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Dans le grand cercle du monde de Joseph Boyden

Par Sylvie

CANADA

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Editions Albin Michel, 2014

De Joseph Boyden, je n'ai lu que très récemment son chef d'oeuvre Le chemin des âmes, premier roman datant de 2006 sur l'enrôlement de 2 indiens tireurs d'élite dans la Première Guerre Mondiale.

Son troisième opus m'a laissée quasiment "insensible" au début (630 pages...) puis on se familiarise finalement avec les personnages, avant d'assister à un final poignant dont on se souviens longtemps, je pense...

Ce roman allie le lyrisme traditionnel de Boyden et un souci naturaliste proche du documentaire. Boyden nous plonge dans le Canada du XVIIe siècle lorsque les français sous l'égide de Samuel de Champlain, commencent à évangéliser les territoires indiens...territoires que se disputent deux tribus ennemies, les Hurons et les Iroquois. Et le grand mérite de l'auteur est d'éviter tout manichéisme en opposant les gentils indiens et les méchants colons. Il s'attache plutôt à chacune de leur spiritualité, animisme et christianisme, à ce qu'elle provoque comme courage, comme violene...et comme curiosité mutuelle. Du côté français, ce n'est pas une possession du territoire que l'on veut, mais bien une possession des âmes. 

Le roman est choral et fait alterner trois voix : Oiseau, un chef huron ivre de vengeance depuis que sa femme et sa fille ont été tuées par les Iroquois ; Chutes-de-Neige, jeune fille iroquoise enlevée à son peuple par le même Oiseau pour se venger. Et enfin, Christophe "Corbeau", missionnaire jésuite venu évangéliser le peuple indien.

Les Hurons vont s'allier aux français pour lutter contre leurs iroquois ennemis mais personne n'en sortira indemne...

Boyden peint de magnifiques personnages que nous suivons pendant plusieurs années ; ces derniers, d'abord ennemis, finiront par se respecter tout en gardant leurs prérogatives. Cette grande fresque s'appuyant bien sûr sur des faits réels, mêle brillament l'intime et l'épique en analysant les conséquences de désastres collectifs (guerres, maladies, famines) sur un petit nombre de personnes.

A la beauté de la nature, répond la violence souvent insoutenable des hommes. Le tout transcendé par la spiritualité de chacun. Cette spiritualité qui anoblit chaque personnage pour en faire un héros généreux ou un martyre.

Au début, chaque voix est "ensablée" dans sa solitude, dans ses certitudes. Petit à petit, face aux désastres des guerres, les trois ennemis vont abandonner leurs préjugés.

C'est long, les personnages ne sont pas de suite attachants. Mais la lecture se mérite et les dernières phrases vous poursuivent bien après le dernier mot.

Pour aller plus loin sur les conflits hurons/iroquois, je vous conseille l'excellent article http://www.republiquelibre.org/cousture/IND.HTM

Roman indispensable pour comprendre l'origine de la nation canadienne.


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