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Jalousie posthume

Publié le 05 mai 2014 par Dubruel

LE VENGEUR (d'après Maupassant)

Louis Rovelli et Jean Souris

Étaient vraiment des bons amis.

Quand Jean mourut,

Louis épousa sa veuve, Lulu

Dont il était amoureux depuis dix ans.

Louis s’entendait bien avec Jean

Mais il le trouvait assez nigaud.

D’ailleurs, il disait souvent :

« Quel ballot,

Ce pauvre Souris ! »

Maintenant,

Louis vivant

Avec la femme de feu Souris,

Gardait un singulier ressentiment

Envers le premier mari

Pour la raison qu’il avait possédé

Lulu avant lui.

Rien qu’à cette pensée, Louis

Sentait diminuer sa félicité.

La jalousie le harcelait.

Il poursuivait Jean de mille railleries :

-« Te rappelles-tu le jour où Souris

Démontrait que les hommes petits

Étaient plus aimés que les grands ? »

Le défunt était petit 

Et Rovelli, grand.

Pour faire plaisir à Louis,

Lulu riait de son ancien mari

Qui ajouta : -« C’est égal ; ce Souris

Quel abruti ! »

Or une nuit

Que Rovelli

Tenait Lulu dans ses bras

Et l’embrassait, il lui demanda :

-« Dis-moi, Souris était-il bien…amoureux ? »

Elle lui rendit un baiser généreux :

-« Pas tant que toi, mon chéri.»

Flatté, Rovelli reprit :

-« Il devait être …godiche,…dis ? »

Lulu se pendit au cou de Louis

Qui de nouveau la questionna :

-« Il devait être godiche, et pas très…pas,

Comment dirais-je,…pas… habile ? »

-« Non, vraiment pas habile. »

-« Il devait bien t’ennuyer la nuit ? »

-« Oh ! Oui ! »

-« Quelle brute c’était ! »

-« Oui, ça n’a pas toujours été gai… »

-« Dis… »

-« Quoi ? »

-« Veux-tu être franche avec moi ? »

-« Mais oui, chéri. »

-« Est-ce que tu n’as jamais été tentée

De le…de le tromper

Cet imbécile de Souris ? »

-« Oh ! Mon ami ! »

-« Il avait une tête de cocu, Souris,

Cette andouille de Souris.

Tu en conviens, n’est-ce pas ? »

Et Rovelli ajouta :

-« Dire que j’aurais pu faire cocu, Souris !

Ce minable Souris, cet idiot de Souris.

Ah, oui !

Il en avait la tête. Ah, ça oui ! »

Lulu riait à en pleurer

Et poussait de drôles petits cris.

-« Oh ! Oui,… je l’ai trompé. »

-« Tu…tu…l’as…trompé…tout à fait ? »

-« Oui…tout à fait. »

Louis se sentit tellement saisi,

Qu’il se dressa et s’assit dans le lit.

Lulu comprit son erreur, mais trop tard

-« Et avec quel veinard ? »

-« Un jeune ami. »

-« Et quel ami,

S’il te plait, Lulu ? »

-« Je plaisantais, vois-tu. »

Louis la gifla

Et cria :

-« Voilà, tiens, tiens,

Voilà, gueuse, catin ! Catin ! »

Lulu pleurait et lui dit :

-« Écoute chéri, c’est faux, je t’ai menti. »

Dès ce moment, Louis l’a haïe :

…Elle avait trompé son ami Souris !


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