La deuxième journée à Delhi a drôlement commencé. Après une nuit dans le froid, parce qu’il n’y a pas de chauffage dans les établissements indiens et que la température descend beaucoup la nuit, j’entends cogner à la fenêtre de ma chambre… du quatrième étage. Pigeon! Le problème, c’est qu’il y a un trou au-dessus du ventilateur de la salle de bain… et que le pigeon utilise cette entrée pour visiter l’hôtel. Voilà qui explique les fientes dans la douche… et sur les serviettes fournies par l’hôtel.
Considérant la présence d’un visiteur non désiré, on m’a permis de changer de chambre pour la deuxième nuit.
Pendant que je déjeunais, un couple composé d’un Indien et d’une Sud-Africaine est arrivé. Ils viennent d’ouvrir leur agence de voyage à Delhi. Je discute avec eux pendant tout mon repas et décide de voir avec eux s’il y a possibilité qu’ils me réservent un billet de train vers Varanasi.
Comme toutes les agences, ils ont dressé tout un itinéraire pour moi. Peut-être l’attrape est-elle là, mais la présence de la Sud-Africaine qui a elle-même vécu en Autriche, en Allemagne et maintenant en Inde, me rassure. Je n’arrive pas à m’imaginer qu’elle puisse vouloir m’arnaquer. Après de longues discussions, j’accepte de faire affaires avec eux. Plus cher que j'espérais, mais à tout le moins, ils réserveront tous les billets de train et d’avion dont j’ai besoin, une tâche complexe pour n’importe quel étranger.
Règle générale, à Delhi, il est recommandé d’aller directement à la station de train pour réserver un billet. Sinon, le Lonely Planet recommande l’agence gouvernementale officielle, dont plusieurs bureaux d’escrocs ont repris le nom partout en ville, pour confondre les touristes. Anke et Omer, de mon agence, disent que même l’agence gouvernementale nous référera vers des endroits où elle perçoit une commission. Qui croire?
L’agence me cueillera aussi à chacune des gares, réservera mes hôtels et organisera un safari à dos de chameau à Jaisalmer et une journée sur un bateau à Aleppey, dans le sud. Ouf!
Ils m’ont par ailleurs invité à dîner, ont récolté la facture, et m’invite à passer la soirée chez eux le soir avant mon départ pour la maison.
J’ai bu tout plein de chaï avec eux et j’ai quitté l’agence juste avant la noirceur.
C’était ma première chance d’explorer par moi-même. Première incursion dans le métro.
Le métro de Delhi est particulièrement efficace. Il faut passer la sécurité pour y être admis. Il y a une ligne pour les femmes, une autre pour les hommes. On achète ensuite un jeton, dans les distributrices quand elles ne sont pas brisées, ou directement au comptoir.
Le jeton sert de carte magnétique pour passer les barrières. Il faudra l’insérer dans une fente pour ressortir de la station où nous sortirons. Le prix est fixé en fonction de la distance à parcourir, dans mon cas, entre 10 et 15 roupies.
Oui, le métro est bondé. À peu près toujours. Et tout le monde court pour avoir une place assise quand c’est possible. Plus de place pour un autre passager? Eh oui, y’a toujours de la place.
Je suis descendu à la station Khan Market, suis sorti un peu au hasard et ai entrepris de marcher vers le jardin Lodi. La nuit est tombée pendant le trajet.
Il fait sombre et je navigue approximativement devant le marché bondé, puis une route principale. Pour traverser la rue, on fait comme ailleurs en Asie : on se lance doucement dans le trafic et on espère pour le mieux.
Le jardin est baigné par l’obscurité et le brouillard. Le mystère et l’incertitude à la fois. Comme un sentiment que ce n’était peut-être pas la meilleure idée. Mais puisque je suis là.
Je traverse le parc lentement, entre les mausolées aux allures magiques par ce temps bizarre. Dieu seul sait quel danger me guettait dans ce parc, moi seul Blanc un peu perdu au milieu de Delhi.
J’ai fini mon excursion en une seule pièce et ai repris le métro, croisant des sans-abris faisant des feux au coin des rues. Et j’ai marché jusqu’à mon hôtel, non sans me faire harceler par les chauffeurs de rickshaw, qui veulent bien sûr tous être notre ami.
J’ai fini la soirée en mangeant dans un boui-boui tout ce qu’il y a de boui-boui, dans la pure tradition indienne. Quatre tables au fond d’un petit étal, dans une rue sombre, avec le cuisinier qui mitonne ses repas sur le bord de la rue.