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Stephan Zweig : Le Monde d’hier

Publié le 23 avril 2014 par Lebouquineur @LBouquineur
Stefan Zweig, né en 1881 à Vienne, en Autriche-Hongrie, et mort par suicide le 22 février 1942 à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien. Stefan Zweig fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il y poursuit une œuvre de biographe (Joseph Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments).Le Monde d'hier sous-titré Souvenirs d'un Européen est une autobiographie commencée en 1934 dont il posta à l’éditeur le manuscrit, tapé par sa seconde femme, un jour avant leur suicide et qui parut en 1944.Seulement cinq cents pages pour survoler cinquante ans de l’Histoire de l’Europe, et quelle période, de 1895 à 1941 ! Stephan Zweig a eu une vie pleine c’est le moins que l’on puisse dire car il était partout, dans la Vienne artistique du début du XXème siècle et il a fréquenté beaucoup de monde, aux premières loges de cet extraordinaire changement d’époque qui mêla le pire, les deux Grandes Guerres mondiales, et le meilleur avec les progrès techniques et les évolutions de la société, « Mais paradoxalement, dans ce même temps, alors que notre monde régressait brutalement d’un millénaire dans le domaine de la moralité, j’ai vu cette même humanité s’élever dans les domaines de l’intelligence et de la techniques à des prodiges inouïs… » L’écrivain autrichien parcourt l’Europe mais aussi l’Amérique, l’Inde, l’Afrique comme la Russie de 1928 dont il revient plus circonspect que d’autres, déménage souvent au gré des évènements. Il croise le chemin des personnalités les plus diverses, dresse de magnifiques portraits très émouvants de ses amis Rilke, Rodin, Romain Rolland, Gorki ou Freud pour n’en citer que quelques uns. Avec lui nous assistons à l’embrasement de l’Europe après l’attentat de Sarajevo et plus tard à l’entrée en scène d’Hitler.Tous ces évènements, même les plus tragiques, sont narrés d’une plume pudique et réservée, prenant toujours garde à être objective et précise, relatant plutôt que critiquant, ne se plaignant jamais pour lui-même. On devine pourtant combien il devait lui en coûter moralement, puisque Juif et pacifiste forcené, « honnête homme » comme on disait jadis, rédigeant là un véritable plaidoyer pour l’Europe, il se verra de surcroit obligé de s’exiler vers l’Amérique du sud.On retiendra aussi de cet ouvrage fascinant, des réflexions ou des jugements écrits vers 1940 mais qui pourraient avoir toute leur légitimité aujourd’hui, « Au fond, en 1939, il n’y avait pas un seul homme d’Etat qu’on respectât, et personne ne remettait avec foi sa destinée entre leurs mains » ou des considérations sur les modes vestimentaires ou capillaires du même niveau que celles sur les cheveux longs des années 60 ! Comme quoi, l’Histoire est un cycle qui se répète…Seul point curieux, tout du long de l’ouvrage il n’est quasi jamais fait référence à sa femme (il a été marié deux fois), on a toujours l’impression qu’il est seul et voyage sans elle, certainement la pudeur qui me semble le mot qui le résume le mieux.  « Si j’embrasse d’un regard toute ma vie, je me rappelle peu de moments aussi heureux que les premiers de ce temps d’université sans université. J’étais jeune et, de ce fait, je n’avais pas encore le sentiment que la responsabilité m’incomberait de produire une œuvre parfaite. J’étais assez indépendant, le jour avait vingt-quatre heures et toutes m’appartenaient. Je pouvais lire et travailler à ce qui me plaisait sans avoir de comptes à rendre à personne, le nuage des examens ne se montrait pas encore à l’horizon dégagé, car enfin, comme trois années paraissent longues quand on a dix-neuf ans, comme on peut les faire riches et pleines et abondantes en surprises et en cadeaux de toute sorte ! »  Stephan Zweig  Le Monde d’hier - Souvenirs d’un Européen  Le livre de Poche  - 506 pages –Traduction de Serge Niémetz  

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