Pharoahe Monch "PTSD – Post Traumatic Stress Disorders" @@@@
Sagittarius HH / 15 avril 2014Avec un nom tel que Post Traumatic Stress Disorders (PTSD), ce quatrième album de Pharoahe Monch ne pouvait être que la suite logique, ou la conséquence, de W.A.R. Leçon de psychanalyse par le rap.
Cet opus un brin conceptuel – qui était prévu au départ pour n’être qu’un EP – est axé autour des mécanismes qui font tomber dans la dépression, le pétage de plombs, la drogue et le cercle infernal qui en découle. Toute la thématique de l’album tourne autour des problèmes psychologiques et troubles comportementaux provoqués par une terrifiante réalité, la détresse, l’impuissance face à la force des choses qui nous gouvernent, ou même aussi les dégâts engendrés par se battre contre le système afin d’avoir une vie normale. Pour cela, Pharoahe Monch utilise tous ses talents de narrateur pour relater des scènes difficiles du quotidien qui amènent à ces situations désespérées. Mais pas que son don pour le lyricisme, il fait de véritables prouesses avec son flow, allant même jusqu’à bégayer sur "Time2". Ajoutez à cela de multiples interludes pour assurer la cohésion et vous avez cet ouvrage PTSD.
Cela n’en reste pas moins un album 100% Hip-Hop, avec des morceaux percutants comme "Bad M.F.", où le MC compare la soupe rap actuelle de "pussy pop", et "The Jungle" qui dépeint le quartier de Southside dans le Queens. A la prod, des forgerons du beats : Marco Polo, Lee Stone, Quelle Chris… Supplément ‘guitares électriques’ pour booster les beats comme un shot d’adrénaline. Très peu d’invités aussi, mais qui offrent d’impressionnantes perfs, comme Talib Kweli et surtout . On compte aussi sur Denaun Porter (ex-D12) au chant sur "Losing My Mind". Pharaohe mise sur la qualité plutôt que la quantité. Les moyens sont modestes aussi, peu importe quand on est surdoué. On surprend le rappeur chanter sur "Broken Again", ou faire un peu de spoken-word sur "Post Traumatic Stress Disorder", track moins sombre qu’il n’y paraît, bien au contraire, elle redonne un peu d’espoir.
La fin de l’album se veut positive, en l’apparence. "D.R.E.A.M." rappelle que rêver est important pour se fixer des choix d’avenir, à moins qu’il ne s’agit de fuir de la réalité comme s’il s’agissait d’un cauchemar. Et que dire du fantastique "ehT dnarG noisullI" avec les psychédéliques Stepkids. On se croirait en train de vivre la scène finale d’Inception. Moralité : il faut se réveiller et ouvrir les yeux. PTSD est le genre d’album qui fait réfléchir.