Nip/Tuck est une série un peu étrange, que j’aime autant que je déteste. Avec un casting solide et un bon concept de base, Ryan Murphy s’évertue saison après saison à faire perdre de la superbe à nos héros en les faisant tomber dans un sacré n’importe quoi… Frustrant. Mais malgré cela, ces thématiques parfois barges et surtout grâce aux personnages de McNamara et Troy cette série arrive à avoir un certain esprit assez sympa…
Nip/Tuck saison 5 – Holywood baby !
La saison 4 s’était achevée après la découverte d’un trafic d’organes ainsi que de problèmes liés à la naissance d’un bébé laissant Sean relativement exsangue, et ayant besoin de changement dans sa vie. Il décide donc de s’installer à Hollywood, vite rejoint par Christian, ne pouvant décemment pas travailler sans son compère. Sur place, ils vont se retrouver impliqués sur une série télé sur la chirurgie, ils vont croiser des cas toujours plus étranges, être poursuivis pas une agente psychopathe sur les bords, être courtisé par la fille de l’amante de Julia, voir Kimber retomber dans le porno… Bref un grand glabi-boulga qui part dans tous les sens.
Il arrive toujours un point dans une série où l’on peut légitimement se demander si on n’arrive pas à la saison de trop. Conscient d’une certaine perte de vitesse à la fin d’une quatrième saison, Ryan Murphy tente un changement d’air qu’il espère salvateur pour ses personnages. Manque de chance, la grève des scénaristes implosant en plein milieu de la saison, les plannings de production se retrouvent un peu resserrés et les scénaristes doivent travailler (trop) vite.
L’idée de base est simple : Nip/Tuck goes to Hollywood. De ce fait, Sean étant coupé de ses liens familiaux et Christian se retrouvant avec un fils sur les bras, la production décide de les faire repartir de zéro…. ou pas. C’est en fait le gros souci que l’on va retrouver tout au long de la saison. Dès qu’une direction est prise pour l’un des personnages, le traitement ne suit pas et on bascule très vite à autre chose, sans se soucier des conséquences. Julia, par exemple, agonise pendant une partie des épisodes, suite à un empoisonnement, sans que quiconque trouve à y redire, ou tout simplement cherche à s’occuper un tant soit peu d’elle. Quelque part tant mieux, son personnage prouve de plus en plus sa flagrante inutilité.
De même chaque piste permettant de faire évoluer la série de manière important est finalement rabaissée à l’état de concept. Hollywood ne devient qu’un prétexte à staffer Sean sur Heart & Scalpel, pauvre série débile sur laquelle il joue de temps en temps. Le côté sulfureux qu’on pouvait prévoir de cette délocalisation n’est finalement pas exploité du tout. On s’attendait à un grand lâchage de nos deux héros, on assiste à un grand… rien du tout. Les situations continuent à ne pas avancer, tout pas en avant étant tout de suite suivi d’un pas en arrière… Bref la série fait du surplace en brassant de l’air avec force et conviction.
Reste néanmoins quelques passages ou personnages intéressants. Comme Rachel, infirmière israélienne défigurée par la guerre, personnage fort qui sera malheureusement beaucoup trop vite sacrifié. Ou encore Eden, satan en string, provocatrice et manipulatrice, un peu trop facilement passée à la trappe. On peut également noter un épisode un peu décalé dont la moitié se passe sous forme de sitcom. Un exercice qui là aussi trouve ses limites dans la relative frilosité de l’écriture qui n’ose pas aller au bout de son concept…
C’est dommage on à l’impression que Ryan Murphy ose, mais timidement. Va-t-il falloir envoyer le monsieur sur le billard afin de lui faire greffer une paire de roubignolles ? Car cette saison est malheureusement bien insuffisante pour relancer l’intérêt. Alors on croise les doigts en espérant que la suivante saura enfin donner la pleine mesure aux personnages de Sean et Christian qui méritent franchement mieux, surtout au vu de leurs très solides interprètes.