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Une semaine dans le Bordelais, jour 4 (2nd part) : Yquem

Par Eric Bernardin

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A peine avons-nous quitté Haut-Bailly, des petites étoiles dans les yeux, que nous descendons un peu plus au sud vers l'un des châteaux les plus mythiques du Bordelais : Yquem. Ce n'est pas forcément le plus facile à trouver, car aucun panneau ne l'indique, y compris à l'entrée de la propriété. 

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Pour le coup, le terme château n'est pas usurpé. On pourrait même parler de château fort, avec ses remparts crénelés, et sa vue panoramique sur les environs pour voir arriver de loin les forces ennemies. Ca ne marche pas à tous les coups, ceci dit : Alexandre de   Lur Saluces n'a pas vu venir Bernard Arnault s'approcher des différents co-propriétaires du domaine avec des valises de billet, réussissant à s'emparer de la forteresse Yquem en 1999 en devenant l'actionnaire majoritaire de la société fermière.

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Le vignoble de 113 hectares recouvre une grande partie de la butte dominant l'appellation, offrant une multitude de sols participant à la complexité finale du vin. La proximité du Ciron, un affluent de la Garonne, favorise la formation de brumes matinales indispensables au développement de la pourriture noble (botrytis cinerea) à condition qu'elles soient suivies d'après-midi ensoleillés. Sinon, elle devient beaucoup moins noble...

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Les vendangeurs doivent être bien formés pour savoir ce qu'ils doivent ramasser ou jeter. Le meilleur outil pour en juger étant encore le palais. Si c'est bon, tu mets la grappe (ou la portion de grappe pourrie) dans le panier. C'est si c'est pô bon, zou, par terre. Cela explique pourquoi les rendements sont faibles : les vendangeurs mangent la moitié des raisins ;-) 

L'objectif est de ramasser des raisins à une moyenne de 20 ° potentiel, ce qui donnera un vin à 12 ° + 120-140 g de sucres résiduels. Cela implique de repasser plusieurs fois pour ne ramasser que les grains les plus "rôtis" (bon, ça, c'est la jolie histoire que l'on vous raconte, car si l'on ne ramassait que les grains rôtis à Yquem, ce vin serait liquoreux comme une cuvée Madame de Tirecul la Gravière, et aurait 250 g de sucres résiduels...)

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Un tracteur écologique

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Un employé très à l'aise...

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Une fois vendangé, les raisins sont pressurés et le jus entonné en barriques neuves pour y démarrer la fermentation. Vu le taux élevé de sucres, cela peut durer jusqu'à six semaines. Elles resteront là jusqu'au printemps. Chaque barrique sera dégustée pour décider de son futur sort : Yquem or not Yquem. Les élues seront assemblées et redescendront en barriques dans le chai souterrain.

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L'élevage s'y poursuivra durant 36 mois.

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Là, ce sont les cuves du blanc "sec", Y d'Yquem, fabriquées en Italie, dont nous rencontrerons des soeurettes au château la Gaffelière à Saint-Émilion. Les photos ont du mal à exprimer toute leur beauté, les appareils photos étant beaucoup plus bourrins que les yeux humains.

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Nous allons déguster... Comme le disait Clémenceau, le meilleur moment, c'est la montée de l'escalier.

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Here we are...

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5-4-3-2-1...

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C'est parti !

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C'est du Yquem 2011, donc. La robe fait songer à de l'or liquide. Le nez très expressif évoque l'ananas rôti au beurre, l'abricot, l'écorce d'orange confite, avec une touche de vanille et de safran. La bouche est ample, avec une matière onctueuse mais pas pesante. Il y a même une belle acidité qui apporte beaucoup de fraîcheur et qui le rend digeste. Y a pas, c'est bon, c'est bien fait. Après, le prix (350 €), comment dire ?... On ira voir ailleurs pour se faire plaisir à beaucoup moins cher.

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