Magazine Culture

L’indésirable, Sarah Waters

Par Maliae

l'indésirableRésumé : Depuis la Seconde Guerre mondiale, la demeure d’Hundreds Hall n’est plus que l’ombre d’elle-même : loin de sa splendeur passée, d’étranges événements se succèdent et distillent entre les murs un vent de terreur. Faraday, médecin de campagne, assiste la famille Ayres qui s’efforce de cacher la débâcle. À moins que le cœur du manoir ne soit rongé par un lugubre secret…

Avis : en piochant ce livre dans ma bibliothèque, j’étais à peu près sûre que j’aurais quelques frissons, je ne m’attendais pas à avoir tellement les pétoches que je ne voudrais plus descendre de mon lit pour aller fermer les volets.
Dès les premières pages, j’ai su que j’allais aimer, la plume de l’auteur est entraînante, ses descriptions sont tellement bien foutus qu’on est dans le décors de la maison immédiatement, qu’on est plongée dans l’ambiance et on a qu’une envie : continuer.
Autant dire que j’ai dévoré ce petit pavé, sans m’ennuyer un seul instant, j’étais prise dans l’intrigue, je voulais en savoir plus, voir ce qui allait se passer, quel serait le nouvel événement doutant d’un côté de la santé mentale des Ayres et de l’autre de la maison.
Problème psychologique ou être surnaturel qui a décidé de leur faire du mal ? Telle est la question latente de ce livre, et l’auteur nous laisse prendre la décision, à nous de choisir si tout ce qui arrive n’est que l’imagination d’esprits fous et fatigués, ou bien si la maison contient quelqu’un ou quelque chose de malsain.
Les personnages nous foutent vraiment le doute très franchement. Tout est écrit du point de vu de Faraday le médecin de la famille, et son esprit totalement cartésien : le surnaturel n’existe pas, il y a forcément une explication scientifique. Et pour trouver des explications à tout et n’importe quoi, même au plus étrange, ce médecin est très doué. Si je l’ai apprécié au début, je me suis rendue compte que mon avis sur lui s’est dégradé au fur à mesure du livre. Plus je me plongeais dans le livre et plus je le trouvais dérangé, bizarre, quelque chose clochait avec ce type même si je ne saurais pas exactement dire quoi. Il est comme une bizarre tâche dans cette maison et il s’y incruste comme si elle était à lui, comme si la famille lui appartenait en fait – tout du moins c’est l’impression qu’il m’a donné. Il adore cette maison, il ferait tout pour pouvoir y rester et ça en devient presque malsain parce que la maison en elle-même est entrain de s’écrouler sur le dos de ses habitants. Impossible pour lui d’imaginer que la famille puisse partir, finalement j’ai eu l’impression que c’était lui presque qui les forçait à rester, inconsciemment.
D’un autre côté on a la famille Ayres ainsi que leur domestique : Betty. Je les ai trouvé très très étranges, dès le début je les ai trouvé un peu fou, mais cela peut se comprendre. Ils n’ont plus leur place dans cette époque, ils sont comme des espèces de résistants d’un autre âge. Dans ce monde d’après guerre, ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes pour essayer de s’en sortir, croulant sous les dettes et presque prisonnier d’une maison qui est entrain de s’écrouler sous leurs yeux. Pourtant au fur à mesure du livre j’ai eu une sorte d’attachement pour eux, pour ce qui était en train de leur arriver. J’avais envie de croire qu’ils n’étaient pas fous, mais bien attaqué par quelque chose d’indéfinissable. Je voulais que Faraday ouvre les yeux, les aide, et les fasse partir de cette maison le plus vite possible.
J’avoue que les événements sont insidieux et foutent vraiment la trouille, mais comment être sûr que c’est une présence mauvaise dans la maison qui fait tout ça, ou si c’est les Ayres eux-mêmes qui deviennent fous? Le doute persiste jusqu’au bout, et je reste partagée.
Néanmoins la fin peut être une sorte de réponse, une réponse qui me convient mais me frissonner encore plus tellement je la trouve terrible. C’est une fin extrêmement ouverte, qui laisse encore le choix au lecteur de donner sa propre interprétation. Folie ou surnaturel? Quel choix prendrez-vous?

Mon ressenti : 

tumblr_inline_mzf3vqnCe01qftq4n

Ce que je pense de la fin (ATTENTION GROS SPOIL, surligner pour lire) :

[spoiler on] Je pense que Faraday est responsable depuis le début, voilà ce que je crois. Les choses interviennent depuis qu’il est là – comme par hasard. C’est lui qui d’une certaine façon pousse la famille à rester. C’est lui qui veut cette maison, qui l’aime presque d’une façon malsaine.
Je pense que le dernier "vous" de Caroline fait écho au "moi" de Faraday à la fin quand il se voit dans la vitre. C’est sans doute inconscient mais à mon avis ce n’est pas anodin qu’il ait fait un rêve juste avant la mort de Caroline et qu’il ait été aussi peu loin de Hundreds. 
Comme le dit Caroline, ce n’est pas elle qu’il aime mais la maison et ça se ressent, il pense au mariage comme le moyen de vivre à Hundreds, il cherche des moyens d’y rester, il s’incruste, il est attiré par la maison même quand il n’a pas forcément envie d’y venir. 
Bref peut-être qu’il est responsable de cette chose qui prend vit dans la maison, et le fait qu’il soit presque une sorte de propriétaire d’Hundreds à la fin (en tout cas qu’il continue à y venir et tout) prouve à mon avis que son attachement est étrange, un peu fou. 
D’après moi c’est lui le plus dingue, sa réaction quand Caroline ne veut plus de lui est limite malsaine, étrange, on ne sait pas si c’est de perdre la maison qui le dérange ou si c’est de perdre Caroline. 
Lui aussi essaie finalement de trouver cette chose qui hante la maison et je crois qu’il le trouve à la fin. [spoiler off]

Si vous avez lu le livre, que vous avez envie d’échanger sur cette histoire j’en serais ravie, n’hésitez pas à mettre un commentaire !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Maliae 1381 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines