La Saint George ( sans le "s" français) c’est la fête de l’Angleterre. C’était hier, mais j’étais empêtrée dans mes histoires de batailles médiévales, et ça m’avait échappé. Il faut dire aussi que si on fête allègrement la Saint David au Pays de Galles, si on célèbre joyeusement la Saint Andrew en Ecosse et si la Saint Patrick irlandaise provoque une beuverie planétaire, pour la Saint George, il ne se passe strictement rien! Ce n’est même pas férié, ce qui est injuste. Non pas que je soutienne la poignée d’illuminés qui réclament l’indépendance de l’Angleterre, mais un jour férié de plus, c’est toujours agréable.
Saint George a été proclamé patron de l’Angleterre en 1415 par Henry V, tout content d’avoir gagné à Azincourt et qui voulait marquer le coup à peu de frais. De là à dire que c’est grâce aux français que Saint George a eu cette promotion flatteuse, il n’y a qu’un pas. Bref, ça devrait au moins être férié pour nous, pour nous remercier de la pâtée monumentale prise par nos ancêtres sur le champ de bataille…
Photo: BBC.co.uk. (Marichéri est très flatté par les commentaires élogieux sur ses photos et regrette de ne pas avoir croisé de dragon récemment pour pouvoir illustrer mon billet)
A part avoir lamentablement échoué à domestiquer un dragon, qu’à fait George pour mériter autant d’honneurs? Il semblerait que ce grand héros anglais était en fait turc, et qu’il venait de Cappadoce. Comme il n’y avait pas grand chose à faire à cette époque pour un ado en Turquie (en 280… à peu près, l’état civil était confus), il s’ennuyait ferme. A tel point qu’il s’est enrôlé dans la légion romaine, qui était un peu le club med de l’époque. Je veux dire que les romains avaient des villages camps tout autour de la méditerranée. Après des péripéties diverses, notre brave George s’est retrouvé tribunus militus, ce qui n’a rien à voir avec une maladie de peau, mais équivaut au rang de colonel. Mais il a soudainement gâché sa carrière militaire en se convertissant au christianisme et en essayant de protéger ses petits amis des supplices infligés par les romains, ce qui était très mal vu, un peu comme si un boucher devenait végétarien. Pour faire court, il a fini décapité en 303 (non, je n’ai pas honte…). Vous me direz, et le dragon dans tout ça? Et pourquoi avoir choisi George comme patron de l’Angleterre?
Pour le dragon, c’est très simple. Un méchant dragon ne faisait rien qu’à embêter de gentils villageois, dans un coin paumé en Libye (ça n’a rien a voir avec l’actualité). Heureusement, George passait par là, sur son blanc destrier. Pour faire son intéressant auprès de la fille du roi local, il a trucidé cette pauvre bête (le dragon, pas le roi). Par contre, son anglicisation est plus confuse. Il semblerait que des touristes croisés anglais en vadrouille dans la région aient été suffisamment impressionnés par la légende de Saint George pour la ramener dans leurs bagages. Ça change du choléra ou de la lèpre, comme souvenir des croisades.
Mais rien ne justifie dans tout ça que ce pauvre George n’est pas droit à un jour férié, comme ses petits copains Andrew, Patrick et David. C’est vraiment trop injuste!