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Réponses à quelques préjugés

Publié le 04 mai 2014 par Lana

Les personnes souffrant de maladies mentales entendent souvent les mêmes réflexions. Voici mes réponses à quelques unes d’entre elles.

"C’est dans ta tête"

Oui, c’est pour ça qu’on appelle ça une maladie mentale. Ca ne veut pas dire que c’est une maladie imaginaire. Dans ma tête, il y a un cerveau, c’est un organe très complexe qui peut parfois partir en vrille.

"Tu as lu un livre sur la schizophrénie et depuis tu t’imagines que tu as les même symptômes"

Les symptômes d’une maladie mentale n’apparaissent pas sur commande, la folie ne se choisit pas. Et puis ça n’a rien de drôle, je ne vois pas pourquoi je provoquerais moi-même ce genre de symptômes. Je préférerais être en bonne santé.

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"Les médicaments, c’est pas  naturel, c’est dangereux, tu devrais arrêter"

Et pourquoi ne dis-tu pas la même chose à quelqu’un qui a une maladie somatique? C’est vrai, ce n’est pas naturel, et si tu veux tellement vivre de façon naturel, pourquoi tu ne jettes pas ton portable, ta tablette, ton frigo et ta machine à laver? C’est vrai, ça peut être dangereux, comme tous les médicaments, mais ils sont bien moins dangereux que la schizophrénie. Je ne vais pas subir une maladie grave et mortelle dans 10% des cas pour éviter le danger potentiel des médicaments.

"Tu ne peux pas être schizophrène, tu serais plus malade que ça"

Apparemment, tout le monde a un don inné pour la médecine et les diagnostics, on se demande pourquoi les psychiatres font autant d’années d’études. Déjà, tu ne m’as pas vu quand j’étais en crise. Ensuite, je ne parle pas de mes symptômes à tout le monde (voire à personne). Et puis, depuis un petit temps, on a inventé les neuroleptiques et la psychothérapie, et il se trouve que ça marche pour certaines personnes. Non, toutes les personnes touchées par une maladie mentale ne sont pas enfermées dans un HP. Et oui, quoiqu’on en dise, il arrive qu’on s’en sorte. Ca n’invalide pas le diagnostic pour autant.

"Tu te définis à travers une maladie"

Non, je  suis beaucoup d’autres choses. Mais oui, parfois, j’ai envie de parler de la maladie. Oui, elle fait aussi partie de ce que je suis. Je me demande pourquoi personne ne me dit que je ne me définis que par mon métier quand je parle boulot.

"Pourquoi tu te dis encore schizophrène alors que tu vas mieux?"

Parce que je prends toujours un traitement, que j’en subis les effets secondaires et que j’ai encore des symptômes. Donc, je vis toujours avec cette maladie.

"Tu t’enfermes dans un ghetto" (à propos des forum internet ou des associations d’usagers)

Désolée que tu te sentes exclu parce que, de temps en temps, après une journée boulot avec des gens "normaux", j’ai envie de discuter avec des personnes qui vivent la même chose que moi et me comprennent. Je ne crois pas que le sujet de la schizophrénie t’intéresse beaucoup, donc c’est quoi le problème exactement? Que je ne me contente pas de vivre dans un monde où mon vécu n’a pas droit de cité? Que j’ai besoin de cet espace pour pouvoir vivre, la majorité du temps, dans le monde "normal"?

"Très calée, pour une psychotique"

Avoir une maladie mentale ne veut pas dire être bête. Si la maladie nous fait parfois voir les choses de façon biaisée, ça ne veut pas dire qu’on a perdu notre intelligence pour autant.  Si on est ralenti, la plupart du temps c’est à cause des médicaments. Si on est bête à la base, la maladie ne fera pas de nous un génie, si on est intelligent, on ne deviendra pas stupide.

"Je ne suis pas d’accord avec toi, tu dois délirer"

On ne délire pas tout le temps. Etre schizophrène fait aussi voir la vie autrement, et ça n’a rien de délirant. C’est juste un autre point de vue.


Classé dans:Préjugés, Réflexions personnelles

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