rester soi-même. Je serai certainement un
peu plus timide ici ce soir que pour d’autres concerts.
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